Nous quittons l’autoroute des vacances après Narbonne à Marseillette, où nous avons repéré la proximité du canal du midi.
Quelques péniches stationnent près d’une écluse et des cyclistes roulent sur les chemins de halage. Nous nous installons pour déjeuner à l’abri de cyprès protégeant une table et des bancs prévus pour un pique-nique. Puis nous rejoignons un café, en face des locaux de la radio locale, place Mitterrand, afin d’avaler un café strong servi par un monsieur dont l’accent nous dépayse déjà. Nous apprendrons par la suite que la chanteuse Olivia Ruiz est originaire du village et le café familial qu’elle évoque était bien celui là.
Notre Tom Tom nous dirige jusqu’au parking situé au pied de la citadelle de Carcassonne dont le prix jusqu’au lendemain se révèlera des plus raisonnables : 6 € pour 15 h de stationnement. Nous nous acheminons avec nos bagages à roulettes sur les pavés inégaux par la grande rue très fournie en touristes.
Nous sommes hébergés chez une des 80 résidentes permanentes de la cité avec laquelle je découvrirai que la créativité, l’audace sont indispensables aux commerçants pour réussir leurs affaires. Depuis la fenêtre de la cuisine du premier étage elle nous fait parvenir la clef de la porte d’entrée suspendue par une cordelette comme dans un épisode de « La vie est belle » de Benigni : « Maria, la clef ! »
Nous sommes accueillis dans une maison adossée à un jardin ombragé par un figuier royal, à hauteur des remparts où circulent les touristes dont les enfants mâles sont armés de l’inévitable épée.
Nous partons visiter la vieille ville inscrite au patrimoine mondial.
Je révise une légende : « quand Carcas sonne ».
Dame Carcas, princesse sarrasine aurait découragé Charlemagne qui assiégeait la ville en jetant par-dessus les remparts le seul cochon qui restait, engraissé de la dernière mesure de blé. Que sonnent les cloches de la délivrance!
Je reprends des souvenirs de bruits et de fureurs à l’ombre des croix.
La ville sous influence cathare capitulera devant les croisés au XIII° siècle et reviendra à Simon de Montfort. Une ville nouvelle sera crée, concurrente de la ville haute qui s’appauvrit. Pendant les guerres de religions, une fois les calvinistes chassés, la cité deviendra une base pour la reconquête par les catholiques des villes alentours.
Il faut attendre le XIX° siècle pour que l’inévitable Viollet Le Duc restaure à 30% le plus grand ensemble de fortification du Moyen Âge.
Dans l’église Saint Nazaire dont le premier emplacement remonte au VI° siècle, nous avons l’agréable surprise d’entendre un quintette vocal russe avec une palette ténor baryton et surtout basses profondes. Ils ne comptent pas leur peine pour vendre leur CD et nous bénéficions de plusieurs chants mis en valeur par l’acoustique résonnante de l’église. Nous poursuivons notre visite dans les rues de la cité, peu propices aux talons hauts.
Nous apprécions le restaurant Adélaïde qui propose un menu à 14€ d’autant plus honorable que sa situation dans ce haut lieu touristique est remarquable, arrosé d’un vin de pays « Le Pompadour » : soupe à l’oignon pour les uns ou salade de tomates mozzarella, salade de gésiers pour les autres, poisson, cassoulet ou entrecôte et dessert.
Nous finissons notre soirée autour d’une tisane de verveine fraîche cueillie dans le jardin.
mercredi 21 septembre 2011
mardi 20 septembre 2011
Petites éclipses. Fane & Jim.
Est ainsi que vivent les trentenaires ?
"Quand on a plus l'immunité de la jeunesse, mais pas encore l'excuse de l'âge...
Quand on se retrouve, comme l'adolescent le cul entre deux chaises...
Quand un début de fatigue commence à éliminer ce qu'il subsiste d'envie."
Vifs, lucides, impitoyables, drôles, vivants, cyniques, romantiques… enfin pas trop non plus.
"Quand on a plus l'immunité de la jeunesse, mais pas encore l'excuse de l'âge...
Quand on se retrouve, comme l'adolescent le cul entre deux chaises...
Quand un début de fatigue commence à éliminer ce qu'il subsiste d'envie."
Vifs, lucides, impitoyables, drôles, vivants, cyniques, romantiques… enfin pas trop non plus.
