Au centre figurait une fillette montant avec légèreté un
escalier sur lequel était cité aussi un célèbre gisant comme ceux qui avaient
été collés par l’artiste en 71 sur les escaliers du Sacré Cœur pour commémorer
le centenaire de la Commune
de Paris.
Ce travail venait après une campagne d’affichage beaucoup
plus éphémère concernant les conditions de travail en 1975 dans le cadre d’un
atelier collectif à la maison de la
Culture dirigée alors par Catherine Tasca où il était
question aussi de Maïakovski. Le jeune comédien qui avait servi de modèle pour l’affiche
sur « les agressions subies par le corps au travail » est mort
asphyxié par un chauffage défectueux. jeudi 27 mars 2014
Ernest Pignon Ernest à Grenoble.
La fresque réalisée en 1976 pour la bourse du travail qui
venait de déménager aux abords de Grand Place a tenu 25 ans. Elle rassemblait
des affiches qui ont marqué l’histoire des luttes dans la région, mémoire
ouvrière inscrite sur les murs d’un bâtiment qui maintenait ainsi son rôle
initial de transmission, d’éducation.
mercredi 26 mars 2014
Trois jours à Marseille.
La formule de
location Airbnb est excellente : notre emplacement à côté de la gare de la Blancarde
nous assurait le calme et la proximité du centre ville pour un prix raisonnable.
J 1 :
Nous nous posons sans encombres au parking du MuCEM là où la
deuxième ville de France se métamorphose et nous nous dirigeons vers le vieux port incontournable qui oblige
les photographes
avec « l’ombrière » de Norman Foster et son immense
miroir au plafond sous un toit élevé, sans toutefois renoncer aux clichés du
petit marché aux poissons.
J’ai connu des accumulations d’ex-voto plus émouvantes que
celles de « La bonne mère » mais le point de vue qui se mérite
est grandiose depuis Notre dame de la Garde.
Avec un repas de midi au bout de l’avenue du Prado en face de la mer, nous sommes ailleurs, bien reçus, sans coup de fusil dans un restau italien.
Le Musée d’art contemporain étant fermé, nous profitons du
Château du parc Borely rénové qui
accueille les arts décoratifs : faïences, tissus, verreries bien mis en
valeur.
En soirée nous vadrouillons dans le quartier de La plaine, vers le cours
« Ju », Julien, où un large choix de possibilités de restauration
nous est offert. En ce début novembre nous optons pour une terrasse.
J 2 :
Par le métro nous retournons sur le Vieux port et suivons le
circuit proposé par Lonely Planet dans le quartier du Panier, le plus vieux quartier de France qui porte le nom d’une
ancienne auberge. Les rues qui ont inspiré les décors de« Plus belle la
vie » montent et descendent avec des églises au bout ou d’anciens hôpitaux.
Celui de la Vieille Charité qui
accueillait les mendiants au XVII° est remarquable et abrite sur trois niveaux
de galeries, des collections d’art amérindiens et océaniens qui valent de s’y attarder, bien que quelques salles
soient fermées.
Nous mangeons chinois rue de la république avant d’aller au FRAC à la Joliette qui proposait dans un bâtiment original
des expositions excitantes déjà décrites sur ce blog dans les archives beaux
arts.
Ainsi que le MuCEM http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/10/le-mucem.htmldont l’architecture avec sa résille de béton est vraiment belle, les
collections bien conçues et la situation magnifique au coucher du soleil. Alors
que l’OM venait de perdre contre Reims au vélodrome.
Après un tour cours Belsunce
aux alentours de La Canebière, là ou
poussait le chanvre (canebé en provençal), sur la Place aux huiles: bouillabaisse ou
aioli ; on n’allait pas commander un gratin dauphinois.
J 3 :
Au marché qui s’installe à Noailles, nous prenons un
petit café sur une des places où les chibanis sont habillés en dimanche, avant
d’aller au musée Cantini, gratuit le
dimanche matin. Tous les courants de la peinture du XX° sont représentés,
l’expo temporaire était réservée au régional de l’étape : César.
