Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble ne
manquait pas de tableaux et de sculptures de toutes les époques pour illustrer un
voyage dans la généalogie compliquée des dieux et de quelques mortels tels
qu’ils vécurent librement en Grèce et à Rome, quand mytho : « récit
d’incursions dans l’au-delà », n’était pas une insulte de cours de
récréation.
Zeus (G) ou « Jupiter (R) stator » qui
eut tant de maîtresses, est le maître des autres dieux, il gouverne terre et
ciel et les êtres vivants. Accompagné de l’aigle, il porte le foudre
représentant la foudre.
Le paon est l’oiseau fétiche de sa femme, qui se trouve être
aussi sa sœur, Junon la romaine (R), Hera pour les grecs (G). Il lui arrive de
se plaindre dans une fable de La fontaine et sur cette aquarelle de Gustave Moreau.
Dans le palais Farnèse, siège de l’ambassade de France à
Rome, la voûte d’une vaste galerie peinte par les frères Carache est dévolue aux amours
des Dieux inspirées des « Métamorphoses »
d’Ovide. Jupiter y est représenté en « amoureux de Junon », un
moment rare.
L’adaptation par le graveur JJ Coiny dans « Le
recueil des postures érotiques » avec d’autres personnages
mythologiques comme prétexte, circula sous les manteaux.
Junon passe son temps à se venger des infidélités de son
mari, elle est la protectrice du mariage.
Pour mener ses aventures extra conjugales, Zeus se
métamorphose en taureau blanc lors de « l’enlèvement d’Europe ».
Je choisis Vallotton
plutôt que Le Titien, incontournable des scènes mythologiques, pour illustrer
l’épisode se terminant en Crète sous un platane qui depuis ne perdra plus ses
feuilles.
La belle Léda (G) était mariée au roi de Sparte ; le
Dieu des Dieux se fait alors cygne pour la séduire. Depuis la « mosaïque
du sanctuaire d'Aphrodite » à Chypre, ce couple est souvent représenté : Rubens
d’après un prototype de Michel Ange
ou Dali qui
met Gala en scène pour une « Léda
atomica » dans sa période de « mysticisme
corpusculaire ». Des deux œufs issus de cette rencontre viennent au monde,
Hélène et Pollux dans l’un et Clytemnestre et Castor dans l’autre.
Pontormo,
un maniériste, représente la petite
famille de « Léda et le cygne ».
Danaé (G) a beau être enfermée par son père Acrisios
afin qu’elle reste vierge, car celui-ci veut éviter l’oracle prévoyant sa mort donnée par son petit fils, l’amoureux suprême
se transforme cette fois en nuage pour passer sous la porte close et déverser
une pluie d’or.
Le Tintoret comme Vélasquez ou Tiépolo joueront avec la
mythologie, Klimt
sublime élégamment la belle « Danaé ».
Le père qui devait être tué le sera : le destin est plus puissant que la
volonté des Dieux.
Pour venir à bout de la sublime nymphe Callisto, suivante de
Diane, Jupiter se transforme en Diane, le tableau de Rubens
s’intitule « Jupiter et Callisto ». N’étant plus vierge comme
elle en avait fait le vœu, elle est changée en ours par Junon, et tuée puis
métamorphosée en Grande Ourse, la
constellation, par Jupiter lui-même.
Le pauvre « Actéon » qui a
vu Diane nue comme le saisit Le Titien, est lui transformé en cerf et dévoré par ses chiens.
Vénus (R) Aphrodite(G), déesse de la beauté est mariée au
plus laid : Vulcain (R) Ephaïstos (G). Vélasquez le représente dans sa forge, entouré
de ses cyclopes très à l’espagnole quand Apollon, peint à l’italienne, lui
révèle une des infidélités de Vénus avec Mars.
Cette comédie est présente
chez Le Tintoret avec « Mars et Vénus
surpris par Vulcain » car comme le disait Offenbach la
déesse faisait « cascader la vertu ».
« La naissance de Vénus » peint
par Cabanel
fut le succès du salon de 1863. Zola pour avoir écrit qu’il s’agissait de
« l’eunuque de la peinture » en perdit sa place, l’année où « Le
déjeuner sur l’herbe » de Manet faisait scandale.
Adonis, un des amants dont Vénus est éprise, meurt à la
chasse et de son sang mêlé à une larme de la déesse nait l’anémone. Véronèse
les saisit avant le fatal moment: « Vénus et Adonis dormant »
Le cyprès lui, provient de Cyparissos qui a souhaité mourir
après avoir tué son cerf favori et demandé aux dieux de verser des larmes
éternelles.
Tant de mutations, de mouvements, de poésie, et que de rapts !
Le plus beau des mortels, Ganymède, amant de Zeus devient
l’échanson des dieux. Le Corrège avait traité l’ « Enlèvement
de Ganymède » que Pierre et Gilles ont interprété tout
récemment.
Pluton (R), Adès (G), frappé par une flèche de Cupidon
enlève Proserpine(R) Perséphone (G).
La main du dieu des enfers sur la peau de la
fille de Cérès (R), Déméter (G) par Le Bernin http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/03/lextase-des-dieux-grecs-nos-dieux-du.html
est un sommet du baroque et un
épisode d’une belle légende qui explique le cycle des saisons : pendant
six mois elle restera au royaume des ombres et reviendra avec sa mère
nourricière le reste de l’année.
« Cupidon » (R), Eros (G) fils de Vénus et de Mars,
facétieux archer, préside toujours au sort des hommes. Peint par Bouguereau
le monstre est bien séduisant et tellement humain.