samedi 16 septembre 2023

A prendre ou à laisser. Lionel Shiver.

Convaincu par « Le masque et la plume », je passe le lendemain à la librairie derrière un client qui vient de commander ce roman sur la fin de vie déjà en rupture de stock, titré par l’auteure américaine installée en Angleterre : « Should I Stay or Should I Go » (The Clash).
Après la mort d’un père au bout d’une longue dégénérescence, un couple de quinquagénaires décide de se suicider quand ils auront 80 ans,
« Avant de coûter un bras à nos compatriotes pour survivre à l’état d’imitations grotesques de ce que nous étions jeunes ou comme de simples outres à souffrance. » 
L’auteur, sans que cela tourne à l’exercice de style, déploie toute son imagination pour inventer plus d’une dizaine de scénarios possibles après cette décision difficile. 
« J'ai un peu l'impression d'être au milieu d'une flopée d'intrigues incroyables et de devoir soudain rendre les romans commencés à la bibliothèque. »
L’intime le plus dérisoire se mêle aux questions fondamentales du choix de la sortie où sont mis en jeux les pouvoirs dans le couple, les choix d’une vie au temps du Brexit et du confinement. Lui est un ancien médecin, sa femme Kay, infirmière : 
« Pour Kay Wilkinson, le fait que le Royaume unis reste ou non membre de l’UE - ou de l’OTAN ou des Nations Unies ou du Commonwealth - se situait au même niveau que sa participation ou non au concours de l’Eurovision. » 
L’humour permet de passer d’une résidence haut de gamme à des établissements sordides au personnel malfaisant, jusqu’à la science-fiction la plus débridée, d’une planète ensauvagée à un monde apaisé. 
« Au lieu de forcer leurs populations affamées et révoltées à fuir à l’étranger en quête d’ «un avenir meilleur », les chefs de gouvernement africains supplièrent leurs diasporas de bien vouloir revenir au pays pour occuper des postes bien rémunérés qui n’attendaient qu’elles. » 
Ces 280 pages très vivantes évoquent une tendresse indestructible, la solitude, la trahison, entre deux verres de Sauvignon. Le panorama des affres de la vieillesse se laisse voir sans pleurnicheries derrière les portes où attendent des représentants de la rupture générationnelle, vivement campés: 
« En sus de la montagne de comprimés à avaler plusieurs fois par jour, les bilans incessants, les analyses de sang, d’urine, les coloscopies, les tests auditifs et ophtalmologiques, les pesées, les analyses de selles, les électrocardiogrammes et les IRM étaient manifestement le prix à payer pour quiconque dépassait sa date de péremption sur terre. »  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire