La réalisatrice chinoise
a vécu 4 ans dans une réserve indienne du Dakota du sud. Elle va
s’inspirer d’une réalité âpre pour construire une fiction où le spectateur peut
se désespérer de voir , d’après Sitting Bull, une septième génération devant
libérer le peuple indien, mal partie pour assumer l’héritage dans les vapeurs
hashischennes et les alcools en tout genre. Par une de ses grimaces de
l’histoire, la réserve est sous le régime de la prohibition générant tant de
trafics et ne favorisant nullement la sobriété. Les familles sont explosées. La
prison est un lieu aussi central que
l’église, avec la même inefficacité. Les paysages ont beau être beaux, quel
avenir ? Encore une fois la fille semble la plus solide. Ces indiens bien
loin des clichés enfantins portent le chapeau de cow-boy, font du rodéo et
jouent au football américain, roulent en pickup bien avant l’âge légal, c’est
que les jeunes doivent assumer plus jeunes qu’eux. Les adultes absents ne
peuvent guère assurer cette transmission que laisse entendre le titre.
Passionnant, même si les figurines ont perdu leurs plumes.
lundi 14 septembre 2015
dimanche 13 septembre 2015
Comme vider la mer avec une cuiller. Yannick Jaulin.
Le conteur de Pougne-Hérisson (Vendée) joue avec les accents
sous un titre qui vient de Nietzsche :
« Comment avons-nous pu vider la mer?
Qui nous a donné l'éponge pour effacer
l'horizon tout entier? »
Si Yannick Jaulin
enchaine les citations d’emblée dans une salle encore éclairée, il reste
lui-même.
Il n’a pas prononcé la phrase : « Au commencement était le verbe » mais celle-ci a
résonné pour moi tout au long du spectacle. C’est la moindre des choses pour un
diseur qui pose rien moins que la question du sens de nos vies, avec la phrase
complète qui annonce
« le
Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ». Et ce besoin de
croire.
Ce sera du lourd, traité avec un humour qui ne masque pas la
profondeur.
D’une ambition folle et d’une proximité émouvante, il
rebrasse les grands récits collectifs des trois religions du livre, nous donne
des aperçus de son érudition et de sa fantaisie ; son histoire personnelle
très présente rencontrant l’universel.
Il évoque aussi des contes et légendes contenus dans l’Histoire, transmis dans l’école de jadis, développe une réflexion foisonnante à partir de « L’annonciation » de Fra Angelico qui est bien plus qu’une version amusante d’une PMA (procréation médicalement assistée), elle annonce la Renaissance.
Il évoque aussi des contes et légendes contenus dans l’Histoire, transmis dans l’école de jadis, développe une réflexion foisonnante à partir de « L’annonciation » de Fra Angelico qui est bien plus qu’une version amusante d’une PMA (procréation médicalement assistée), elle annonce la Renaissance.
Il reprend, parmi tant d’autres, cette fable attribuée à
Péguy, dont je ne sais plus où je l’avais entendue et qui dit tant de choses
sur la conscience professionnelle, notre place dans la société, du sens de nos
vies.
«Il s’agit de trois
casseurs des cailloux :
Au premier :
- Que faites-vous,
Monsieur ?
- Vous voyez
bien, lui répond l’homme, je casse des pierres. J’ai mal au dos, j’ai
soif, j’ai faim. Mais je n’ai trouvé que ce travail pénible et stupide.
Au second :
- Que faites-vous,
Monsieur ?
- Je suis casseur
de pierre. C’est un travail dur, vous savez, mais il me permet de nourrir
ma femme et mes enfants. Et puis allons bon, je suis au grand air, il y a sans
doute des situations pire que la mienne.
Au troisième :
- Que
faites-vous ?
- Moi, répond l’homme,
je bâtis une cathédrale ! »
Tout est là.
Une comparse joue du violon, lui s’exprime en nous tournant
le dos parfois, carrément dans le noir ou bien apparaissant dans une belle lumière, il
nous parle personnellement et nous fait rire, chante du Bob Marley.
Je reviendrai au théâtre pour des rencontres comme celle de ce soir là.
Je reviendrai au théâtre pour des rencontres comme celle de ce soir là.
samedi 12 septembre 2015
La fin du village. Jean Pierre Le Goff.
Quand l’auteur de « La Barbarie douce »
parle de Cadenet dans le Lubéron, c’est d’une nation dont il est question, en
tous cas ses riches descriptions peuvent s’appliquer par exemple à l’évolution
de mon village, Le Pin, dans le bas Dauphiné, telle que je l’ai perçue de mon enfance
à ma vieillesse, bien que l’auteur eut relevé qu’il y aurait pas loin d’ici un terme
imprononçable.
Comme il a fustigé le sabir éducation nationale mimant celui
de l’entreprise, il se garde d’employer les mots savants de la sociologie, sans
entamer la rigueur de son approche.
