Je savais que cet adepte de la bicyclette intervenait en différents lieux pour composer des mandalas, et l’autre jour quand je l’ai entendu attaquer un beau galet à la massette, tel un pivert familier, je n’ai pu m’empêcher d’être frappé par le contraste apparent qui va de la trace imprimée pour des siècles dans le granit alors qu’il suffit d’un souffle pour disperser ses sables colorés. Il faut la même patience. La méditation qui accompagne ces proximités minérales constituera la récompense du travail.
En cours de conversation, des questions telles que la religion, la raison, la mort viennent naturellement.
Cette inscription : « om.ma.ni.pe.me.houng/Hri » signifie - bien qu’un mantra ne se traduise pas :
« hommage à celui qui tient le chapelet et le lotus. »
Son engagement pour le Tibet, sa curiosité pour la culture du Bouddhisme (« science de l’esprit ») le conduit aussi de temps en temps chez les cisterciens de Tamiers, c’est dire que celui qui tient le burin a de la ressource spirituelle.
Chaque lettre dessinée sur la pierre représente un poison de l’esprit associé à son remède : orgueil et humilité, jalousie et sympathie joyeuse, paresse et énergie, colère et équanimité, stupidité et discernement, avarice et générosité. Même si la pierre nue a des séductions, dans cet univers où foisonnent les symboles, des couleurs viendront renforcer les intentions. Tel le bleu couleur de la sagesse, le vert celle de la nature, le jaune celle de Dieu, l’orange symbolise la raison, le rouge est considéré comme un symbole fondamental du principe de vie avec sa force, le blanc représente aussi la sagesse, alors que le noir c’est le néant.
« Fils de famille, je suis capable de dénombrer un par un tous les grains de sable qui se trouvent au fond du grand océan. Mais je ne peux pas mesurer la masse des mérites accumulés par une simple récitation du mantra en six syllabes. »
L’homme s’attaque à une matière impassible, mais ne reste pas imperturbable aux souffrances du monde, et il sait réserver un large sourire à tous ceux qui l’abordent.
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Actualité: pour les 20 ans du Lycée Marie Curie d'Echirolles, un mandala de sable sera réalisé du 27 septembre au 2 octobre où il sera dispersé entre 17 et 18h 30.
mardi 28 septembre 2010
lundi 27 septembre 2010
Des hommes et des dieux.
De beaux hommes. J’ai apprécié la force de ces hommes de foi qui n’ont pas d’emblée l’étoffe des héros, ce qui rend ce film palpitant. Les pupilles humides de Lambert Wilson n’étaient pas indispensables mais l’humanité de Lonsdale et de tous les autres nous émeut. De belles lumières, et une occasion pour s’interroger sur l’engagement, la liberté, devenir un homme.
Quelques citations dans le film pour éviter l’évaporation :
Pascal :
"Les hommes ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que lorsqu'ils le font par conviction religieuse"
L’autre de la bible :
"Vous êtes des dieux, des fils du Très-Haut, vous tous ! Pourtant, vous mourrez comme des hommes, comme les princes, tous, vous tomberez".
Je suis admiratif que ces engagements qui vont jusqu’à la reprise du sacrifice fondateur, soient si discrets : aucun prosélytisme, juste le don.
Dans ces temps où le mot amour est à manier avec des pincettes, surtout en milieu catho qui se doit de se préserver, une bien belle séquence où le docteur qui dispense ses soins au village musulman voisin parle d’amour. A la fin d’un dialogue avec une jeune fille :
« Toi, t’as déjà été amoureux ? »
« Oui… plusieurs fois, oui. Puis après est arrivé un autre amour, tu vois, plus grand encore. Et voilà : j’ai répondu à cet amour-là. Ca fait longtemps, maintenant… plus de soixante ans, oui. »
Aucun prêchi- prêcha.
Quelques citations dans le film pour éviter l’évaporation :
Pascal :
"Les hommes ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que lorsqu'ils le font par conviction religieuse"
L’autre de la bible :
"Vous êtes des dieux, des fils du Très-Haut, vous tous ! Pourtant, vous mourrez comme des hommes, comme les princes, tous, vous tomberez".
Je suis admiratif que ces engagements qui vont jusqu’à la reprise du sacrifice fondateur, soient si discrets : aucun prosélytisme, juste le don.