Près de 300 pages pour 6 personnages découvrant un beau gite dans le midi avant l’éclipse de 99.
Si ce n’est le rappel un peu ronflant de la définition du phénomène cosmique, le récit ne se prend finalement pas trop au sérieux. La lune qui va faire de l’ombre au soleil n’est qu’une péripétie parmi d’autres dans la vie passionnée de ces hommes et femmes taraudés par le temps qui les sort de l’insouciance, dans le dilemme classique papa / amant, passion/honnêteté, intensité/responsabilité…
Ressemblerait à bien des films de copains au bord des piscines, à des séries aux personnages haut en couleurs, mais je me suis laissé prendre par la vivacité des dialogues, la vigueur des traits.
Alors sur un thème assez couru, intéresser le sexagénaire peut être estimable.
lundi 19 septembre 2011
Pain noir. Agustí Villaronga
Je craignais que ce film qui a eu tous les honneurs en Espagne soit esthétisant ; il est beau comme l’automne.
Se déroulant peu après la défaite des républicains, il n’est pas manichéen.
Et je n’ai su voir aucun vainqueur, par contre les vaincus sont innombrables.
Face à la misère, les engagements politiques les plus généreux comportent des zones que le réalisateur va fouiller.
Les adultes sont observés sans complaisance par des yeux d’enfants subissant une vie pénible où les superstitions viennent masquer les mensonges.
Les petits voient jusqu’aux contrées les plus effroyables, eux non plus ne seront pas doux et généreux.
Si le dénouement évite la mièvrerie, je reste pourtant sur une impression mitigée au bout de cette sombre histoire violente qui comporte certaines scènes dont la poésie complique la réalité.
dimanche 18 septembre 2011
Velouté de courgettes à « La vache qui rit ».
Incontestablement "velouté","potage" à la rigueur, c’est mieux que « soupe » pour utiliser le légume d’été dans une variante plus automnale...
encore que « soupe de fraises » : « ça le fait ».
encore que « soupe de fraises » : « ça le fait ».
On pourra préférer faire revenir avec de l’ail, le fruit considéré comme un légume, dans de l’huile d’olive plutôt que cuite à l’eau direct, déjà que la cucurbitacée est aqueuse. Puis verser de l’eau avec un cube de bouillon de volaille, suivant la texture souhaitée, mixez au bout de cinq bonnes minutes de cuisson et ajouter 2 ou 3 portions du fromage français le plus connu dans le monde.
Si notre gastronomie fait partie désormais du patrimoine mondial, elle ne le doit certes pas à ce jovial fromage fondu mais cette recette peut être une façon de retrouver des sensations d’enfance et se souvenir du plaisir de retrouver la boîte ronde déclinée dans des marchés les plus modestes, à l’autre bout du monde.
La variante est sympathique avec un oignon à la place de l’ail ou avec des pommes de terre, c’est mieux, mais alors la cuisson sera plus longue. Disperser un peu du produit de la tonte de votre pot de ciboulette au dernier moment, pas seulement pour la déco.
samedi 17 septembre 2011
Dix petits nègres. Agatha Christie.
« Le juge répliqua d’un ton aigre :
« A mon âge, vous savez, on ne recherche plus les émotions. »
Anthony ricana :
« La vie devient de plus en plus brève.
Les affaires criminelles me passionnent.
Je bois à la prospérité des assassins ! »
Il leva son verre et l’avala d’un trait.
Trop brusquement, peut être, car il s’étouffa. »
« A mon âge, vous savez, on ne recherche plus les émotions. »
Anthony ricana :
« La vie devient de plus en plus brève.
Les affaires criminelles me passionnent.
Je bois à la prospérité des assassins ! »
Il leva son verre et l’avala d’un trait.
Trop brusquement, peut être, car il s’étouffa. »
Un sommet de la littérature noire où les policiers apparaissent seulement de façon, anecdotique dans l’épilogue.
Dix cadavres, au rythme d’une comptine obsédante, jouant avec les mots pour composer une machinerie perverse qui valut à la dame un succès planétaire.
Les points de vue se déplacent, l’humour se glisse dans l’écriture sobre.
Les rebondissements ne font pas dévier le destin inexorable.
Le coupable se voulait égal à un Dieu qui punirait ceux qui avaient cru échapper à la justice.
Tous coupables.
