samedi 26 octobre 2019

Babylone. Yasmina Reza.

Les dialogues chez Reza dont la banalité est signifiante et drôle rendent ces 220 pages attachantes.
« Ce ne sont pas les grandes trahisons, mais la répétition des pertes infimes qui est la cause de la mélancolie. »
Le titre tiré de psaumes lus par le père d’un meurtrier dilettante me semble pourtant démesuré pour décrire grands et petits désastres parmi les habitants d’un immeuble parisien sans aucun paradis perdu:
« Aux rives des fleuves de Babylone nous nous sommes assis et nous avons pleuré, nous souvenant de Sion. »
Les retours de soirée chez les voisins peuvent être meurtriers et cocasse le sort à réserver à un cadavre. La solitude, les malentendus se sont aggravés sous les bavardages.
La recherche pathétique de l’empathie est vouée à l’échec : le chat objet de soins attentifs se montre bien ingrat, un petit enfant trop gâté est lui aussi déplaisant.
La traque de toutes les hypocrisies peut faire naître des sourires au risque d’une lucidité froide.
« Ce matin, avant de partir à Pasteur, j’ai appelé la maison de retraite de la tante pour prendre de ses nouvelles. La conversation terminée, je pense, tu es vraiment quelqu’un d’attentif, tu t’inquiètes des autres. Deux secondes après, je me dis, c’est minable cette satisfaction de soi pour une action aussi élémentaire. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire