vendredi 10 septembre 2021

Tapis.

Il se trouve sûrement parmi les gueulards du samedi, certains qui souhaitent que les embarqués des barcasses méditerranéennes accostent dans notre dictature.
Ils se proclament le peuple, mais malgré leurs drapeaux, ils ne peuvent se prévaloir d’appartenir à la patrie de Pasteur, tant ils font honte à La France. Ils défilent avec des xénophobes virulents tout en récusant ce voisinage sans se demander pourquoi ils sont ensemble. Ils illustrent les dérèglements des sens en politique.
Quand des soignants ne désirent pas être vaccinés donc soignés, il peut bien y avoir des anti pass pour regretter que ce dispositif éloigne des patients qui se tiennent loin des soins qu’ils refusent. Des fumeurs font collection de paquets toujours plus convaincants pour arrêter de fumer.
Les jouisseurs des divisions de la société alimentent la division et ceux qui déversent leur haine répertorient les haineux qu’ils alimentent, quand depuis la cour de récré : « c’est pas de ma faute ! » Alors sous la forme «  c’est qui ? » revient la rumeur médiévale des juifs responsables de la peste. Des années d’école pour ne savoir ni l’histoire, ni parler anglais, ni «  le vivre ensemble » qui tant les berça. 
La capacité de l’homme à pourrir la vie des autres et la sienne est stupéfiante : au-delà des promotions personnelles quand certains ont besoin de dénigrer les autres pour se faire valoir, il ne devrait pas être utile d’asservir sa compagne pour prouver sa foi.
L’hystérisation des débats me pousse à l’hystérie et les grands mots m’assaillent qui me feraient prendre la moindre impolitesse pour une crise de civilisation.  
« Les idéalistes ont les mains propres mais n’ont pas de mains »
moi les bras m’en tombent quand je vois des bibliothécaires ne pas prendre leur part dans la lutte contre la pandémie, quand des supporters privés de jeu interrompent les matchs, quand des savants se consacrent au sexe des mots et ne peuvent pas voir la crise d’une civilisation dont ils manifestent un des symptômes, quand le sort des poulets en batterie préoccupe davantage que le discrédit des « poulets » qui nous protègent.
Pour avoir déploré l’effet de loupe, 
je ne manque pourtant pas de me casser le nez sur ces aberrations logiques irréductibles qui m’entrainent à m’éloigner des fils info où la politique que tant je chérissais m’éreinte. Les abstentionnistes ne manquent pas.
Il paraîtrait que la morale supplanterait la politique, mais conditionnée en sachets de tisane sous le label « bienveillance », elle me fait du souci quand « Woke » est invoquée.
Le « moralement correct » inverse les valeurs alors le racisme revient sous le masque de l’anti-racisme.
On disait que la morale judéo-chrétienne était castratrice, les nouvelles féministes vont-elles trouver quelque chose à nous briser ?
Les décoloniaux ont-ils une grille de lecture concernant l’Afghanistan pays jamais colonisé,  bien qu'une grille supplémentaire sous les épaisseurs de la burqua n’élargisse pas le champ de vision.
Mais ces querelles sont bien subalternes, le CNRS semble encore en vacances, quand les déflagrations de Kaboul nous surprennent. Et pour mimer les experts en épidémiologie reconvertis en stratèges  diplomatiques qui trollent les réseaux sociaux, je ne pourrais que m’inquiéter du titre du magazine « Le  Point » : « Et si le Maghreb vacillait… »
Cette région travaillée patiemment par les Frères Musulmans va-t-elle voir les autochtones qui s’appellent eux-mêmes les « derniers pieds noirs » choisir « la valise plutôt que le tapis »?
La victoire éclair de talibans vient après une longue évolution culturelle et seul un sourire devant tant de caricaturale religiosité doublée par de plus intransigeants peut nous épargner le burn d’août.  
Ils ne sont sûrement pas "Charly" mais des qualificatifs communs peuvent les rapprocher d'Hara-Kiri l'ancêtre du journal satirique dont l'intitulé était " journal bête et méchant".

Dessin de Kroll "Le Soir"

1 commentaire:

  1. Je ne sais pas pourquoi, jeune femme, je passais des heures à lire des témoignages sur la Deuxième Guerre Mondiale, venant de champs, de pays différents. Dernièrement, j'ai sorti mon exemplaire de "Une vie bouleversée" d'Etty Hillesum. J'aime beaucoup Etty. Une jeune femme... moderne, avec un regard qui essaie de percer son monde, de comprendre, et qui n'avait pas trop de tabous/inhibitions. Aussi, je crois, une jeune femme née juive qui s'est convertie au Christianisme, mais je n'en suis pas certaine. Je peux me tromper, là.
    J'ai lu une partie de "Mein Kampf" aussi, d'Adolf Hitler, mue par Terence, de l'Antiquité, qui a pu dire "rien de ce qui est humain ne m'est étranger". Mue aussi par la lecture, maintes fois recommencée, de "Macbeth", de Shakespeare, dans ma confrontation avec ce que je suis enfin parvenue à cerner, un peu, la nature du Mal.
    Le résultat de ces lectures a été d'inspirer en moi une sacrée... terreur de ce qui semble débarquer régulièrement, dans la vie de l'Homme, pour le submerger, et dans un monde globalisé, interconnecté, à très grande échelle.
    Une sacrée terreur, qui se... tapit au fond de moi, et fait que je n'ai pas vraiment envie de pointer le doigt sur mon prochain, de vociférer, comme cette foule sans visage qui a hurlé à la mort, et à tue-tête, pour réclamer la mort de Jésus devant Pilate. Cette foule... cette masse ? ces êtres indifférenciés ? attentifs seulement à l'assouvissement de leurs pulsions de détruire. Ils sont universels, ces êtres. On peut les trouver partout, et à toute époque. Les masses... n'ont ni visage, ni nationalité. Leur pays... c'est la haine ? (Encore que la haine est un sacré casse-tête. Elle a sa place, son rôle dans la vie d'un homme ou d'une femme. Elle est... utile. Nécessaire, même.)
    Et à l'heure actuelle, je suis triste de reconnaître que je crois que nous sommes tout près de ce qui a pu submerger nos pas si lointains ancêtres. Je crois que... nous perdons le Nord, comme je l'ai déjà dit. Les mots se dérobent sous nous, comme un tapis qu'on tire sous nos pieds, alors que nous y sommes toujours.
    Oui, j'aime bien cette image. Les mots nous prennent en otage, dans une vis serrée pour faire leur éternel travail de vouloir dire, et dans la différence. (C'est pourquoi je maintiens que le sort de l'Homme est pitoyable. Il n'est nullement maître de son destin.)
    C'est pour ça que j'essaie tant bien que mal de vivre en étant polie avec les personnes que j'ai en face de moi. Autant que possible. Et, quelque chose d'autre qui m'est cher : porter la contradiction, quand je pense que cela peut être utile. Ce n'est pas confortable, mais c'est le lit que j'ai choisi avec le temps, et je me suis couchée dedans...

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