lundi 7 octobre 2019

Un jour de pluie à New York. Woody Allen.

On aime retrouver le drôle de créateur à la drôlerie singulière.
Les mots du créateur nous ont tellement enchantés naguère, mais cette fois, ils n’apparaissent que comme des pastilles sur une trame qui laisse indifférent.
La fille nunuche, le garçon blasé, ne m’ont pas paru sympathiques et même la nostalgie n’est plus ce qu’elle a été : New York n’est qu’un décor et le cinéma une occupation vaine.
Oui, nous avons été de ces naïfs qui voyaient le monde à travers des réalisateurs et l’amour par vedettes interposées, mais si le rock est devenu une musique pour EHPAD que dire du jazz ? Malgré son amour de l’Europe où les orangers sentent si bon, l’on n’écoute plus Woody qui rabâche en bout de table, sauvé récemment par le puritanisme américain qu’on aime tellement contredire. Il renouvelle les acteurs qui le représentent mais ces jeunes ont des comportements, des pensées d’un temps révolu. L’humour est éventé, toute surprise est absente, la verve est émoussée, il ne semble plus croire lui-même à ses scénarios, pour un dernier long tour de piste qui éloigne les bons souvenirs, les moments jubilatoires, la légèreté d’antan.



2 commentaires:

  1. J'irai voir ce film, quand-même.
    J'ai eu un autre son de cloche.
    Dans "Minuit à Paris", Woody voyait déjà d'une manière trop lucide l'évolution de la société américaine, et il n'était pas tendre à son égard.
    Pour ma part, je ne courrai pas pour me mettre dans la diapason, pour ne pas être dupe, comme tu dis.
    Il y a des fois où il vaut bien mieux être dupe qu'initié.
    Régulièrement l'Homme semble sombrer dans le marasme de la perte de ses idéaux, sous le poids de son inéluctable expérience. Une autre façon de dire que plus la vie se poursuit, plus il devient difficile de recréer le monde tous les matins en se levant, comme il faut pourtant continuer à faire...et ça, jusqu'à la fin.
    En quoi on peut rire jaune devant l'utopie aveugle de nous faire vivre, même en bonne santé, jusqu'à 100 ans et plus.
    Il faut être très naïf pour s'asseoir dans cette église, là...
    Je verrai bien comment Woody parvient ou pas à renouveler le monde (et son oeuvre...) tous les matins. Et je ne lui en voudrai pas de pas y arriver comme un jeune premier.
    Après tout... nous vieillissons ensemble, et je peux me permettre de lui pardonner... afin d'obtenir mon propre pardon... de moi-même..

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  2. J'ai vu le film ce soir, et je ne partage pas ton avis, Guy.
    Il me semble que c'est un film avec une ambition littéraire, et que ce n'est pas pour rien que le héros s'appelle Gatsby. Ça fait longtemps que je n'ai pas ouvert mon F. Scott Fitzgerald, mais en vouloir à Woody de ne pas être... moderne quand son ambition serait littéraire me semble un peu injuste.
    Après tout... dans quel monde vivons-nous ? Combien de mondes y a t-il en ce moment, où chacun de nous, comme une petite brebis galeuse, voudrait tracer son propre chemin, à force de ses propres choix ? Ça fait... beaucoup de mondes, me semble-t-il.
    Question : New York est-elle une ville européenne, ou pas ? Suffit-il qu'il y ait de la "culture" et le Metropolitan Opera Compagny pour faire d'elle une ville "européenne", et l'assimiler à une capitale ? Difficile à dire, je crois.
    Le contraste entre l'héritage historique, la culture européenne sur le sol américain, et la vie à Tucson est saisissant, et pourrait nous faire penser à d'autres contrastes plus près de chez nous.

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