samedi 13 avril 2019

France-Amérique. Régis Debray.

Ne pas se fier à la première page simplette où une boîte de soupe Campbell, telle qu’Andy Warhol la popularisa, renferme un camembert, pour signifier « un échange de bons procédés » entre France et EU.
Les 230 pages illustrées de façon originale sont bien plus subtiles et riches grâce à l’apport d’une douzaine d’interlocuteurs dont les propos ont été recueillis lors d’émissions sur France Culture par mon intello préféré
« Comment se fait et se refait une civilisation ? »
Pour sortir de la « difficulté d’être contemporain de son temps », les échanges sont fructueux avec des spécialistes : Perico Légasse autour du vin avec quelques bons mots : «  l’évingélisation » entre autres, donne l’occasion de distinguer le Bourgogne, vin gaulois, du Bordeaux, vin marchand, celui de Londres.
Le mélange entre dissidence et conformisme nés des divers protestantismes est discuté dans le chapitre concernant le temple.
En conclusion de l’entretien avec Francis Marmande, un même hommage est rendu aux jazzmen et aux GI de 1944.
Concernant le féminisme, le mouvement qui apprit tant de Beauvoir s’est enrichi en retour d’un néo féminisme qui a contesté l’auteur d’« On ne naît pas femme, on le devient. »
La langue est un sujet sérieux, mais l’histoire de la pizza, qui est passée de la baie de Naples au surgelé, est tout aussi révélatrice de la mondialisation, comme le polar qui « a extrait le crime de son vase vénitien pour le jeter dans le ruisseau » comme dit Chandler.
Et depuis que Tintin, qu’une baby-sitter francophone fit découvrir à Spielberg, est l’objet d’études en sciences humaines, les caractéristiques de la bande dessinée de part et d’autre de l’Atlantique peuvent se rapprocher après avoir mis en évidence nos attitudes différentes à l’égard de l’enfance et des femmes. 
Les déplacements des capitales des arts entre Paris et New York témoignent d’un « commerce équitable » pour reprendre une expression employée à plusieurs reprises.
L’automobile, d’essence libérale a construit les villes, et les « remake » au cinéma illustrent parfaitement le sujet où les emprunts ne gomment pas les distinctions : le « glamour » de Grace Kelly n’est pas du même ordre que le charme de Deneuve.

1 commentaire:

  1. Sympa, Guy.
    Ce que je retiendrai de ton billet, c'est "le glamour de Grace Kelly n'est pas du même ordre que le charme de Deneuve". Je vais le méditer. Encore que... je ne crois pas qu'on puisse réellement parler de "glamour" pour Grace Kelly, qui a été un peu.. une Lady Diana POUR LA FORME, mais a su.. épouser le rôle, la fonction auxquels "on" l'avait.. élevée, si je puis dire, contrairement à Diana.
    Différence d'époque...
    Pour Deneuve, je n'ai rien à dire ; je ne la connais pas assez bien pour bien en parler.

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