mercredi 17 septembre 2008

Epiques équipes (Faire classe 2)

Il y eut des temps simples où celui qui partait à la retraite laissait place à un jeune. Aujourd’hui la division est un principe de gouvernement : la corporation est éclatée, ceux qui sont dans la place sont flattés. Un prof, ai-je lu, a demandé 13 heures supplémentaires ! Qui se soucie qu’il n’aura pas le temps de préparer sa classe, et surtout il aura bien peu de loisir pour protester contre les fermetures de postes ? Le volontarisme du président est loué plus que de raison, pourtant il ne fait que flatter l’individualisme le plus primitif.
Alors après l’affirmation de la personnalité( « faire classe1 ») pour assurer de bonnes heures devant les élèves, revenons sur le collectif , les liens, les équipes.
Nous ne sommes pas condamnés à la solitude. La complexité du travail oblige à la coopération. Et il est bon d’être « tous ensemble -tous ensemble », pour résister parfois aux collectivités locales et autres profs manqués déguisés en parents d’élèves qui auraient tendance à se mêler des choix pédagogiques des enseignants, voire à leur dicter la loi. Les complaisances ne manquent pas dans la place. Les difficultés des politiques de peser sur le réel les amènent eux et leurs communicants à l’école et son public captif pour lutter contre le tabac et l’obésité, prévenir l’usager de la route et des transports en commun, pour promouvoir le développement durable ; tout cela joue au détriment d’une éducation qui durerait. Chaque jour s’annonce la semaine du handicap, du goût, de la femme, de l’Internet, de la presse, de l’Europe, de la bicyclette, du loup et de la buse, de l’emploi, de la fraich’attitude, du livre, du timbre pour les vacances, de la poésie : tout ce qui nous manque. Difficile de rester maître chez soi. Les appels médiatiques incessants en direction de l’école trahissent une paresse, une fausse reconnaissance qui accélère l’amoindrissement des ambitions originelles : lire, écrire, compter. Comment donner confiance aux élèves si l’adulte devant les enfants n’est pas sûr de son coup ? Mes intuitions allumèrent parfois chez les enfants les curiosités, les rires, mais aussi soulevèrent des incompréhensions. Les coups de gueule, les moments inspirés perdent de leur vérité, refroidissent quand ils sont mis en lignes. Pour la jouer tangible, restent les objets, des mécaniques pour vide-greniers.
Des recettes pratiques concernant le bon usage du papier calque ou du bristol ne répondront évidemment pas aux enjeux de l’école, mais se nourrir de spéculations générales contraires à la nécessité de la transmission éloigne d’un engagement intime.
« Prof un jour, prof toujours ».
« Donneur de leçons soixante-huitard, continue même tard. »
L’enfant n’est pas jeté au monde fini, terminé, où serait notre rôle d’éducateur, d’éleveur ? L’adulte se construit, se fait, fait, est refait parfois, s’exerce à la liberté. Nous sommes tous édifiés, à travers le regard des autres, à travers les mots des autres.
Une pédagogie personnalisée qui cultive ses singularités ne contredit pas la cohérence nécessaire à l’intérieur d’une école. Nous pouvons éviter collectivement par exemple les redites thématiques, mais le chemin est long pour acquérir une sincérité qui sait avouer ses faiblesses. La santé psychique qui se joue chaque matin au petit théâtre pédagogique ne peut s’endurcir qu’avec des hommes et des femmes authentiques. La responsabilité personnelle de l’enseignant peut être mise en péril quand le recours au collectif devient incantatoire.
Le travail en équipe pédagogique s’accomplira comme une noble entreprise si elle résulte d’engagements volontaires ; l’approbation par le silence ouvre les portes aux tyrannies à la petite semaine.
La concertation est indispensable afin de trouver des solutions pour les enfants en difficulté au plus tôt sans que la masse horaire des réunions ne vienne amputer du temps de préparation de la classe. Que de temps perdu, parfois, parce qu’une aide souhaitable n’avait pas été proposée à temps ! Qu’il n’y ait pas de silence au sujet des enfants en difficulté ! Alors la mauvaise foi de parents qui affirment : « c’est la première fois que l’on me dit que mon fils a des problèmes » pourra être démasquée.
Dans l’acte pédagogique reste la vérité du pédagogue, ce qu’il est, ce qu’il aime, ce à quoi il croit. Cela n’interdit pas les évolutions, les adaptations.
Mais les mesures autoritaires génèrent les freins les plus sournois, les plus efficaces. Rester sincère, être fort pour préserver la capacité à entraîner un groupe d’élèves, à recevoir ses attentes, continuer à faire vivre une idée de l’école de la république pour que sa devise ne devienne ni un jingle publicitaire ni une épitaphe.
A trop avoir crié « Ubu » n’a-t-on pas vu qu’il était à la barre dans ce qui devrait demeurer- sans hésiter sur l’image - « le temple des savoirs » ?
A mes débuts je me suis empressé de mépriser la première recommandation d’un collègue concernant les assurances, les accidents. Dans ces années l’insouciance s’adossait à d’autres certitudes en béton. Début de ce siècle, fin de ma carrière, les angoisses obscures pensent s’exorciser par les paperasses. «L’assurance » si mal nommée puisqu’ en compagnie, elle, affole les compteurs, et met à mal un minimum de liberté, d’audace de celui qui est en tête du rang. Beaucoup de centres aérés, de classe de mer ont fermé leurs portes faute de candidats qui ne pouvaient plus s’épuiser à affronter le judiciarisme vétilleux envahissant une société où l’insécurité se la joue.
L’imparfait conviendra pour ces billets où des préfabriqués ont pu s’inventer des ferveurs de chapelle où les tombes ne font pas silence quand il convient d’envisager l’avenir. Allons enfants !
« …nous n’habitons plus l’histoire de la même façon : la nouveauté fait preuve, la tradition est à charge. La jeunesse n’est plus un âge, c’est une valeur en soi… » R. Debray

Darcos, perdu.


