samedi 12 mars 2022

Des bons gars. Arnon Grunberg.

Le bandeau publicitaire annonçant « le Houellebecq néerlandais » n’était pas justifié à mes yeux, par contre l’illustration de la première page avec ses personnages à l’allure de Playmobil annonce le ton clinique de ce livre d’observation d’étranges comportements en milieu ordinaire.  
Une écriture froide convient pour décrire la vie d’un pompier, père de famille taiseux qui se nomme lui-même « Le Polonais » : 
« J’ai toujours répondu la même chose : je veux être un bon père et un bon époux, et à la caserne je veux être un bon pompier. Mes réponses étaient banales ? » 
Mais au bout des 493 pages bien des dérapages et des malheurs ont surgi, dans un climat où l’horreur et l’ennui sont traités avec la même impavidité.
Sans avoir l’air d’y toucher, l'auteur aborde de graves sujets : être d’une ville, d’un pays, réussir sa vie, l’amour, la mort … 
«  Pour lui, prier était un passe-temps des gens d’autrefois, quand il n’y avait pas de Smartphones. Ils communiquaient avec Dieu parce qu’ils n’avaient pas de jeux pour se distraire sur leurs téléphones, pas de SMS à envoyer. » 
Le plaisir du lecteur sera davantage dans la découverte de la singularité d’un auteur, sa force dérangeante, que dans le soulagement d’un dénouement heureux après un parcours semé de fleurs.

1 commentaire:

  1. En lisant les extraits de ce livre que tu mets, je me dis qu'il s'agit d'une anti-littérature. Dans le style anti-art, anti-musique, anti-beauté, anti-grâce. Le style puéril ras-les-pâquerettes où se complaît une civilisation fatiguée de... durer, et qui cherche désespérément du nouveau.
    Je ne vois pas pourquoi j'ouvrirais un livre d'anti-littérature, même pour me "dépayser", ou pour me prouver que je suis quelqu'un de "curieux, ouvert, tolérant".
    Je lis ce billet juste après avoir dégusté le dernier chapitre de Pièces et Main d'Oeuvre, où j'apprends comment les Pays Bas ont joué un rôle déterminant dans l'industrialisation de l'Angleterre, grâce à la Maison d'Orange, et le o combien industrieuse influence du culte protestant néerlandais sur le sol anglais, au dépens de la Grande Romaine. (Mais William Shakespeare avait déjà très bien traité le problème dans "Le Marchand de Venise", en fustigeant le Protestantisme mercantile en la personne de l'usurier juif Shylock, qui n'est pas déshumanisé dans la pièce, tout de même.) C'est pourquoi cela ne m'étonne pas plus que ça de lire les tristes lignes de ce triste auteur... néerlandais, si j'ai bien compris. A une époque où l'esprit du Protestantisme sape jusqu'aux fondements de la Grande Romaine, je veux encore résister.
    Je dois dire, que je ne vois rien de.. singulier, ni dans le contenu, ni dans le style de ce que tu nous mets là.
    A la hauteur d'un repas au restaurant universitaire à Paris, en 1979, et ça date.
    Je passe... on l'aura compris...

    Pour prier... un souvenir : l'indignation de ma belle mère dans le temps à l'idée des bonnes femmes à genoux, à l'église, en train de prier, alors que les "bons gars" étaient derrière, silencieux, debout, en train de les regarder, ou même au bistrot.
    Cette image choquait ma belle mère. Ce qui la choquait par dessus tout, c'était d'imaginer... les bonnes femmes à genoux en train de prier à l'église, alors que les braves gars restaient debout.
    Ce qui ne la choquait pas... c'est pourquoi les "braves gars" étaient au dessus de se mettre à genoux pour prier Dieu.
    Pour ma part, je me permets le luxe d'être choquée qu'il n'y ait pas plus de "braves gars" (ou de bonnes femmes...) à genoux en train de prier Dieu.
    C'est quand on refuse... d'obéir à Dieu, (et pas ((forcément)) à Emmanuel Macron...) et le reconnaître comme maître que la catastrophe arrive, et l'arroseur finit toujours par être arrosé. Tôt ou tard.
    Fin de prophétie pour ce matin. Et ce n'est même pas dimanche...

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