Dans la famille Delerm, je demande tout le monde.
Contemporain du père et complice de ses sensations, j’aime
suivre le fils dans tous ses retours sur images trépidantes, parce que nous pouvons
éprouver dans une journée bien des âges : parfois vieux comme un pré, à
d’autres moments benêt comme un ado ; couturé tout le temps quand même.
Le cinéma est très présent
dans son spectacle d’une heure et quart avec la voix de Woody Allen en
ouverture et le blanc visage de Buster Keaton pour conclure ; le Super 8 sur un drap et le choix d’une séance qui
décevra forcément les pauvres phantasmes adolescents. Pour la comédie, il a été
briefé par Macha Makeïef, alors avec quelques chansons légères d’une voix moins
nasillarde, le spectacle est total, sans prétention.
Nous passons un moment agréable et émouvant : il ne
recule pas devant la citation inévitable d’ « Avec le temps »,
puisqu’il est question du temps, en italien par Léo, « cheval
fourbu ».
Le compère Nicolas Marthureau qui joue de plusieurs
instruments ajoute à la fantaisie.
Au rappel, une reprise sur l’air de « C’est
magnifique » de toutes ces petites notations qui font la saveur de la
vie : une bougie d’anniversaire qui se rallume, le poignet en éponge pour
essuyer la sueur, les rideaux à franges en plastique… La mélancolie, la nostalgie passent si bien
avec l’humour, la légèreté, même si de toute façon « tout le monde s’en
fout » puisque ce n’était que de la mode. « Je vais mourir demain
matin » est drôle.
Les cruels rires enregistrés sont bien vus quand la province
est évoquée, mais n’insistent pas.
Il y a eu aussi la
Rue des Rosiers.
Il est nécessaire d’avoir tous les codes : ainsi il
faut savoir qu’il avait chanté aux Bouffes du nord avec Lhasa une chanteuse
américano-mexicaine qui vient de mourir pour tout saisir du duo avec la bande
son.
« C’est nous qui
l’avons changé
En quelques heures
A l’œil nu c’est
compliqué
De voir les sept
erreurs
Le reste n’a pas
tremblé
Dans cette affaire
Rien ne sera recensé
Sur l’échelle de
Richter
Pas le mur, le couloir
de l’entrée
Les fissures, le
papier peint déchiré
Pas le bruit, le
parquet de cinquième étage
Pas la nuit, les pieds
nus sur le carrelage »