« C’est
toujours à l’imparfait de l’objectif que tu conjugues le verbe
photographier. »
De réfugiés Vénézuéliens en Colombie aux clichés du sultan
Adülhamid II qui lui avaient permis de choisir les prisonniers à amnistier,
nous mesurons toute la force de cet art, même si sur l’autre rabat Alain
Bergala souligne :
« Ce serait
considérablement réduire la photographie que de l’amputer de sa dimension
d’absence, de perte, de ratage et de ne vouloir continuer à y voir,
inlassablement, qu’un rendez-vous réussi avec le réel. »
Et nous continuons à regarder :
Des individus qui ont tout quitté pour vivre à cheval, dans
la forêt, dans le froid, la solitude,
Les survivalistes attendant la fin du monde dans leur
bunker,
Ceux qui s’entrainent pour vivre sur Mars,
En temps de confinement, les mères et leurs enfants en
Australie,
Des femmes saoudiennes aux mariages arrangés,
Des peuples isolés dans le grand Nord russe,
Ou des paumés de banlieue ouvrière en Russie
Des exclus, de marginaux en Amérique...
Il n’y a bien que dans un village espagnol que la chronique
des années qui passent semble douce, mais à faire valoir essentiellement les
marges, les dissidents, un appel à la collectivité pour financer les artistes fragilisés par la
crise sanitaire peut sembler déraisonnable en regard de tant d’autres misères
mises en page sur beau papier.
Les photographies n’auront pas manqué dans la période :
En ce moment, j'ai rarement autant entendu le mot "gagner". Il est partout. On peut "gagner" des disques sur France Musiques, "gagner" des bricoles au supermarché, en plus de "gagner sa vie" quand on peut gagner sa vie. (Se souvenir qu'en anglais, on dit "earn a living", ce qui est difficile à traduire, mais qui suggère qu'on a fait quelque chose pour lequel la contrepartie est d'avoir de quoi vivre. Ce n'est pas tout à fait "mériter", car même une culture protestante n'est pas assez outrecuidante pour asséner l'idée de mériter sa vie, et de quoi vivre.
RépondreSupprimerLa crise a mis sur le tapis de manière incandescente le problème de savoir pourquoi, et pour quoi l'Homme vit, en se demandant si l'Homme vit.. QUE pour avoir du pain, ou la santé ? Il est triste qu'une société/civilisation aussi matérialiste ? ne peut pas reconnaître que l'Homme a une dimension spirituelle aussi à nourrir, et que le grand Art est là pour ça. Je dis bien... le grand Art, à distinguer de la camelote, tout de même.
Pour les marges, les gens à la marge ne sont pas tous des misérables, ni des miséreux, il me semble. Ils ne veulent pas tous être considérés de cet oeil, et de cette attitude qui ne sont pas forcément si loin d'une charité chrétienne si conspuée en ce moment. Certes, il y a un certain regard, parfois photographico-objectif ?, qui peut donner cette impression, mais le grand Art doit pouvoir... transcender ça pour restituer la dignité à la personne humaine.
Je pense qu'un certain regard peut habiller, tout comme il peut déshabiller, et destituer. Ce n'est pas toujours évident de faire la différence.
Merci de tes contributions.
RépondreSupprimerEntendu,Guy.
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