Depuis les vocables employés dans les documents du Parc du
Lubéron, ceux de la crèche « Lou calinous », dans les mots de
l’animateur jeunesse, ou ceux du directeur de la maison de retraite, la
préciosité de la communication accuse la fracture entre les professionnels-de-la-profession
et ceux qu’ils regardent de haut en abusant du terme « citoyens » qui
s’est dilué dans tant de sauces.
Son essai de près de 600 pages se lit comme un roman.
L’étude chaleureuse débute au « Bar des boules »,
témoin des chambardements d’une communauté. Elle remonte l’histoire d’un pays
de vanniers et de paysans et interroge la transmission des mémoires.
Le village qui a toujours voté communiste et entretient un
solide anticléricalisme depuis les temps où les vaudois réfugiés et persécutés
au XVI° siècle s’y sont installés, a connu l’arrivée des soixantehuitards, puis
des citadins.
A travers une centaine d’entretiens avec des « cultureux »,
des enseignants, des pompiers, des chasseurs, des enfants de harkis, des
touristes, des riches étrangers, des « déglingués », des prêtres dont
celui qui « a fait le don de son foie à l’église », des anciens et
des nouveaux, il retrace le basculement d’une civilisation.
«En un quart de
siècle, Cadenet est entré tant bien que mal dans un nouveau monde où s’est
effacée son ancienne identité. On peut y voir à juste titre un phénomène
d’urbanisation et de modernisation qui a libéré les individus des contraintes pesant
sur les anciennes communautés d’appartenance, la fin d’un monde clos et
« du chauvinisme de clocher ». Pour autant, cette évolution s’est
payée d’une dissolution du lien collectif entrainant l’individualisme vers les
horizons d’une « postmodernité » problématique ».
Dans ce village devenu « bourg dans une zone
périurbaine », les autochtones de plus en plus minoritaires sont
nostalgiques. Ce sentiment est nourri de quelques images désormais factices qui conviennent aux nouveaux arrivants pressés
et aux touristes.
vendredi 11 septembre 2015
Le Postillon. Eté 2015. N° 31.
Je les trouvais excessifs, les rédacteurs libertaires très critiques
vis-à-vis des technologies, nouvelles
idoles, divinisées particulièrement dans le bassin Grenoblois et puis
finalement je reconnais leur utilité, dans leur méfiance récurrente, tant les
unanimités sont stérilisantes.
Cela vaut autant pour l’inflation des communicants au pays
des ingénieurs que la révérence parisienne envers la nouvelle municipalité à
propos de laquelle une de ses supportrices porte ce jugement :
« Notre diversité,
nos pratiques voire notre « amateurisme »… ont été l’expression de notre
slogan « Grenoble, une ville pour tous ». Ce processus
d’invention s’est tout d’un coup figé en se confrontant à la gestion où la
prudence confine souvent à l’immobilisme, quand ce n’est pas au conservatisme…
Il faut le réanimer. Par exemple, en utilisant comme pendant la campagne nos
différences, nos désaccords non comme des freins mais comme des moteurs. S’il y
a des votes contre c’est très bien ; ça fait du débat public. »
Mais la contradiction n’est pas toujours bien vécue, et je
connais pas mal de mes amis aux gencives
agacées par la contestataire feuille de choux trimestrielle crachotante.
Cet été tout y passe : retour sur la fête des tuiles,
Safar et Destot ne sont pas oubliés alors que se confirme dans le viseur Amélie
Girerd, bras droit cumulard de Vallini.
« La
Chaufferie » et « Le Ciel », salles où se produisent des musiciens connaissent
des problèmes de subventions mais leurs activités en baisse peuvent expliquer
des mesures d'économie.
Une interview de maître Ronald Gallo avocat vedette du
barreau grenoblois va au-delà de la connaissance d’une forte personnalité en
apportant un regard pertinent concernant les problèmes généraux de la
délinquance.
Et le compte rendu de quelques audiences au palais de justice
est toujours intéressant.
Le reportage en vélo du côté du tunnel du Chambon où la
route est coupée, agrémenté de citations de Stendhal est vivant, assaisonné de
réflexions concernant le développement, la notion d’activité sportive et
l’intérêt du génépi pour la connaissance des habitants de nos montagnes.
Une seule photo spectaculaire pour trop de dessins à
l’arrache, avec des textes difficilement lisibles, aux traits barbouillés, à
l’inspiration poussive, sauront-ils se renouveler en octobre ?
Genépi.
..........
J'ai essayé de copier la remarquable Bande dessinée de Zep parue sur son site mais l'image est trop petite: allez sur son blog ci-contre: "What a wonderful world"
jeudi 10 septembre 2015
Musée de l’imprimerie.
