Elle ne peut, à mes yeux, justifier un manque de conscience
professionnelle.
Cette provocation usuelle excitera au moins un bout de la
chronique de ce vendredi.
J’ai beau m’en défendre, passant du tout rose au trop noir,
je reviens sans cesse sur des périodes où il n’était pas besoin de procédure,
de consigne, de validation, pour s’occuper d’un patient, d’un client, d’un
élève. Tout ne se monnayait pas.
La prudence des individus, leur modestie, le respect
permettaient la confiance qu’il n’y avait pas lieu de solliciter, puisqu’elle
allait de soi. On pouvait grandir : le nourrisson n’était pas le
chef, ni le vieux, un indésirable.
D’avoir tellement chanté sur les boulevards : « la hiérarchie c’est comme les
étagères, plus c’est haut, moins ça sert » me dispense de souhaiter de
pyramidales organisations.
Mais de l’indifférenciation sont nées tant de rogues
assurances, d’agressifs et définitifs avis, qu’il y a de quoi rester coi.
Il n’y a pas que les paysans ou les policiers qui se
suicident : un instit vient de se pendre en forêt de Montmorency suite à
une plainte de « violence aggravée sur mineur » pour avoir contraint
un élève à descendre d’un escalier où il gênait le passage. Je n’arrivais pas à
croire cette information apprise sur Facebook, puisque cela n’avait pas été
confirmé au moment de l’évènement par quelque intermittent de l’indignation, ni
trouvé place dans les chroniques drolatiques des radios. A se prémunir de la
moindre égratignure on verse à la fosse commune des tas de consciencieux. Pas
de vague, il n’était pas revêtu d’un gilet jaune.
La judiciarisation peut être assassine, ce collègue
approchait d’une fin de carrière irréprochable.
Les vues sont bien courtes qui pensent qu’une augmentation résoudrait
les problèmes de l’ Education Nationale, quand c’est l’acte d’enseigner qui est
miné, les valeurs érodées, le respect envolé.
Le réflexe corporatiste a entrouvert pour moi la carapace
indispensable face au flot des nouvelles accablantes, d’autant plus que le
silence l’a accompagné, Benalla n’étant pour rien dans cette affaire.
Comment peut-on avancer ensemble, si nous nous méfions sans
cesse de ce que nous avons dans nos assiettes, à côté de nous, au dessus et en
dessous, si nous énonçons des procès d’intention à la moindre décision, si
au-delà des désaccords nous ne savons pas reconnaître la capacité de travail du
Président et son énergie?
Bien que s’empilant sur d’autres formules destinées au
panier, la remarque de J. F. Kennedy pourrait rassurer si nous n’étions hémiplégiques :
« En chinois, le mot crise est formé de deux caractères.
L’un représente le
danger. L’autre l’opportunité. »
Nous tremblons, vitupérons, tournons en rond, je choisirai
cette fois une citation en matière économique dans le journal « Le
Monde » :
« Les difficultés
d’embauche des entreprises montrent que notre économie est surtout confrontée à
un problème d’offre, caractérisée notamment par une inadéquation entre la
main-d’œuvre disponible et les besoins réels des entreprises. La population
active française pâtit de la faiblesse des compétences, qui nécessite des
efforts de long terme pour améliorer notre système éducatif et de
formation. »