Nous faisons la queue avant d’entrer dans l’enceinte du fort Saint Jean, où de petites
expositions concernant les marionnettes et le cirque ne nous retiennent pas
trop longtemps, avant de revenir au J4 à l'intérieur du MuCEM qui nous aimante vers une exposition
temporaire consacrée cette fois au « bazar du genre », sans surprise.Nous sommes repus mais pas au point de ne pas apprécier les poissons rue Saint Saens.
mardi 25 mars 2014
Une si jolie petite guerre. Marcelino Truong.
Saïgon 1961-63 :
chronique familiale et documentaire en 270 pages au moment où Kennedy renforce
la présence US (15 000 « conseillers » militaires) au Viet Nam.
Le père de l’auteur est alors traducteur au service de Diem
le président impopulaire de la république du sud, la mère d’origine bretonne
connait des troubles psychologiques, les deux petits garçons jouent à la guerre
sous les yeux de la grande sœur.
L’imbrication du récit privé et de l’histoire dans ses
moments les plus paroxystiques est toujours intéressante, en apportant un
éclairage nouveau, alternant les espiègleries et les drames.
Une petite sœur Anh Noël arrive dans cette famille mixte où
les petits font combattre des grillons et assistent depuis leur balcon à une
attaque sur le palais présidentiel de deux avions de la propre armée du
président, une immolation de bonze crée un embouteillage…
Alors que l’auteur au trait efficace donne le chiffre de
50 000 soldats américains morts (sur les 8 700 000 ayant
participé au conflit) parmi des millions de morts civils et militaires,
Wikipédia nous renseigne : « un
million de combattants et quatre millions de civils avaient été tués durant la
guerre ».
lundi 24 mars 2014
Quelques heures de printemps. Stéphane Brizé.
Je n’avais pu suivre mes copines qui m’avaient
chaleureusement recommandé ce film quand il est sorti en 2012, alors quand j’ai
pu le voir à la télévision, j’ai compris leurs émotions.
Lindon sort de prison et revient habiter chez sa mère
malade qui a décidé de se suicider en
Suisse.
A résumer ainsi
cela préparerait à quelques dossiers de
l’écran : « Euthanasie et réinsertion » quand la télé faisait de
la pédagogie, mais le cinéaste nous emmène bien plus loin : quand nous
nous interrogeons sur le sens de la vie.
Cette femme atteinte d’un cancer s’aggravant malgré les
traitements, qui a vu souffrir son mari au caractère impossible, veut choisir
sa mort à défaut d’avoir choisi sa vie.
Et le retour du fils également rigide et taiseux, plein de
colère dans une maison trop rangée est magistralement interprété et filmé.
Les objets : la cafetière, la gazinière, les
gestes : une main qui enlève les miettes sur la toile cirée, le chien,
tout contribue à une densité émouvante. Film délicat et juste.
Seul le titre laissant croire à une parenthèse lumineuse ne
me semble pas le plus adéquat, quand la mort seule apaise après une existence
où chacun est passé à côté des autres en ne les rencontrant que furtivement ou
trop tard.
dimanche 23 mars 2014
Les amants parallèles. Vincent Delerm.
Délicates, frêles, légères, les paroles s’envolent, le temps
a passé, les cheveux sont devenus blancs. Le piano est « préparé »,
arrangé, et la voix du quadra aussi qui a perdu ses « œu » trainants,
de quoi éloigner les dénigrants.
L’amour fragile se raconte dans la durée entre le premier
soir et la paternité.
La natation était synchronisée dans un CD précédent, à
présent les corps si légers ne sont « pas
loin et à côté quand même » mais arrive « le jour où tu croyais qu’on ne repartirait pas » pourtant elle avait « le plan à la main ». Le
couple voyage, passe d’appart en appart.
J’aime cette mélancolie qui n’est surtout pas tonitruante,
gentille, elle nous fait oublier les grandes gueules.
Il avoue qu’il a fait semblant pour « Joe
Montana » d’aimer ça et nous excuse de nos conformismes d’un jour.
Sur la plage aux romantiques, désormais il y a un filet de
volley ball photographié en noir et
blanc.
