vendredi 13 mai 2022

Burkini.

« Le burkini est un non-sujet » a dit le maire de Grenoble qui venait de lancer le sujet. Malheureusement, Eric Piolle n’a pas été admis en propédeutique présidentielle, on aurait eu des occasions de rire.
A l’heure où les femmes afghanes doivent à nouveau se recouvrir de la burqua, les dames du monde attendraient d’autres signes venus de France que cette remise sur le tapis d’un motif de division dans notre société.
Si les argumentations concernant l’hygiène me semblent avoir vocation à détourner le regard, le ton monte cependant. 
Poutine dit combattre les nazis et son Peuple le croit. 
A un autre niveau mais dans la même perversion des mots, les contestataires de la démocratie chérissent les appellations qui désignent nos valeurs pour les retourner. 
Après le foulard, les militantes de l’ « alliance » dite « citoyenne » revêtent une cuirasse de bain en polyamide et comptent bien faire des émules.
Au nom de la laïcité, l’invisibilisation des femmes se multiplierait aussi à la piscine.
Au nom de la liberté, seins découverts ou très couverts seraient mis sous les mêmes regards.
Quand au nom de la décence, une mèche mettrait en émoi le moindre mâle, d’avoir à faire trempette au milieu de femmes-grenouilles peut contrarier l’amateur qui préfère les cuisses batraciennes bien farinées. Quelques tétons insolents pourraient par ailleurs choquer celui qui cultive ses poils au menton tout en réprouvant leur apparition au dessus du front de sa moitié.
L’invocation de l’égalité homme-femme de la part des activistes qui ont imposé leur revendication à l’ordre du jour du conseil de la ville de Grenoble est cocasse.
De la même façon que le fait d’être un homme interdirait d’avoir un avis sur la question : 
« A chaque fois, ce sont des hommes qui disent aux femmes comment elles doivent s'habiller. N'est-ce un peu patriarcal ? » faisait remarquer un intervieweur de FR3 à Henri Touati, créateur du festival des Arts du Récits, un des initiateurs de la pétition anti-burkini.
Le même animateur a-t-il reproché son genre au si peu responsable de la municipalité auteur d’un non-sujet ? Le stratège du Boulevard Jean Pain pensait gagner des voix, ce n’est pas forcément dans la poche.
D’autre part, la woke attitude se serait-elle emparée de l’antenne régionale ou simplement l’inculture et la couardise gagneraient-elles du terrain ? On ne va pas s’interdire de causer des femmes parce qu’on est homme et réciproquement, de la jeunesse parce qu’on est vieux et inversement, de l’Afrique parce qu’on est blanc et vice-versa, ni des journalistes parce qu’on n’est qu’un spectateur. 
La laïcité était le marqueur de la distinction droite/gauche du temps de Peppone et Don Camillo. Maintenant que tout est brouillé, le plus piètre des arguments renvoie du côté des suppôts de Vauquiez, si est cité l’un des grands principes de la République : 
« chacun est libre de croire en un dieu ou plusieurs, de ne pas croire, de changer de religion, d’adopter ou d’abandonner une religion. » 
Ce qui se joue sur les gradins de la piscine Jean Bron, c’est le conformisme et non pas la douce cohabitation du biquini et du burkini. 
« 1,2,3 elle a peur de montrer, quoi ? 
Son petit itsi bitsi teenie weenie tout petit petit bikini 
Qu'elle mettait pour la première fois 
Un itsi bitsi teenie weenie tout petit petit bikini 
Un bikini rouge et jaune à p'tits pois » Dalida.
Dessin de "Courrier International"

2 commentaires:

