vendredi 29 novembre 2019

Liberté.

Prendre le maître mot, essayer de le sortir de toutes les sauces auxquelles il a été mis, et le poser sur la paillasse du quotidien. Lui et ses acolytes sont des mots gros, ils sont en gras dans le texte.
« Les Français ne sont pas faits pour la liberté : ils en abuseraient. » Voltaire
D’abord essayer d’éloigner ses déclinaisons économiques où sous le libéralisme même éclairé au « néo » c’est bien l’éternel capitalisme qui sévit, allant jusqu’à son versant libéral en ses mœurs, sans tout de même en être réduit à rentrer dans la fabrication d’un cocktail Molotov libertaire.  
Prendre plutôt le mot  « liberté » quand il est brandi pour faire choisir bébé entre un petit pot de patate douce ou une pomme de terre nouvelle.
Dans ce cas domestique, toutes les options ne sont jamais présentées dans leur intégralité et les préférences sont induites. Cette façon de poser des questions dont on connaît la réponse créé des illusions et des désillusions qui annoncent une société de frustrés, d’enfants gâtés jamais rassasiés, jamais contents.
Le terme d’ « autonomie » quoique plus modeste se tient dans ce champ de la réalisation d’un individu léger et court vêtu. Mis à chaque ligne des intentions pédagogiques dès la maternelle, il a été tellement galvaudé qu’il est oublié au moment de l’entrée dans les études dites « supérieures » quand tant de « Tanguy » squattent chez maman. Et les revendications très précoces d’indépendance avec l’affiche sctochée à la porte de la chambre : « interdit à toute personne étrangère » tournent carrément au ridicule quand approche la trentaine. L’argent de poche est accepté ainsi que celui de l’état, mais l’ingratitude pourrait-elle avoir quelque pudeur de temps en temps ?
Le mot « autonome » m’était familier dans mes appréciations portées à propos de bambins en phase de grandir, il a migré vers les degrés qui mènent à la dépendance au moment où les souvenirs se ramassent comme ils peuvent.
« L'autonomie consiste à se donner à soi-même envers l'autre une loi, plutôt que de la recevoir de la nature ou d'une autorité extérieure. » Antoine Spire
Sa rencontre avec le troisième terme de la triade républicaine était fatale quand s’éloigne l’indifférence et que la bonne distance est maintenue entre le « moi » et le « nous ».
 « Autonomie » se conjugue avec « mobilité » qui fut bien un des sujets qui tourna en rond autour des ronds points. Elle monte dans l’automobile. Sous la fumée de son pot d’échappement qui promettait des échappées belles dans les années soixante, la voiture qui rencontre bien des obstacles dans la ville n’est plus nécessaire aux trottineurs; ils ont l’avion.
Pris de tournis, les mots circulent comme ils veulent, en tempête sur les réseaux, ils appellent à la censure des autres. Les enfants de la toute puissance devenus grands s’érigent en juges impitoyables  tout en se maquillant de bienveillance dans d’autres circonstances. Les atteintes à la liberté de parole dans les Universités françaises n’a pas soulevé les foules à l’indignation pourtant toujours disponible. Ainsi le terme «  présumé » qui accompagnait un inculpé avec d’ailleurs des prudences ridicules qui faisait ainsi qualifier un meurtrier pris le couteau à la main, est tombé en désuétude, quand  le tribunal médiatique a pré-jugé avant les magistrats.
« Pour être libre, il fallait d'abord présumer qu'on l'était ». Salman Rushdie
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Le dessin de garde provient d’un journal Iranien Kianoush pour illustrer un article de « Courrier International » consacré à Hong Kong.

1 commentaire:

  1. Dernièrement, il m'est venu une image que je trouve belle pour parler de notre vie d'hommes et de femmes : je trouve que nous tenons debout (pas la même chose qu'"autonome"...) en nous appuyant sur l'autre, qui s'appuie sur nous de manière à ce que nos deux poids, posés sur l'autre nous fassent tenir debout... ensemble.
    On peut dire qu'il s'agit d'un "credo" pour moi, là.
    Et qui dit "credo" dit qu'il... professe de vivre sa vie de cette manière. Qu'il essaie, du moins. Il s'agit aussi, je crois, d'une forme d'humilité, et de reconnaissance de ses limites qui délimitent une liberté possible dans ce monde.
    Celui qui essaie de se tenir debout tout seul, sans appui, sans donner ni recevoir, sans servir ou être servi, ne peut que s'étouffer, et s'écrouler à petit feu, confiné dans sa solitude.
    Et puis, tu connais peut-être un peu de Latin, assez pour savoir que le mot "coluere" nous a donné.... culture, culte, colon, et veut dire "habiter", par dessus le marché. Je te laisse imaginer ce que se passe quand on commence à toucher à ce noeud où les sens sont intriqués depuis des millénaires maintenant...
    Les mots sont des projets et des arbres.Ils sont vivants, et ils vivent dans, et par, nous.

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