Il n’y a pas besoin de solliciter Prévert, le poète des écoliers et de ceux qui
les encadrèrent, pour aller à l’essentiel de nos impuissances.
Des images d’enfants noyés avaient déjà clignoté sur nos
écrans, mais les petits de cette saison qui attendent avec leurs doudous sur
les quais de gare n’ont guère attendri Poutine, l’ennemi de l’heure, pas si
seul que ça depuis son Kremlin, puisqu’il faut complices et mercenaires pour
faire avancer ses machines de mort.
Aurait-on oublié l’image d’une petite vietnamienne
dépouillée de ses habits, courant éperdue après le largage d’une bombe au
napalm en 1972 ? Elle a pardonné et nous sommes passés à autre chose.
Pour éviter de me perdre dans un rappel vertigineux de la
noirceur de nos semblables, au miroir de nos veuleries, je me replie dans le périmètre hexagonal.
L’expression « les passions tristes » peut
s’appliquer aussi bien du côté des forces brunes frangées de tricolore, que sur
le versant vert version rousseauiste (Sandrine) où se croisent badines et
fourches caudines.
Les affamés des terres lointaines ne se préoccuperont pas de
la présence de gluten dans le pain qui leur manque.
Roussel vient poser un verre de
rouge bienvenu au coin de nos habitudes pour desserrer nos éternelles culpabilités de
fêtards de jadis devenus peu indulgents avec les teuffeurs qui
nous avaient mis en pétard lors des confinements.
Depuis le temps que divers faits fascinent les foules, quand
l’assassin de Maëlys est
jugé : « perception de soi
grandiose, transfert sur autrui de ses propres tourments »
d’autres grandes gueules pourraient s’y voir.
Nous regrettons l’abus des petites phrases, tout en nous en
délectant pour éviter les grands sujets : retraites, laïcité, fiscalité…
éducation. Quant aux sujets encore plus vastes: réchauffement, pandémie,
guerres, démographie, énergie … ils pourraient au moins faire oublier les
« e » avec un point, de trop ou de pas assez, qui occupent nos
penseur.e.s.
Dans l’open space Internet les opinions s’affichent, souvent
sous pseudos. Il n’est pas un reportage où ceux qui s’expriment désirent ne
pas se nommer. C'est le même mutisme de place du
village où l’on se gardait bien de faire savoir pour qui on votait à
l’exception de mon papa, fier de ses convictions, dont j’essaye de poursuivre l’honnête
démarche : pour moi ce sera Macron !
Mes plaidoyers envers le chef de l’état ont désolé quelques
un.e.s de mes camarades attristés de l’état de leur gauche, mais
maintenant qu’un des pépères du souverainisme, le « Che » vient
d’apporter son soutien à l’Européiste Macron, je me sens du côté de l’histoire lorsque les républicains de deux bords se rejoignent.
Je suis de la troupe des
arthritiques aimant voir la souplesse du jeunot et son courage.
Sur la photo de
famille des dirigeants de la planète, il porte beau les valeurs de notre pays.
Sa capacité à s’adapter force mon respect, quand ses opposants ne savent que
s’opposer sans nuance depuis le départ et quelles que soient les directions prises
dans un sens ou un autre.
Sa constante conviction européenne se concrétise à la
faveur des crises : la voie de la souveraineté est bien à cette échelle.
Le
« en même temps » me convient, même si j’ai abandonné tout rêve de
concorde au détriment d’une validation par le feu croisé des droites et des
gauches devenues de plus en plus excessives.
La décroissance du chômage est engagée au point que cette
préoccupation a disparu des débats.
Les attaques constantes ont fortifié mes réflexes
légitimistes qui m’ont conduit à accepter par ailleurs la victoire d’un Piolle
ne manquant pourtant pas d’exciter des critiques, sans que son bon droit à
diriger soit remis en cause à tout bout de champ.
Ce
simplisme des Contretout a découragé mes fidélités quand la combinaison de la
justice et de l’efficacité devient aussi difficile que la réconciliation de la
bonté et de la brutalité, la noirceur des constats recouvrant un peu ou
beaucoup le rose du fol espoir.
Je retrouve un réflexe enfantin d’une sympathie
envers celui qui reçoit tous les coups : un comportement de gauche,
non ?
.....
Le dessin vient du "Courrier International".
Je suis allée en ville cette semaine.
RépondreSupprimerC'était triste. Ça fait longtemps que Grenoble est triste. Cela m'a mis mal à l'aise de sentir à quel point il y a un manque de... sens parmi nos contemporains. De but. Le commerce est sinistré dans la ville. Les derniers commerces d'une... noble bourgeoisie, attachée à des choses bien faites par des travailleurs avec un savoir faire fiers de travailler, ferment les uns après les autres, et sont remplacés par des franchises qui tournent, ou des fast food. On sent que l'argent facile, sale n'est pas loin. Je vois le déclin de la grande ville européenne, sur le même plan que le déclin de la grande ville américaine, qui ne se porte pas bien du tout.
Je ne sais pas si Emmanuel Macron porte les valeurs de notre pays. Je l'admire pour le "et en même temps", mais c'est tout. Pour le reste je trouve qu'il est un symptôme d'une république qui se sent terriblement menacée.. par ? Difficile à dire ; je pourrais faire des hypothèses, mais ne le ferai pas ici.
Je ne me retrouve pas dans le portrait que tu fais de ses opposants, tout de même. J'ai... des arguments pour contester ses prises de position. Je ne sais pas si quiconque, dans le contexte actuel, pourrait... sauver la république, mais il vaut certainement la plupart des autres. Des fois, quand le contexte est ce qu'il est, Jésus lui-même ne pourrait pas faire mieux. C'est ça, la vie (sociale et politique).
Pour le chômage, je trouve que tu regardes trop les chiffres. Trop de gens regardent les chiffres en se disant que ces chiffres valent FORCEMENT.. pour eux. Ce n'est pas toujours vrai.
Encore pour le chômage, on peut fustiger la jeune génération pour sa paresse, mais pour certains, la perspective de passer la vie devant un écran... en étant vendeur, banquier, ne vend pas bien... le travail. Il y a des jeunes qui ont soif d'autre chose que ça. Peut-on leur en vouloir ? D'après ce que je vois un peu partout dans l'espace publique, le travailleur... souffre du côté abrutissant du travail. Abrutissant pour plein de raisons, mais SURTOUT parce que nous croyons que le travail DOIT ETRE ABRUTISSANT. Nous sommes revenus à notre mentalité méditerranéenne (et pré-chrétienne) de l'équation travail=esclavage. Si, si. Avec l'idée du travail abrutissant, il y a le problème du.. CAMP de travail, qui est... un peu partout, et surtout dans les têtes. Petit rappel : le mot "camp" renvoie à l'organisation.. militaire. Et oui... la guerre n'est jamais loin.. DANS NOS TETES. Même quand nous nous croyons de farouches défenseurs de la paix, d'ailleurs. (Je ne suis pas une farouche défenseuse de la paix inconditionnelle. Je dis... tout cela est bien compliqué.)
Pour en revenir au travail, il est une... valeur en perte de vitesse, en même temps que la République (moderne) semble être fondée sur l'idée que nous DEVONS tous (pouvoir...) travailler pour gagner/mériter nos vies.
Une idée qui a.. vécu ?