Je fais assez confiance aux publications que dirige Eric
Fottorino pour penser que ce hors série de 90 pages irait au-delà de
la dénonciation facile des manipulations de Zemmour :
« Les juifs
étaient vus par l’Action Française comme trop facilement intégrables dans le contexte d’une République
« enjuivée » […]
Chez Zemmour, les
musulmans sont vus comme non assimilables. »
Quant aux références du polémiste au-delà d’un clip déjà oublié :
« Michelet avait
une vision progressiste de l’histoire. Il pensait que la France était le pays
de l’universel parce que sa personnalité, son intelligence collective marquée
par la dialectique, la lutte des contraires, faisaient qu’elle était toujours
en mouvement. »
Les historiens s’exprimant dans ce numéro ont quelques
divergences, que je trouve également justes :
« L’historien
lutte contre l’arrogance du présent »
« … libérons-nous
de l’illusion selon laquelle on pourrait puiser dans les exemples de
l’histoire, plutôt que dans les urgences du présent, la matière de nos choix
politiques. »
Pour être sur le déclin, les thèses déclinistes me touchent
parfois, sans m’amener toutefois au messianisme. Un des rédacteurs relie ces
deux pathologies constitutives de trumpisme, le « bullshiteur »,
stade avancé du menteur au « flatus
vocis » (flatulence vocale) de Cicéron». Pour avoir abusé de la photocopieuse en tant qu’instit’, piochant
dans divers livres d’histoire davantage pourvoyeurs de questions que
d’informations, je souscris aux propos de Patrick Boucheron :
« L’Histoire est
un art de l’émancipation.
La réduire aux manuels et aux programmes est un piège ».
Pourtant certains de ses confrères tout en dénonçant leur
lourdeur auxquels ils reprochent de ne pas assez parler de la
guerre d’Algérie ou des mutins de 1917, en appellent à sortir d’une vision trop
hexagonale, de quoi ajouter quelques pages ou plutôt quelques sites à
consulter.
J’ai appris de Pierre Nora, décrivant le passage de la
sacralisation de la résistance au désenchantement, à propos de Guy
Môquet que :
« Lors de son
arrestation, il portait des tracts expliquant que De Gaulle était le
« fruit de la City judaïsante de Londres ».
Je garderai le souvenir de sa dernière lettre.
« Je vais mourir
! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être
courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant
moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur,
c'est que ma mort serve à quelque chose. »