Jacqueline Bouvier devient une Kennedy lorsqu’elle est
aspergée du sang du président et alors elle va assurer pour elle et pour
l’Histoire un deuil digne. Mais une part de mystère de la femme élégante et
courageuse demeure, et c’est bien ainsi.
Le récit de la préparation de la cérémonie des adieux à
Kennedy par le réalisateur du biopic de Neruda n’apporte pas de révélations
nouvelles. C’est comme si on retrouvait un numéro de Paris Match de 1963 et
qu’on relise l’article accompagnant les photographies restées floues pour
l’éternité : nous replongeons dans une violence qui dure depuis si
longtemps quand la mort guettait à bien des fenêtres.
Les secrets persistants autour du meurtre de Dallas ne sont
pas traités ici. Le fil scénaristique est
tenu par un journaliste interviewant la subtile veuve huit jours après
le drame. Ses interrogations, les sincérités successives de la jeune femme,
laissent entrevoir, ce qu’il y a lieu de retenir ou pas, au moment où les
divulgations de la vie privée en politique pointaient leur nez.
De Michelle Obama à Melania Trump en passant par Trierweiler, nous
reviennent quelques noms, puisqu’il il est question de « première dame »
et nous mesurons les distances. Nous sommes amenés à réexaminer aussi nos rapports
aux secrets que nous ne dédaignons pas quand nous avons plus volontiers retenu
« Happy birthday Mister président » que la crise de Cuba, même si les
cris de la fillette de Mỹ Lai, cinq ans après se sont superposés aux
malheurs de cette femme qui perdit deux enfants.
John-John, le petit garçon de trois ans qui
donnait la main à sa maman dans ces moments, s’est tué dans un accident d’avion
en 2000.
Au milieu du fracas, elle écoute un fois encore « Camelot »,
la comédie musicale :
« Si
jamais je devais vous quitter
Cela ne serait en été.
Vous voyant en été, je ne pourrais jamais m'en aller. »
Cela ne serait en été.
Vous voyant en été, je ne pourrais jamais m'en aller. »
Cette innocence à jamais envolée souligne la tragédie, elle
a mis de côté le tailleur rose taché
pour prendre un voile noir fort seyant : la légende nous est
nécessaire.
L'année dernière j'ai acheté "Camelot" en DVD, puis ai commencé à le regarder avec mon mari.
RépondreSupprimerC'est fou combien ce monde là est loin de nous, et en si peu de temps, il me semble.
Je me souviens... quand "Camelot" me faisait rêver aussi, et la chanson que tu cites, tout particulièrement.
Dans le fond, cette chanson doit reprendre les thèmes de la poésie lyrique depuis l'Antiquité : le carpe diem, la grâce et la beauté des (jeunes...) femmes qui inspirent les hommes.
C'était un autre monde.