Dans ces temps où le mot amour est à manier avec des pincettes, surtout en milieu catho qui se doit de se préserver, une bien belle séquence où le docteur qui dispense ses soins au village musulman voisin parle d’amour. A la fin d’un dialogue avec une jeune fille :
« Toi, t’as déjà été amoureux ? »
« Oui… plusieurs fois, oui. Puis après est arrivé un autre amour, tu vois, plus grand encore. Et voilà : j’ai répondu à cet amour-là. Ca fait longtemps, maintenant… plus de soixante ans, oui. »
Aucun prêchi- prêcha.
jeudi 23 septembre 2010
« Nous »
La revue trimestrielle Médium propose en 2010 son numéro annuel spécial autour de la thématique du « Nous ».
Depuis la cellule amoureuse jusqu'aux grands corps de l’état, le parti communiste, le clan, la génération, la chorale, l’équipe, le réseau social…
Avec la profondeur accessible et le recul habituel au groupe d’intellectuels dont Régis Debray et Daniel Bougnoux sont ceux que je connais. Les illustrations de Gérard Fromager sont explicites et renouvellent le genre de la sérigraphie, gardant la générosité des aplats, en ajoutant de la vigueur et de l’originalité. Quelques personnalités apportent leur touche personnelle à ces réflexions générales : Vauzelle, De Villepin, Ploquin, Tillinac…
Mais au-delà des retrouvailles ou découvertes, c’est toujours un plaisir d’être surpris par exemple par l’étude de ce qui lie ou délie un groupe... de poissons.
« Peut-être le socialisme m’apportera-t-il le levain dont mon esprit a besoin, pour faire mon pain de vie ; peut-être m’aidera-t-il à être celui vers qui tant de fois je me suis élancé en vain… » Romain Rolland.
L’introduction d’un article concernant la ligue du Nord est alléchante puisque « de nos jours l’animal politique est sollicité par des « nous » hétérogènes, entre fraternité réduite au semblable, résilience du « nous » national et interpellation universaliste des droits de l’homme. »
450 petites pages à déguster, à relire, pour se relier.
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Je reprends la publication de mes articles, lundi.
Depuis la cellule amoureuse jusqu'aux grands corps de l’état, le parti communiste, le clan, la génération, la chorale, l’équipe, le réseau social…
Avec la profondeur accessible et le recul habituel au groupe d’intellectuels dont Régis Debray et Daniel Bougnoux sont ceux que je connais. Les illustrations de Gérard Fromager sont explicites et renouvellent le genre de la sérigraphie, gardant la générosité des aplats, en ajoutant de la vigueur et de l’originalité. Quelques personnalités apportent leur touche personnelle à ces réflexions générales : Vauzelle, De Villepin, Ploquin, Tillinac…
Mais au-delà des retrouvailles ou découvertes, c’est toujours un plaisir d’être surpris par exemple par l’étude de ce qui lie ou délie un groupe... de poissons.
« Peut-être le socialisme m’apportera-t-il le levain dont mon esprit a besoin, pour faire mon pain de vie ; peut-être m’aidera-t-il à être celui vers qui tant de fois je me suis élancé en vain… » Romain Rolland.
L’introduction d’un article concernant la ligue du Nord est alléchante puisque « de nos jours l’animal politique est sollicité par des « nous » hétérogènes, entre fraternité réduite au semblable, résilience du « nous » national et interpellation universaliste des droits de l’homme. »
450 petites pages à déguster, à relire, pour se relier.
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Je reprends la publication de mes articles, lundi.
Art minimal.
En réaction contre l’expressionisme, l’art minimal c’est: « on voit ce que l’on voit », débouche sur l’art conceptuel où la réalisation elle - même n’est pas indispensable.
Une école surtout américaine qui abolit toute histoire et revendique sa froideur, la disparition de toute émotion : place à l’industrie.
Nous voyons surtout des volumes, les maîtres de ce courant seraient contrariés que l’on parle de sculptures, alors disons objets. Tels les 54 morceaux de bois de Carl André qui créent un rythme. Le musée de Grenoble est bien fourni en représentants de ce courant des années 1960: François Morellet et sa boule composée de tubes métalliques, Sol Le Witt et ses cubes en contreplaqué…
« Si tu te tais, tu seras sauvé » Bossuet
Une école surtout américaine qui abolit toute histoire et revendique sa froideur, la disparition de toute émotion : place à l’industrie.
