jeudi 16 septembre 2021

Rencontres de la photographie. Arles 2021.

La 52 ° édition n’a pu se tenir l’an dernier; elle s'est déroulée cette année comme naguère en juillet mais certains lieux d’exposition étaient déjà fermés au moment de la féria du riz à la mi-septembre.
Nous avons pu renouer avec la ville qui nous émerveille à chaque visite en nous laissant à chaque fois des espoirs de découvertes prochaines.
Heureusement que la vérité des images supplante les mots à la mode, en particulier ceux du nouveau directeur des « Rencontres »  issu  du milieu de l’art contemporain comme une brève citation permet de le deviner : « penser l’écologie du festival comme sujet majeur, la réécriture de l’histoire post coloniale, la question des femmes photographes et de la représentation du corps noir. » 
Et quand il choisit une terne photo, et brode :  
«  regard vers le ciel, vers les astres, vers notre origine… » 
bien d’autres commentaires pourraient orner les montages simples, efficaces de Girma Berta, s’imposant sans baratin, dans "Le jardin des voyageurs" où le répulsif à moustiques est de rigueur.
J’ai préféré des vues inédites de grandes villes africaines 
 et l’évocation de l’Orient Express
plutôt que les poses de la « New black vanguard »
ou l’exposition de numéros de la revue de la revue «  Neuf » créée par Robert Delpire pourtant un acteur majeur de l’édition photographique.
Accoutumé aux utilisations judicieuses de lieux parfois grandioses, l’hommage rendu à "Jazz magazine" m’a semblé trop touffu pour l’amateur mal éclairé que je suis.
Dans des approches très différentes,
Pieter Hugo peut nous bouleverser avec ses portraits 
et Stephan Gladieu révéler des Coréens (du Nord) dans des attitudes conventionnelles.
De la douleur sourd dans «  les Echos système » puisqu’il est question de décolonisation, de migrations à la fondation Manuel Rivera-Ortiz,
mais transparait aussi dans la recherche de la masculinité des années 60 à nos jours.
J’ai choisi un collage en entête pour illustrer la diversité des points de vue, il aurait pu être de Charlotte Perriand qui en composa de gigantesques à la mesure des espoirs des années 30,
ou célébrer la beauté, valeur oubliée, comme les eaux au plafond de la chapelle de la Charité.
Si les informations à propos du soulèvement populaire au Soudan en 2019 étaient utiles,
la rétrospective de Sabine Weiss figure pour moi un sommet : 
à 97 ans elle se revendique comme artisan.
Elle a gagné sa vie dans le « chic » et la reconnaissance d’une appartenance à la photographie humaniste de Doisneau avec ses « morveux » de la rue. La familière de New York ne se disait pas « Street artist ». Il y avait bien dans ses planches contacts de quoi faire une affiche pour partager son bonheur: «  j’ai aimé ma vie, mon mari, les gens, mon métier »
plutôt que la lettre envahissante de cette année avec homme vacant, souffrant théâtralement sur fond désertique flou.
Mais la ville est riche et dans des galeries ou sur les murs, au hasard des rencontres qui ne se mettent pas entre guillemets, on peut voir encore de belles images et envoyer aux amis et à mes petits, quelques clins d’œil.

2 commentaires:

  1. Merci. Je suis heureuse de partager ta sensibilité dans cette présentation.
    La vacuité de notre propagande m'afflige à un point tel que j'ai arrêté les médias, même ceux du service public où j'ai obtenu toute une éducation artistique par le passé. C'est triste.
    Merci pour l'évocation de Sabine Weiss, qui a l'air d'un... artisan au service de son art, si je puis dire. En sachant qu'à l'heure actuelle, la plupart des gens qui se disent "artistes" sont au service de leur propre personne.
    Triste, encore.
    Merci pour le portrait de la très belle africaine qui a une tête pas loin de ma grand-mère maternelle. En tout cas, une expression. J'aime voir les portraits des personnes comme ça, qui ont manifestement.. vécu, construit une expérience, un savoir de leur expérience, et n'en ont pas honte.
    Ecce homo. Ça vaut pour les femmes aussi, à leur manière, où qu'elles soient.

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  2. nous étions presque en même temps à Arles! rencontres riches, tellement riches qu'on a du mal à tout voir, j'en ferai un billet bientôt sur mon blog, je crois que nous n'avons pas vu exactement les mêmes choses (c'est normal étant donné le caractère vaste de l'ensemble).

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