La tension monte dans un décor où la lisse maison moderne bâtie sur une île nue ne recèle pas de cache pour mieux nous laisser apprécier l’habileté de celle qui nous mène par le bout du nez tout au long de ces 300 pages en poche
vendredi 16 septembre 2011
Primaires: entre déprise et reprise.
Est-ce qu’une soirée par écran interposé relancera chez moi quelque ardeur militante ?
Celle-ci a été fatiguée par des pratiques locales de candidats à la notabilité sans courage, sans vision, agissant à l’envers de la plus élémentaire des démocraties.
Plus d'un a été découragé, parmi ceux qui croient encore à la gauche.
A la façon d’un Scaron de chez Macé, je réactualise un de mes écrits antérieur au spectacle donné chez Pujadas.
La volonté de M. Aubry de réduire le cumul des mandats me semble de nature à améliorer l’exercice de la politique. Sa promesse d’augmenter de 50% le budget de la culture quelque peu aventureuse dans la période n’apparaît plus présentement.
L’indépendance de S. Royal était un atout, mais elle semble bien seule aujourd’hui. Sa persistance à fustiger l’impôt ou les augmentations du prix de l’essence lui attiraient des faveurs populaires mais ne participaient pas à une pédagogie nécessaire concernant la solidarité ou la sobriété face au tarissement des énergies fossiles. Elle a appliqué pour elle le non cumul, se montre ferme à l’égard des banques et parle désormais d’une justice fiscale plus présente que jadis dans les fondamentaux socialistes.
A. Montebourg a certes des discours plus en rupture que ceux de F. Hollande, ce n’est pas difficile, et s’il a eu le mérite de souligner les dysfonctionnements graves de la fédération PS des Bouches du Rhône, ses positionnements antérieurs variables devraient l’entrainer à plus de modestie.
E. Vals nous éviterait l’hémiplégie qui s’empare de bien des politiques quand flambent les banlieues mais il pousse la distinction à tomber chaque fois à droite.
Oui, il y a bien un problème de crise des valeurs morales et pas seulement chez les pauvres, et un problème social de répartition des richesses et donc d’espérance.
Son insistance à vouloir éviter la rupture de confiance semble partagée par ses concurrents.
J.M. Baylet préconise la vente du haschich en pharmacie, les journalistes adorent le sujet, Arnaud et Manu les plus jeunes, y sont le plus clairement opposés.
J’ai repris quelque goût au débat même si celui ci fut un peu empesé; la volonté de chacun de tourner la page du sarkozisme est décidément un bon moteur.
Mais combien avaient trouvé que C. Lagarde au FMI ce n’était pas si mal puisqu’elle est française ?
Ce n’est pas une faute qu’avait commise J.L. Mélenchon qui trouve souvent le mot juste en parlant par exemple des pièces jaunes pour caractériser la part des riches dans le plan d’austérité du gouvernement, mais faute de bras il est condamné à la posture tribunicienne.
Et il faut que ce soit F. Bayrou le plus convaincant dans sa dénonciation du scandale Tapie. Les compromissions avaient été entamées par L. Fabius et poursuivies par DSK.
La pépite avait quelques pailles qui l’ont amené si loin des roses en fête*. Et nous avec.
* Allusion à une réflexion ancienne d’Anne Sinclair où elle disait préférer sa vie à Washington sans
« circonscriptions à visiter ni fêtes de la rose à Trifouillis-les-Oies ».
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« Strauss c’est trop » dans le Canard de la semaine dernière :
jeudi 15 septembre 2011
Abelardo Morell.
Le photographe d’origine cubaine propose des images en noir et blanc qui arrivent à nous étonner encore, par une présence puissante des objets tel un toboggan vu sous un angle insolite, ou régénérant une vision chaleureuse de la famille : ainsi sa femme et son fils derrière une porte vitrée.
Professeur d’université, il a aussi expérimenté avec une camera obscura de Manhattan à Florence.
J’ai beaucoup aimé des photographies de livres que car je m’étonne encore d’innovations encore possibles effectuées en repensant les travaux d’autres artistes comme Le Caravage dans un livre ouvert dont on devine un portrait seulement dans le reflet des encres d’imprimerie. La lumière tombant sur un livre ancien en dégage les mystères et les jeux avec les gravures d’ « Alice au pays des merveilles » sont inventifs et subtils. Un vase sur le rebord d’une table prend des allures métaphysiques, son alphabet d’eau est magnifique et sa manifestation de crayons inoubliable.
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