Nous voyons surtout des volumes, les maîtres de ce courant seraient contrariés que l’on parle de sculptures, alors disons objets. Tels les 54 morceaux de bois de Carl André qui créent un rythme. Le musée de Grenoble est bien fourni en représentants de ce courant des années 1960: François Morellet et sa boule composée de tubes métalliques, Sol Le Witt et ses cubes en contreplaqué…
« Si tu te tais, tu seras sauvé » Bossuet
mercredi 22 septembre 2010
New York, J3. Central Park.
Nous consacrons notre matinée à notre déménagement après nous être aperçu que des prises électriques sont encore sur 110, pourtant avec un adaptateur nous pouvons recharger les piles pour l’appareil photo fort sollicité. Notre nouvelle adresse s’avère très proche, de l’autre côté d’Atlantic Avenue et la nouvelle propriétaire Emma est charmante ; le logement moderne clair et fonctionnel comporte des barreaux à chaque porte, à chaque fenêtre. Nous prenons la suite de clients qui se retrouvent bloqués à N.Y. suite à l’éruption d’un volcan en Islande et son inquiétant nuage de poussière.
Nous utilisons la station de métro Franklin Station Avenue pour aller la cinquième avenue à Manhattan. Nous achetons des sandwichs et des frites que nous mangeons à Central Park et prenons le café expresso dans une chapelle néo gothique des années 20, proche du musée Guggenheim. Grâce à la carte Pass procurée par nos amis pionniers, nous évitons la queue pour les billets d’entrée. Ce musée initial est plus petit que sa copie de Bilbao. Il s‘organise autour d’une rampe en ellipse avec des niches pour des photographies ou des installations, dont un crucifix ressemblant à un épouvantail en vérins et matériaux issus de machines agricoles. Quelques salles renferment des tableaux français : des Picasso, Pissarro, Vuillard, Braque, parfois parfaitement identifiables, mais réservant des surprises comme ce Picasso qu’on aurait pu prendre pour un Renoir. Je m’émerveille devant des toiles de Gris, aux couleurs recherchées, un Derain. Nous retrouvons Boltanski, Annette Messager. Mais cependant nos amis expriment leur frustration de ne pas voir certaines toiles connues non exposées actuellement.Nous ressortons vers 16h ; malgré un petit vent qui nous frigorifie, nous envisageons une balade dans Central Park. Dans cette immense étendue de verdure, des jeunes sportifs, d’âges différents, s’initient à l’art du baseball, en uniforme ou pas, des coureurs effectuent leur parcours de santé, des maîtres promènent des chiens qui leur ressemblent ou des employés aèrent et gardiennent trois ou quatre chiens en laisse. Et puis les habitants du lieu, écureuils gris à la queue abondante ou sortes de merles au poitrail d’un roux lumineux, ne s’effarouchent pas des touristes attendris. Nous avons un joli point de vue d’un belvédère, faux château médiéval, qui abrite une société de protection du parc et de sa faune. Nous poursuivons notre route vers la statue de Christophe Colomb et aboutissons au Métropolitan Opéra, grand ensemble de salles encadrant une place avec fontaine. De l’extérieur à travers des vitres nous apercevons deux immenses peintures de Chagall que nous ne pouvons malheureusement pas admirer autrement. Des personnes patientent pour acheter des places pour Armida de Rossini à 290$, si nous avons bien compris. Nous faisons quelques achats à la boutique de l’Opéra. En sortant des gouttes de pluie nous dissuadent de goûter d’une promenade de nuit dans Manhattan, nous rentrons à Brooklyn. Nous faisons des courses dans une supérette d’obédience musulmane et je prépare un poulet à la crème, pommes de terre sautées qui contente tout le monde.