50 ans après sa création, le musée situé rue de la Poulaillerie à Lyon,
ajoute à son intitulé :
« et de la
communication graphique » pour dire qu’il ne s’agit pas seulement de
circuler parmi des caractères de plomb,
des plaques de cuivre, des pierres à lithographies, mais d’envisager aussi les
bouleversements récents.
Pourtant la minutie, la finesse, la patience, ici exposées ont
bien des attraits. A l’écart de la rue de la République, toute proche, nous sommes en cet hôtel de la Couronne, hors du temps et de sa sauvagerie, de ses régressions, parmi
les outils qui firent progresser l’humanisme.
Un jeune garçon qui
accompagnait ses parents en ce début juillet caniculaire aurait préféré
la piscine et pourtant il aurait pu se distraire avec quelques phrases
savoureuses de Rabelais à picorer dans un livre énorme, forcément.
Tiens, à propos de la dénomination « enfant » :
alors que notre société s‘infantilise de plus en plus, je suis frappé par les
commentateurs qui parlent de pré adolescents, voire d’ados pour des mômes de
11ans.
Toujours est-il que sont prévus pour les scolaires de riches
parcours, tels que « Liberté d’impression, liberté d’expression »,
une « Histoire de canards » ou « Pourquoi a-t-on inventé
l’italique, les guillemets et @ ? » Il y a également des cours de
calligraphie, de reliures, de fabrication de papier, des conférences :
« L’art en prétexte. Naissance de l’édition moderne au tournant des XIX°-
XX° siècles. »
L’exposition temporaire « le jardin des imprimeurs »
mettait joliment en scène des bois gravés, des gravures délicates, des
étiquettes charmantes, pour souligner le rôle éminent de la ville de Lyon dans
le domaine horticole au XIX° siècle ; il est vrai que dès le XV°, les
livres de botanique utiles aux médecins, aux herboristes, aux agronomes
fleurissaient déjà.
Parmi tant de livres, j’ai précisé mes synonymes : ce
qui désigne un volume vient de volumen (rouleau de papyrus) alors que le
codex est en parchemin, en peau.
Nous étions dans le thème après un passage chez la pétulante
roussette, Sylvie dont le café comptoir " Chez Sylvie" de la rue
Tupin, labélisé « Bouchon »
vaut le détour : bonne cuisine traditionnelle, mais pas que :
le tartare de saumon était délicieux et le service dynamique, le pot de Côte du
Rhône avait bon fond.
mercredi 9 septembre 2015
Mona Hatoum. Centre Pompidou.
Actuellement sont présentés à Beaubourg de froids « tableaux-reliefs »
de Gottfried Honegger et des photographies de mannequins de Valérie Belin dont
on se demande classiquement : elles sont en vrai ou en cire? Rien
de neuf.
Par contre les cents œuvres de Mona Atoum valent par leur
diversité, leur intensité, d’être partagées jusqu’au 28 septembre.
Installations, sculptures, photos, dessins, vidéos, ont
demandé pour beaucoup des collaborations tant la réalisation était parfois
minutieuse et acrobatique.
Une exposition qui redonne de la crédibilité et de l’attrait à l’art
contemporain qui souvent s’étourdit de mots et d’artificialité.
arte povera : présence de cheveux dans de nombreuses
réalisations,
Ce classement peut être dérangé et d’autres exemples
proposés : des mappemondes de toutes sortes sur tous supports, des
grenades en verre de Murano, dessin sur savon des territoires qui devaient être
restitués par Israël…
La puissance des performances n’est pas simulée et
l’authenticité de l’artiste anglaise d’origine palestinienne née à Beyrouth,
traverse toute ses œuvres, qu’elles soient dramatiques, déchirantes, humoristiques
ou simplement belles.
mardi 8 septembre 2015
Merci pour ce Mammouth. Jul.
Sixième volume de la série « Silex in the city »
qui en a vu d’autres
Cette fois péripéties autour d’un mariage de Rahan de la Pétaudière et Web
Dotcom qui génère : recherches en
généalogie remontant au-delà de Louis Silex, enterrement de vie de garçon,
emplettes pour les femelles, et même voyage vers « Darwinsalem, la ville
trois fois singe » avec passage au pied du « fémur des
lamentations ».
C’est que fusent les jeux de mots dans le registre Jean
Poulpe II, Abilis Holiday, Lascaux de Gama…
Mais le moment de découverte est passé et l’accumulation de
Darwin Coperfield, Carnivore Adamo… parait parfois tirée par la tignasse.
Même si la rominidée connue au « réseau évolution sans
frontières » délivre des prédictions « au tarot darwinatoire »
originales et si les discussions s’animent autour des « Glaciations
dangereuses » de Choderlos de Lascaux qui dépassent le militant de
l’évolution durable peu enclin à apprécier des « romans épistolaires
d’avant l’invention de l’écriture ».
Le titre qui évoque un certain moment, n’a rien à voir avec
Bactérie Trierweiller.
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