« Le petit avait
perdu sa mère tout bébé et, sitôt qu’il avait su marcher, il s’était mis en
devoir de sillonner Castellamare en long, en large en travers, pour y chasser
le lézard, y distribuer des coups de bâton et dévaler les pentes les plus
caillouteuses et les plus escarpées à califourchon sur son âne en plastique
bleu à roulettes rouges. »
Cet échantillon d’humanité affleure au dessus des forces
telluriques, cerné par la mer qui à la fois isole et réunit ceux qui tiennent à
l’essentiel d’une nature rêche et à ses habitants présents aux autres autant par
les ragots que par la solidarité.
« Il suffit que
le monde ait des ennuis pour que les gens s'intéressent de nouveau aux
miracles. »
La protection de San’Agata est indispensable à ces vies courageuses
dont les capacités d’adaptation sont aussi remarquables que l’intégrité de ceux
qui perpétuent les traditions.
Des contes introduisent chaque épisode et rappellent la
puissance de la parole, de la littérature.
« Dans la poche
intérieure de son uniforme, il conservait son carnet de cuir rouge. La fleur de
lys dorée qui en ornait la couverture s'effaçait et le cuir s'élimait, mais les
histoires lui prouvaient qu'il existait encore, ailleurs, une autre réalité que
celle des tranchées. »
Amedeo d’abord médecin va tenir un café « Au bord de
la nuit » au nom improbable, soulignant pourtant sa position centrale
dans un récit ouvrant sur des réflexions existentielles toujours incarnées
jamais surplombantes tout au long de 575 pages qui se dégustent comme un
limoncello, avec délice.
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