vendredi 29 mars 2019

« Pour ce qu’on est payé ! »

« Pour ce qu’on est payé ! » L’expression marque-t-elle entre coups de griffe et autres graffitis, nos temps insolents et désinvoltes, quand la suffisance n’est pas que le fait des premiers de cordée ?
Elle ne peut, à mes yeux, justifier un manque de conscience professionnelle.
Cette provocation usuelle excitera au moins un bout de la chronique de ce vendredi.
J’ai beau m’en défendre, passant du tout rose au trop noir, je reviens sans cesse sur des périodes où il n’était pas besoin de procédure, de consigne, de validation, pour s’occuper d’un patient, d’un client, d’un élève. Tout ne se monnayait pas.
La prudence des individus, leur modestie, le respect permettaient la confiance qu’il n’y avait pas lieu de solliciter, puisqu’elle allait de soi. On pouvait grandir : le nourrisson n’était pas le chef,  ni le vieux, un indésirable.
D’avoir tellement chanté sur les boulevards : «  la hiérarchie c’est comme les étagères, plus c’est haut, moins ça sert » me dispense de souhaiter de pyramidales organisations.
Mais de l’indifférenciation sont nées tant de rogues assurances, d’agressifs et définitifs avis, qu’il y a de quoi rester coi.
Il n’y a pas que les paysans ou les policiers qui se suicident : un instit vient de se pendre en forêt de Montmorency suite à une plainte de « violence aggravée sur mineur » pour avoir contraint un élève à descendre d’un escalier où il gênait le passage. Je n’arrivais pas à croire cette information apprise sur Facebook, puisque cela n’avait pas été confirmé au moment de l’évènement par quelque intermittent de l’indignation, ni trouvé place dans les chroniques drolatiques des radios. A se prémunir de la moindre égratignure on verse à la fosse commune des tas de consciencieux. Pas de vague, il n’était pas revêtu d’un gilet jaune.
La judiciarisation peut être assassine, ce collègue approchait d’une fin de carrière irréprochable.
Les vues sont bien courtes qui pensent qu’une augmentation résoudrait les problèmes de l’ Education Nationale, quand c’est l’acte d’enseigner qui est miné, les valeurs érodées, le respect envolé.
Le réflexe corporatiste a entrouvert pour moi la carapace indispensable face au flot des nouvelles accablantes, d’autant plus que le silence l’a accompagné, Benalla n’étant pour rien dans cette affaire.
Comment peut-on avancer ensemble, si nous nous méfions sans cesse de ce que nous avons dans nos assiettes, à côté de nous, au dessus et en dessous, si nous énonçons des procès d’intention à la moindre décision, si au-delà des désaccords nous ne savons pas reconnaître la capacité de travail du Président et son énergie?
Bien que s’empilant sur d’autres formules destinées au panier, la remarque de J. F. Kennedy pourrait rassurer si nous n’étions hémiplégiques :
 « En chinois, le mot crise est formé de deux caractères.
L’un représente le danger. L’autre l’opportunité. »
Nous tremblons, vitupérons, tournons en rond, je choisirai cette fois une citation en matière économique dans le journal « Le Monde » :
« Les difficultés d’embauche des entreprises montrent que notre économie est surtout confrontée à un problème d’offre, caractérisée notamment par une inadéquation entre la main-d’œuvre disponible et les besoins réels des entreprises. La population active française pâtit de la faiblesse des compétences, qui nécessite des efforts de long terme pour améliorer notre système éducatif et de formation. »

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