« Est-ce que ça
s’arrête
Page quatre cent vingt
sept
Est-ce qu’on atteindra
La page trente
trois »
Il est plutôt de la génération de mon fils, mais les époques se confondent. Si j’ai bien
connu aussi l'Antoine Doisnel de son père, je prends garde de ne plus courir sous
la pluie pour ne pas m’enrhumer; j'aime cette image au cinéma et les chansons douces.
samedi 22 mars 2014
Fête du livre Bron 2014.
A la table du festival des littératures contemporaines, deux
promeneurs solitaires et rêveurs : Gilbert
Vaudey et Jean Christophe Bailly
dont les routes s’étaient déjà croisées.
Un boulevard s’ouvrait donc à l’animateur de la table ronde
autour du mot « traboules » pour trouver une thématique commune, plutôt
que le rallumage de petites bougies de l’enfance face aux lasers froids des
fêtes actuelles : 35 de ces chemins de traverse dans Lyon restent ouvertes
sur 350.
Une fois secouée la fatale nostalgie qui colle à une
évocation de Lyon par Vaudey, « une ville pas comme tout le
monde », dans son livre « Le
nom de Lyon », le débat pouvait s’approfondir avec Bailly, l’auteur de « La phrase urbaine »
Il nous emmène au delà du seuil de notre maison, là où commence le monde, vers « L’impasse
des beaux yeux » à Marseille dont la plaque de rue a été mainte fois volée,
mais où subsiste le nom écrit à la craie, dans la lignée lyonnaise de la
« Montée de tire cul », « Rue des tables claudiennes » ou
« Allée des cavatines » dans le « quartier du Point du
Jour ».
En accord avec le titre « Plan B », de cette 28°
fête du livre, dans le cadre insolite de l’hippodrome de Parilly, nous sommes
invités à prendre la tangente, des raccourcis, à faire un pas de côté pour
continuer à vivre nos villes constituées de la totalité de nos promenades et
non d’un patrimoine en plaques. Chaque ville est comme un texte à articuler, à conjuguer.
Les urbanistes visent pour certains à revenir sur le zonage
stupide qui a modelé nos aglomérations et nous avec, mais quand un coq dérange
le résidant secondaire comment envisager
un atelier bruyant en bas de chez le quidam qui cherche le sommeil, quand on ne
doit pas trop s’exclamer aux terrasses des cafés ?
« La
façade d’une maison n’appartient pas à celui qui l’habite mais à celui qui la
regarde » Proverbe Chinois.
Pierre Jourde de
« Pays perdu » http://blog-de-guy.blogspot.fr/2011/06/cest-la-culture-quon-assassine-pierre.html et Eric Chevillard du « Désordre Azerty » constituaient une autre
paire de choix, complice, punchy, sensible et drôle pour s’interroger sur les
pouvoirs de la littérature.
La réalité a été contondante pour l’écrivain qui vient de
livrer « La première pierre ». Ses enfants métis avaient reçu pierres
et injures quand il est revenu dans le hameau à propos duquel il avait écrit.
Cette violence vient dans ce monde rural en voie de
disparition, que toutes les folklorisations n’ont pas épargné, là où justement
se racontent des histoires. L’écrivain cherchant à « désenfouir le réel »
contourne les évidences quand la vérité ne se trouve pas forcément aux creux
des mains ou des poings, ni dans un trou dans la terre.
En farfouillant à l’intérieur du « réservoir du
monde » qu’est la littérature, je retiens quelques phrases
stimulantes :
« L’écrivain
doit être mort pour ses lecteurs », « La littérature n’a pas de
compte à rendre »…
A la recherche des mots qui ne soient pas taillés dans le
prêt-à-poster, un détour par le silence est peut être nécessaire, alors comme
au bout d’un champ en Auvergne, P. Jourde continuera à essayer d’apporter des
réponses à : « Ce pays me veut
quelque chose ».
Son œuvre est en route.
vendredi 21 mars 2014
« Genre »
Quand nous avons tant de mal à mesurer ce qui se joue ici ou
là, en Crimée au Soudan ou sur les bancs déserts de l’assemblée, et que
l’impuissance touche même Obama, les mots ne peuvent que nous manquer.
