vendredi 18 octobre 2019

Les racines de la colère. Vincent Jarousseau.

« Deux ans d’enquête dans une France qui n’est pas en marche » complète le titre de ces 160 pages qui content la vie de huit familles vivant à Denain. La problématique de la mobilité est centrale pour ces personnes modestes aux destins variés pour qui l’injonction de se bouger n’est pas forcément utile: le livreur, le routier, et ceux qui suivent des chantiers ont accepté des conditions de travail difficiles et de longs trajets. Alors que d’autres sont empêchés pour cause de handicap, ou absence de permis de conduire. 
La voiture pour ceux qui en possèdent une est encore un outil de reconnaissance, elle permet d’aller acheter des cigarettes moins chères en Belgique, ajoutant des vapeurs nicotinisées aux fumées du Diesel.
La modicité des loyers dans l’ancien bassin minier où Usinor employait 10 000 personnes jusqu’à la fin des années 70 rend les déménagements difficiles pour ceux qui sont restés dans une de villes les plus pauvres de France d’où un tiers de la population est parti. L’âge d’or de la ville est évoqué en bande dessinée alors que les portraits contemporains sous la forme de romans photos limpides, empathiques, rendent très compréhensibles les raisons de la colère ou du sentiment de fatalité de personnes qui ne sont pas regardées de haut.
Si l’auteur ne cache pas ses opinions qui lui ont permis de pressentir le moment « gilets jaunes », cet ouvrage est utile, car il  a su éviter une condescendance qui a existé parfois même chez ceux qui ont soutenu le mouvement… décidément le registre des mots de 2019 tourne autour de la mobilité. 

1 commentaire:

  1. Quand bien même que la mobilité serait... le contraire de l'enracinement, une vie de nomades à 100 à l'heure, peut-être que ce qui caractérise les Français, c'est qu'ils reviennent.... au bercail... à la longue, à la longue.

    RépondreSupprimer