Je venais de lever le nez d’un article faisant part des
problèmes de management de la part du directeur de l’institution culturelle
phare de la ville de Grenoble, attentif, disait-il, à la qualité de vie au
travail mais se retrouvant comme son prédécesseur en face de personnels « épuisés »,
« infantilisés », ne siégeant plus au C.A. par crainte de
représailles.
La saison des spectacles s’ouvrait sous de contrariants
auspices.
Et la feuille de salle laissait craindre le pire :
avec « espace-temps totalement
déconstruit »
et « autre
manière de déconstruire notre rapport à ces représentations volatiles ».
Après que furent distribués des bouchons d’oreille laissant
prévoir quelque puissant son,
ceux-ci s’avéraient inutiles dans un début
interminable avec voiture électrique télécommandée dépouillée de sa carrosserie
avançant et reculant sur fond de quelques aboiements.
Et puis arrivent les danseurs et quand ils sont tous là, les
vrombissements de la musique nous font vibrer et le propos devient clair :
les rivalités virtuelles nous atteignent.
Des bagarres chorégraphiées
magnifiquement expriment parfaitement les harcèlements Internet.
Les uniformes sous cagoule disent bien l’anonymat toxique et
la recherche de notoriété précaire.
Plus tard il sera question de jeux vidéo où se brouillent
les identités jusqu’à un final époustouflant où la didactique s’oublie dans les
étreintes.
La cohésion du groupe de seize danseurs excellents, puissant, dynamique, respecte les diverses
personnalités.
Le limpide projet, bien qu’aucun mot de français ne soit
prononcé, confronte réel et virtuel sous
l’abondance des images. Un spectacle beau et original.
Nous espérons voir cette année d’autres salles, comme ce
soir, entièrement debout pour applaudir.
Nous apprécions des esthétiques différentes, Guy. J'aurais vraisemblablement vécu cette... "performance" comme une agression pour mes oreilles et mes yeux.
RépondreSupprimerJe m'en fous de voir des dénonciations de notre modernité pour la bonne cause. Trop d' "artistes" (et pas que), semblent penser que leur rôle est surtout de dénoncer la modernité pour nous rendre plus vertueux (voir dernier post) ? Pour être des prophètes de la bonne cause ? Je ne partage pas leur appréciation de leurs... PRESTATIONS.
Mais en dénonçant dans leurs spectacles, ils participent à leur manière à nous rouler dessus comme le rouleau compresseur de la modernité 21ème siècle. Je ne veux pas de ça au spectacle ; je veux un répit de ça qui ne soit pas cucu la praline en même temps, et il y a peu de ça.
L'époque m'a dépassée en... pouddinguisme ? Cela me semble un néologisme adéquat pour rendre compte de là où on est en ce moment alors que nous recevons des injonctions paradoxales à ne pas juger au point d'en être gavés.
Contente de ne pas avoir été dans la salle...