Dans le même temps, lorsqu’un journal tel que
« Libération » bat de l’aile, c’est la qualité de nos
« discussions » qui est altérée, pour éviter d’employer le mot
« démocratie », si lourd, si insaisissable.
Je reviens sur mes terres.
Le refus de certaines mamans d’envoyer leurs enfants en
classe, l’autre jour, genre hénorme : « les enseignants vont
leur apprendre la masturbation » était le fait d’une minorité. Mais il ne
doit pas nous interdire de penser qu’il est le signe d’une défiance plus profonde
envers ce qu’on n’ose plus appeler un pilier de notre société, l’école devenue tout au plus une béquille
face à tous les dysfonctionnements de notre société. Quand par ailleurs des
parents en arrivent à porter plainte contre l’institution, le processus
éducatif est compromis.
Est-ce que nous avons notre part de responsabilité pour
avoir tellement chéri l’esprit critique dont nous regrettons la prépondérance
lorsque cette arme crépitante est retournée contre nous, les éducateurs ?
Encore un de ces dévoiements qui voit les ennemis de la laïcité se réclamer de
la laïcité et les fossoyeurs de la démocratie en appeler à la démocratie pour
la défoncer encore plus.
Copé nous a bien fait rire avec sa condamnation de « Tous
à poil ! » mais quand il faudrait prôner la fréquentation de la
bibliothèque à des familles qui n’en voient pas l’ardente nécessité, difficile
les convaincre avec « Titeuf et le zizi sexuel » voire impossible à
recommander à un public de plus en plus sur la défensive envers ce qui fait nos
délices modernes.
Des décideurs viennent de reconnaître que les rythmes d’un
bambin de maternelle ne sont pas ceux d’un apprenant de CM2 : il était
temps. Mais quand les horaires consacrés au français diminuent encore, et qu’il
ne convient plus d’apprendre à distinguer un verbe d’un nom, l’idée de faire
partager une préoccupation universitaire concernant « le genre » à
nos rejetons me semble impropre à redresser les résultats d’une école qui va de
mal en PISA.
L’individualisme s’exacerbe derrière les tables vandalisées
et il convient de plus en plus de susurrer les consignes individuellement pour
être entendu. Que n’allaient - ils pas, nos experts ministériels, perturber
familles et petits pour des problèmes qui se posent surtout à l’adolescence à
quelques individualités qui résoudront mieux leurs dilemmes dans la discrétion
d’un entretien personnel que dans le brouhaha ?
Ces réserves ne vont pas à l’encontre de l’égalité
homme/femme comme il parait utile de le préciser à tous les amateurs d’opinion
tranchées toujours enclins à caricaturer l’objecteur. Justement : des
mesures pour mettre fin à la discrimination seraient faciles à prendre quand il
y a seulement 27% de femmes à l’assemblée, même si le rattrapage des salaires de 25% inférieur
en défaveur des femmes qui n’a que trop duré doit être plus complexe. Et ce
n’est pas parce que la lutte contre les stéréotypes est plus aisée qu’il faut
baisser les bras : laissons les garçons jouer à la poupée, sans leur
interdire de jouer aux petites voitures.
………
Suite à mes doutes exprimés la semaine dernière http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/03/saint-egreve-pales-municipales.html
concernant les élections municipales à St Egrève, je pense voter pour les
écolos. Leur petit livret développé ne sacrifie pas à la com’, témoignant d’un
travail qui s’inscrit dans réflexion générale et avance des propositions
concrètes. Même si je ne suis pas toujours d’accord, la proposition suivante
qui ne manque pas de poésie m’a convaincue :
« prévoir des
abris fermés la nuit pour les vélos et trottinettes oubliés à l’école. »
Plus sérieusement il est question de non-cumul des mandats et de logement même
timidement, c’est mieux que le reste.
Comme ça, je pourrai trinquer avec mes copains, plus portés
sur le rouge indélébile, l’âme légère, à la Clairette bio, me
reconnaître dans le miroir et pouvoir continuer à asticoter, vertement donc,
une liste où les personnes que je respecte sont le plus nombreuses.
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