  1. Ce qui est chouette sur ce blog, c'est que je peux pousser la porte du saloon, faire mon petit commentaire, et pas lire des tartines d'autres personnes qui ont la pulsion de s'exprimer à une époque si... anonyme. Cela m'épargne de passer plus d'une demi-heure à lire des commentaires souvent très intéressants d'un blog où, (o horreur, o joie...) il y a parfois, mais si rarement une réelle... DISCUSSION. Non pas un échange d'insultes en guise de... pensée(s), mais une discussion.
    Par le passé, ça existait, mais maintenant je crois que c'est plutôt mort. Un peu partout, d'ailleurs. Sur le web, dans les salons (quand les gens se rencontrent dans les salons/salles à manger, cela devient rare...).
    Oui, je crois qu'on peut dire que nous vivons dans un monde qui ne sait plus faire la différence entre sa gauche et sa droite, son Nord, son Sud, Est, Ouest, etc. Un monde qui tâtonne pour son orientation un peu partout. Beaucoup d'incertitude.
    Cela ne peut que mettre en valeur à quel point nous nous étions... endormis, surtout nous, la génération des baby boomers, depuis pas mal de temps. Nous nous sommes imaginés que l'Homme (et oui, je continue à mettre la femme... derrière, sans l'intention de lui/ me manquer de respect, mais des fois, la possibilité d'échapper au projecteurs braqués 24/24h est... REPOSANTE, disons...) allait continuer son gentil bonhomme de chemin, s'enfonçant un peu plus dans la gentille... domestication, jusqu'à ce qu'on soit tous en train de se tenir les mains, et se regarder dans les yeux avec de grands sourires, dans le grand Paradis sur Terre que nous avons ambitionné de construire pour nous montrer plus forts et plus performants que notre... Dieu.
    (Suite)

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  2. J'ai envie de faire un peu de spéculation ici sur une des raisons qui font que maintenant, dans les grandes villes américaines, à Los Angeles, à San Francisco, où le phénomène est pire, il y a un nombre incroyable de sans abris dans les rues.
    Le Français... moyen croit que c'est parce que ces "pauvres" gens sont des opprimés par le système, victimes de méchants néolibéraux qui ne respectent pas leur "droit" d'être logés. Mais ces sans abris sont en majorité des drogués qui vivent une existence de "main à la bouche" comme on dit chez nous. Ils vivent ainsi d'après moi, et d'autres, parce que ce qui pourrait les faire rêver, leur donner... DU DESIR est mort en eux. Ils végètent.
    J'en viens à la burkini. Mon beau père est né en France aux alentours de 1930. A cette époque, et même après, il était fréquent que les femmes se couvrent la tête, dans l'Eglise, et même ailleurs, probablement.
    En tout cas... les femmes devaient COUVRIR QUELQUE CHOSE. Non pas parce que les méchants patriarches l'exigeaient, mais parce que c'est ce qui est caché qui fait naître LE DESIR. Cela fait naître... le fantasme. Le fait de fantasmer sur les femmes...Je n'arrive pas à comprendre pourquoi bon nombre de femmes estiment que c'est un.. INSULTE qu'un homme puisse fantasmer sur elle. Pourquoi le désir, et surtout le désir d'un homme, est devenu.. obscène.
    Le vêtement fait l'Homme. Le fait que l'Homme CACHE quelque chose fait l'Homme.
    Pourquoi la mentalité.. moderne, partagée par hommes et femmes, est si.. sincère, si zélée dans le désir de détruire ce qui est caché dans nos sociétés ? Cela ne me semble pas.. SAIN.
    Et j'ai déjà dit que cela me semble symptomatique de ? je ne sais pas quoi, qu'hommes et femmes ne puissent pas imaginer que la femme elle-même pourrait DESIRER porter le voile par et pour elle-même.
    Notre propagande est si tonitruante que nous ne pouvons pas l'imaginer.
    Il y a un monde entre une femme qui est cachée de la tête au pieds, et... une femme qui couvre sa tête. Et les chemins entre celles qui cachent tout, et celle qui révèlent tout (ou presque...) se retrouvent dans le "tout"...
    Comme quoi "nous" serions plus intégristes que nous le croyons ? Sans doute... Normal.
    "Nous" nous sommes méchamment polarisés sur ces questions au point où nous ne voyons même pas combien NOS attitudes réduisent la femme à un pur.. objet victime et passif, dans un dévoiement ahurissant du féminin.
    Mais ça fait longtemps que je sais que, qu'il s'agisse d'un individu ou d'une société nous sommes nos pires ennemis...

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