Nous utilisons la station de métro Franklin Station Avenue pour aller la cinquième avenue à Manhattan. Nous achetons des sandwichs et des frites que nous mangeons à Central Park et prenons le café expresso dans une chapelle néo gothique des années 20, proche du musée Guggenheim. Grâce à la carte Pass procurée par nos amis pionniers, nous évitons la queue pour les billets d’entrée. Ce musée initial est plus petit que sa copie de Bilbao. Il s‘organise autour d’une rampe en ellipse avec des niches pour des photographies ou des installations, dont un crucifix ressemblant à un épouvantail en vérins et matériaux issus de machines agricoles. Quelques salles renferment des tableaux français : des Picasso, Pissarro, Vuillard, Braque, parfois parfaitement identifiables, mais réservant des surprises comme ce Picasso qu’on aurait pu prendre pour un Renoir. Je m’émerveille devant des toiles de Gris, aux couleurs recherchées, un Derain. Nous retrouvons Boltanski, Annette Messager. Mais cependant nos amis expriment leur frustration de ne pas voir certaines toiles connues non exposées actuellement.Nous ressortons vers 16h ; malgré un petit vent qui nous frigorifie, nous envisageons une balade dans Central Park. Dans cette immense étendue de verdure, des jeunes sportifs, d’âges différents, s’initient à l’art du baseball, en uniforme ou pas, des coureurs effectuent leur parcours de santé, des maîtres promènent des chiens qui leur ressemblent ou des employés aèrent et gardiennent trois ou quatre chiens en laisse. Et puis les habitants du lieu, écureuils gris à la queue abondante ou sortes de merles au poitrail d’un roux lumineux, ne s’effarouchent pas des touristes attendris. Nous avons un joli point de vue d’un belvédère, faux château médiéval, qui abrite une société de protection du parc et de sa faune. Nous poursuivons notre route vers la statue de Christophe Colomb et aboutissons au Métropolitan Opéra, grand ensemble de salles encadrant une place avec fontaine. De l’extérieur à travers des vitres nous apercevons deux immenses peintures de Chagall que nous ne pouvons malheureusement pas admirer autrement. Des personnes patientent pour acheter des places pour Armida de Rossini à 290$, si nous avons bien compris. Nous faisons quelques achats à la boutique de l’Opéra. En sortant des gouttes de pluie nous dissuadent de goûter d’une promenade de nuit dans Manhattan, nous rentrons à Brooklyn. Nous faisons des courses dans une supérette d’obédience musulmane et je prépare un poulet à la crème, pommes de terre sautées qui contente tout le monde.
mardi 21 septembre 2010
"Il faut tuer José Bové".
Jul, l’inénarrable auteur de « Silex and the city » qui cartonna l’an dernier, avait commis auparavant un album toujours aussi mal dessiné, mais qui dépotait déjà dans le titre et tout au long d’une histoire où désormais « Je suis tombé par terre c’est la faute aux burgers… le nez dans le ruisseau , c’est la faute au mac Do » où « les cathos de gauche se positionnent très fort sur les question d’environnement » avec deux poubelles pour Jésus , l’inventeur du tri sélectif : un pour « ceci est mon corps » l’autre pour « ceci est mon sang ». Avec Michaël Moore et Monseigneur Gaillot en guest star, l’album du dessinateur de Charlie hebdo, vite lu est réjouissant.
lundi 20 septembre 2010
Toy story 3.
Ben oui ! Je n’avais pas souvenir d’avoir été ému autant depuis « Quand passent les cigognes ».
Effet des régressions incitées par le cinéma d’animation qui vient fouiller dans le grenier à nounours de l’enfance : oui sûrement. Mais aussi un scénario original qui n’est pas du genre hystérique comme « L’âge de glace », qui réconcilie tous les âges autour du thème du temps qui passe sans avoir à user de gros sabots. Les prouesses techniques qui nous époustouflaient nous sont désormais familières et nous n’avons qu’à nous laisser aller à partager les aventures de jouets aux grands dilemmes quand la liberté, la solidarité, sont mises en question ainsi que l’ingratitude, la violence qui couve sous les plus lisses apparences parfumées à la fraise… Du profond et du léger, du drame et de la dinguerie. Je trouve que c’est rare de trouver un vrai film tous publics aussi plein.
Effet des régressions incitées par le cinéma d’animation qui vient fouiller dans le grenier à nounours de l’enfance : oui sûrement. Mais aussi un scénario original qui n’est pas du genre hystérique comme « L’âge de glace », qui réconcilie tous les âges autour du thème du temps qui passe sans avoir à user de gros sabots. Les prouesses techniques qui nous époustouflaient nous sont désormais familières et nous n’avons qu’à nous laisser aller à partager les aventures de jouets aux grands dilemmes quand la liberté, la solidarité, sont mises en question ainsi que l’ingratitude, la violence qui couve sous les plus lisses apparences parfumées à la fraise… Du profond et du léger, du drame et de la dinguerie. Je trouve que c’est rare de trouver un vrai film tous publics aussi plein.
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