L’auteur de « La devise » aux « Solitaires
intempestifs » dialogue avec l’auteur du « Meilleur des amis » à
propos de la foi chrétienne.
Bégaudeau est athée bien que :
« Athée ne me va pas,
je déteste la gloriole sans risque de ceux qui brandissent cette étiquette
comme un coupe de vainqueur. Agnostique m’agace. Et croyant serait usurpé.
Sortirai-je un jour des limbes ? »
Bien des mots comme « spiritualité » sont examinés
avec exigence en 280 pages.
Lors de cet échange de lettres très riche, courtois, parfois
rude, l’amitié appelle la vérité et Sean Rose est plutôt charitable face au
passionné auteur de « L’amour » avec lequel je me suis rabiboché.
Tout commence par une histoire de transmission avec citation
de Kipling voisinant avec Pascal, Bernanos, Simone Weil et la bible, pour
aborder la grâce, l’incarnation, le vide, les larmes, la pauvreté, l’amour, les
rites…
« Si tu veux
rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux
menteurs d’un même front,
Si tu veux conserver
ton courage et ta tête
Quand tous les autres
les perdront…
Tu seras un homme mon fils. »
Parmi tant d’autres références de chanteurs, de cinéastes,
les exemples concrets ne manquent pas et puisque la littérature assure le pain
quotidien des deux confrères, il est question aussi de création :
« …lorsque je
parle de l’égo de l’auteur comme sève de son travail et partant d’une manière
de lyrisme, je préciserai que j’entends
ici le moi comme prisme plutôt que comme miroir. »
Il n’y a ni vainqueur ni vaincu mais un approfondissement de
leurs croyances perplexes.
« Peut-être qu’à
la fin les chants à la gloire de Jésus, notre Seigneur, notre tendre ami,
s’éteignent dans le néant glacé des tombeaux.»