jeudi 28 mars 2019

Oscar Niemeyer (1907-2012). Benoît Dusart.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble s’est attaché à nous faire mieux connaître Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares, l’auteur de 600 édifices qui a « tropicalisé l’architecture moderne ».
Parmi les patronymes de sa bonne famille carioca, il a choisi comme signature, le nom de sa grand-mère d'origine allemande
Aidé par ses parents, à l’issue de ses études, il a rejoint le cabinet prestigieux de Lucio Costa, connaissant bien le patrimoine brésilien tout en étant ouvert à la modernité. Joachim Cardoso, ingénieur de structure pourra concrétiser les esquisses du jeune homme prometteur.
Sa rencontre avec Juscelino Kubitschek, maire de Belo Horizonte avant de devenir président de la République de 1956 à 1961, sera déterminante : il lui confiera la construction de Brasilia, symbole de la jeune démocratie. Adhérent du parti communiste, et victime de brimades, du temps de la dictature des militaires, Niemeyer reviendra d’un exil passé en France, en 80, avant  leur départ en 85, dans sa maison « Atlantico »  dite « Mae West » pour ses formes arrondies.
Il meurt à 105 ans. Son héritage n’est pas valorisé à sa juste mesure, une de ses petites filles et sa deuxième femme s’opposant par fondations interposées.
Comme il ne convient plus de dire «  style » dans les écoles d’architecture, quel est son vocabulaire ?
Ce sont les volumes puristes qui doivent à Le Corbusier rencontré en 1936 : parallélépipèdes ou cylindres « Barra da Tijuca »
«Seule m’attire la courbe libre et sensuelle de la nature, la courbe des montagnes, des vagues de la mer, des nuages du ciel, du corps de la femme préférée».
Courbes complexes de la « Catedral Cristo Rei » à Belo Horizonte.
Ne « séparant pas comme les escaliers », alors que l’automobile fascinait, ses rampes qui « relient » s’entrelacent souvent avec virtuosité au " Pavilhão Cicillo Matarazzo, antigo Palácio das Indústrias"
Comme le disait Perret « il faut faire chanter les points d’appui », ainsi fut fait sous son voile de béton, pour la « Chapelle ND de Fatima ».
Des pilotis élancés sous le « Ministère de l’éducation »  assurent une ventilation préservant de la chaleur.
La rythmique est musicale pour le « Siège des éditions Mondadori »
et le porte-à-faux audacieux au « Palazzo della Fata » à Turin.
La palette des couleurs est vive au « Centre culturel des Asturies ».
A Pampulha, il avait pu faire apprécier son potentiel autour d’un lac artificiel avec restaurant, casino, salle de bal, Yacht Club « Eglise São Francisco de Assis », bien que ce « hangar de Dieu » ne fût pas forcément apprécié de tous les fidèles.
Pour le « Siège de l’ONU », il avait pris l’ascendant sur Le Corbusier, à qui il va proposer un mix de leurs deux projets.
Sa «  Casa de Canoas » n’était pas reproductible comme le regrettait Gropius à qui il la fit visiter, elle est adaptée au terrain accidenté, , ménageant transparence et intimité avec une fluidité où des débordements amènent l’ombre.
Le photographe Marcel Gautherot mettra en évidence la beauté des formes de Brasilia dont les choix d’urbanisme séparant les fonctions de la capitale n’avaient pas anticipé les embouteillages qui s’en suivraient.
Les escaliers du « Ministère des affaires étrangères » sont majestueux,
les jardins suspendus du « Ministère de l’éducation » de son ami Robert Burle Marx avec leurs essences locales, remarquables.
Le chantier de la « Cathédrale Notre-Dame d'Aparecida » fut long et chaotique ; le résultat époustouflant : l’entrée du bâtiment est souterraine, l’intérieur d’une luminosité miraculeuse.
Il en est de même pour le « Siège du parti communiste Français » où une coupole recouvre la salle du comité central, fermée par des portes à vérins, au plafond éblouissant.
L’acoustique de la « Maison de la culture du Havre » baptisée du nom d’André Malraux qui avait permis à l’étranger d’exercer son métier en France, a dû être améliorée, car pour l’inauguration, elle était déplorable.
Alors que ses engagements auraient pu l’amener prioritairement vers des constructions de logements sociaux, il a conçu dans ce domaine seulement 500 bâtiments dupliqués pour des centres éducatifs. 
L’« Université de Constantine »  a marqué l’ambition de l’Algérie après son indépendance.
Le musée de Curitiba qui lui a été consacré de son vivant rebaptisé « l’œil » est aussi le «NovoMuseu», éternellement nouveau.
« Je le situe dans le sillage des autres monuments du XXe siècle : Charlie Chaplin et Pablo Picasso. Chacun d'entre eux a contribué à élever l'homme de notre temps, à le préserver de la peur qui règne en ce monde. " Jorge Amado


1 commentaire:

  1. Ah bon, comme ça j'apprends que la dictature des bien pensants nous interdit d'employer le mot "style", maintenant ?
    Certainement ce sont les mêmes... qui chouinent tout le temps en parlant de risques totalitaires, et blablabla. Les mêmes au pouvoir depuis pas mal de temps, toutes tendances CONFONDUES...
    Un dénominateur commun dans toutes les constructions (qui ont de belles formes), c'est le béton, plaie de notre modernité. De même que nos dieux nous plaisaient plus quand ils étaient en argile, nos bâtiments nous plaisaient plus quand ils étaient... en pierre. Pierre ou autre matière.. NOBLE, mais béton ? pitié.

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