Autour des tables de Noël, nous avons évité de parler de
Depardieu.
L’écrit, fut-il en ligne, assurant moins de fâcheries en
direct, j’y vais de mon couplet.
L’exil d’Obélix n’est pas anodin : les masques se
fendillent.
Le roc, bien qu’enveloppé, continuait pour moi à incarner la
vitalité d’une jeunesse qui perdurait depuis « Les Valseuses »,
j’aimais tellement son rire tonitruant.
Mais le dernier épisode, où il joue les offensés du haut de
son arrogance de parvenu, ne passe pas.
J’ai transmis le texte de Torreton dont j’avais apprécié les
accents théâtraux bienvenus dans cette comédie quelque peu surjouée de toutes
parts.
Les Lucchini, Gad Elmaleh qui nient tout droit à ceux qui ne
sont pas à l’affiche de porter tout jugement, hérissent mon esprit borné par
notre triade républicaine.
Comment ça ? En dessous de tant de clients, de tant de
pognon, à moins de cinq dictateurs dans son réseau, ceux qui consentent
volontiers à l’impôt n’auraient pas le droit de causer !
Au-delà des brandisseurs intermittents de drapeaux
tricolores qui échappent depuis belle lurette à la solidarité envers ceux qui
ont contribué à leur fortune, le reflexe de caste qui a saisi bien des artistes
m’a surpris et navré.
Le peuple sera-t-il le dernier à devoir payer l’impôt ?
Tous ces « peoples », que n’avaient-ils dénié le
droit au clergé de s’exprimer contre le mariage pour tous, alors qu’il ne
s’agit pas de mariage religieux mais civil ?
Je n’attends pas de Deneuve qu’elle nous dise ce qu’est la
laïcité, elle a bien trop à faire avec sa corporation.
Je fréquente les salles de théâtre, de cinéma, me croyant familier
de personnages numérisés rétribués grassement, il est temps de m’apercevoir que
la profession d’ « artiste » n’est qu’une variante de
publicitaire : Jean Valjean c’était de Victor Hugo, le reste des
contrats.
J’imaginais tant de passion pour accéder à ce métier
prestigieux, tant de sacrifices jusqu’à la cour d’honneur du palais des papes, en
plein Mistral.
Aujourd’hui, comme dans la chanson interprétée par Tapie, il devient fréquent que des parents qui auraient
voulu « être un artiste », poussent leur progéniture indifférente
sous les projecteurs.
Les spots n’éclairent plus que des brouillards artificiels.
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Dans le Canard de cette semaine: