La nuit est longue grâce aux vertus énergisantes du café de
15h et puis vers 3h du matin les
chiens ne paraissent plus aussi discrets qu’en plein jour.
Au petit déjeuner nous est proposé un thé au clou de
girofle.
Patientant devant une banque, nous faisons le désespoir de
petits cireurs de chaussures consternés par nos chaussures crottées.
Au dessus des arbres, deux vautours surveillent la rue.
L’embarcadère où nous devons prendre le bateau est le royaume des oiseaux: sur la rive,
marabouts, ibis et pélicans sont à portée de mains. Nous nous émerveillons
devant leur vol, l’élégance des ibis, la laideur des marabouts, la blancheur
des pélicans. Les ailes et les becs claquent pour se disputer un poisson.
Notre destination est
l’île de Tulu Goudo « grande montagne »
qui aurait abrité elle aussi l’arche
d’alliance, à une heure trente de bateau à moteur.
Notre ascension dure
également une heure trente, elle débute parmi des cultures en terrasse
labourées par les jeunes paysans et leurs bœufs. L’air est parfumé par les
œillets d’Inde sauvages. Puis nous marchons dans une forêt d’euphorbes grosses
comme des arbres, avec des aloès, des opuntias en fruits. Du jamais vu.
Vers le sommet le guide local nous montre une « pierre
de punition » naturellement percée dans laquelle le condamné avait une
jambe coincée et selon la peine prononcée restait dans cette position
inconfortable un jour ou deux.
En 1973, le village qui dominait l’île fut abandonné comme
trois autres et rebâti au bord de l’eau, les anciens avaient préféré le sommet
pour éviter les moustiques.
Après avoir profité du
magnifique panorama nous redescendons vers un restaurant qui vient de
s’installer pour déjeuner d’un poisson grillé, du tilapia, délicieux. Le plus
audacieux d’entre nous prend l’habitude de faire « gorcha » (prendre
la becquée) avec l’équipe éthiopienne. Nous apprenons que les chrétiens d’ici
jeûnent 200 jours par an, tous les mercredis et vendredis.
Près de là des singes sautent dans un arbre, tout à côté de
l’église, mais ne se laissent pas approcher. Certains ont sans doute cherché à
chaparder nos bananes car ils ont laissé quelques traces dans le bateau qui
vient nous chercher. Au retour, nous avons droit à un détour près d’une île
occupée par des oiseaux.
Nous admirons sans nous lasser des colonies de
pélicans alignés sur un rocher ou nageant à la queue leu leu, des marabouts
dans leurs arbres des ibis et des cormorans. Nous suivons leurs vols en
escadron, haut dans les airs ou en rase motte. Même descendus de la barque,
nous continuons à les canarder de nos appareils photos, à les observer.
Nous avons aperçu
aussi des serres gigantesques destinées à la culture des roses qui
prennent le relais de celle du Kenya, le propriétaire est Indien. Le site est
déjà pollué et les poissons se raréfient.
Nous rentrons à pied, en flânant dans les lumières du soleil
couchant. Nous croisons de nombreuses charrettes tirées par des petits chevaux
transportant hommes et femmes.
Goulasch de poissons pour ce soir.