Le responsable de l'éducation- surtout pas publique- n'a pas toujours été aussi lamentable, mais il s'est révélé délirant lors d'une de ses dernières sorties concernant des médailles pour le bac. Et cette vidéo de juillet sortie récemment (que font les journalistes?) vient déconsidérer totalement le ministre des fermetures. Son mépris s'ajoute à une méconnaissance coupable de ses administrés, et légitime la colère des personnels. Il déconsidère un peu plus les politiques qui seraient censés avoir quelques compétences pour arriver à ce poste de ministre!

Rumba d' Abel&Gordon

Loufoque story : Burlesque jouant sur les corps tour à tour maladroits ou virevoltants. Des couleurs naïves, des séquences poétiques où, sur des tempos enjoués, les ombres viennent suppléer les individus coincés. Du théâtre filmé qui peut susciter le rire, si la mémoire vagabonde, les jambes de bois, les rideaux coincés vous réjouissent.

mardi 16 septembre 2008

Télévision publique

Audiovisuel public : "Monsieur le président" - Nouvel Obs
Voici un des deux films diffusés lundi 15 septembre au théâtre du Châtelet dans le cadre de la soirée de mobilisation pour l'audiovisuel public. (Proposé et écrit par Yves Jeuland réalisé par Joyce Colson, animation de Jean-Yves Castillon)- Le deuxième film : "La redevance"- Plus d'infos sur nouvelobs.com

La guêpe est où ?


Même à l’intérieur des maisons de la gauche, nous recevons les gifles du buz médiatique : qui a parlé des 4000 personnes de l’université d’été à La Rochelle ?
Tous des aveugles, de vains querelleurs ?
Quand la crise politique qui nous mine, nous rend timides, il est bon d’aller prendre quelque recul avec les « Gracques » dans le Nouvel Obs qui décrivent, en quatre lignes (claires), les évolutions de notre société.
Nous en sommes là :
« - passage d'une économie industrielle à une économie de connaissance
- fragilisation de l’état providence (victime de la crise des finances publiques et de la
montée de l'individualisme)
- montée d'une société du risque mondial (à travers les chocs financiers et énergétiques)
- crise de la représentation démocratique. »
En 2000 : 11 gouvernements sociaux démocrates en Europe.
En 2008 : 3 et un dans une grande coalition.
« La gauche était armée pour penser l’exploitation, pas l’exclusion. Or le chômage ne crée pas la solidarité, et nous avons agi sur les effets pas sur les causes » J.B. de Foucault.
Les élites font la leçon aux classes populaires sur leur façon de regarder l’avenir, M. Gauchet conseille « de regarder le monde tel qu’il est » au lieu de « mépriser les peurs des classes moyennes et de demander aux gens de renoncer à ce qu’ils sont »
Ce n’est pas une citation de plus, celle de G Orwell, qui nous remontera le moral, mais elle me semble saisissante de vérité :
« L’homme d’aujourd’hui ressemble à une guêpe coupée en deux qui continuerait à se gaver de confiture en faisant comme si la perte de son abdomen n’avait aucune espèce d’importance ».
« Bon appétit messieurs… »
Tais toi Victor !

lundi 15 septembre 2008

Les « Légendes d’avenir » dansent dans la rue.





4000 personnes : des enfants, des vieilles, des djeun’s maquillés avec imagination, habillés d’invention ont défilé pour la septième édition de la biennale de Lyon. Là bas il faisait soleil. Le défilé de la biennale consacré cette fois aux « légendes de l’avenir» est une des rares entreprises à faire vivre l’utopie de la culture pour tous par la diversité des acteurs et un investissement sur un long terme qui se résout par ce fulgurant feu d’artifice.
Les groupes étaient reliés par des danseurs « pointillés » qui assuraient la transition et installaient le refrain : « Va, aujourd’hui vit au rythme du mouvement qui passe, va… »
Difficile de saisir toutes les intentions des 16 propositions, tant certains passent si vite qu’il ne reste qu’un tourbillon de couleurs, une intensité fugace malgré une scénarisation plus poussée cette année.
J’ai apprécié le message de Villeurbanne : « on ne peut pas savoir où l’on va, si l’on ne sait pas d’où l’on vient ». Graphiquement je retiens les sphères de l’Ardèche ; le beau char de Lyon 3°, et même les brouettes dansaient avec Lyon 8°. Pour clore ces heures, une école de samba emballe le tout dans les règles d’un art réinventé à chaque pas.