jeudi 10 mai 2018

Le nombre d’or. Eric Mathieu.

Je suis décidément de cette culture française résistant aux Allemands du XIX° siècle en particulier qui avaient cherché à mettre en équation les proportions aux divines allures, et persiste en trouvant des attraits à tant de choses disproportionnées.
L’historien de l’art Eric Mathieu a entretenu les amis du musée de Grenoble du nombre d'or en évitant d’insister sur la valeur du nombre mythique :
1, 6180339887498948482045868343656381177203091798057628
parmi 100 000 décimales.
C’est que même l’existence d’écrits de l’omniprésent Pythagore, 6 siècles av JC, est remise en cause, alors qu’Euclide 300 ans avant J.C. mentionne l’« extrême et moyenne raison » pour désigner ses calculs.
Au Moyen-Âge, Leonardo Pisano fait le lien avec le savoir des mathématiciens arabes et à la Renaissance, Lucas Pacioli, rédige « De la proportion divine » avec des planches de Léonard de Vinci. « Lucas Pacioli avec son élève Guidobaldo de Montefeltro », par  Jacopo de Barbari traduit en deux dimensions, un polyèdre : le savoir est mis en abyme. 
Le moine franciscain, inventeur de la comptabilité, né dans la même ville que Piero de la Francesca, fait référence à  « l’homme de Vitruve » en architecture et adresse des recommandations aux peintres.
Jacopo de Barbari dresse un plan aérien de Venise grâce à la trigonométrie avant drones et montgolfières.
Platon avait défini l’univers par 5 solides : le cube pour représenter la terre, le tétraèdre symbole du feu composé de quatre triangles équilatéraux, l'octaèdre avec le double de faces pour l’air, l’icosaèdre a 20 faces pour l’eau, il suffit des douze faces comme les 12 apôtres, au dodécaèdre pour l’univers.
Au XIX° siècle, le prince roumain Matila Ghyka assure la synthèse autour du terme « nombre d’or » que Kepler au XVI° désignait comme le « joyau de la géométrie » où se rejoignent géométrie, mathématiques et mystique. Comme le professeur allemand Adolf Zeising, il relie des observations dans la nature à l’architecture que le φ (Phi) de Phidias signera. Mais des interprétations ethnocentriques voire excentriques et autres « radotages académiques » relativiseront les recherches de ceux qui ont voulu enfermer la beauté dans une seule forme.
De ces spirales d’or et autres « Rectangles d’or » où s’inscrirait par exemple le Parthénon,
l’ésotérisme a fait ses contes, mais nos cartes bancaires et autres feuilles en format A 4 en tiennent compte.
Dans le tableau cintré, du « Baptême du Christ » de Pierro de la Francesca, le sexe est au centre du carré qui est la terre, le nombril au centre du cercle, le ciel; le Saint Esprit souligne l’axe de symétrie.
Sans se perdre dans les réseaux trop serrés qui obscurcissent le tableau, « La naissance de Vénus », dite aussi « Arrivée de Vénus à Cythère » de Botticelli, construite avec la proportion d’Or se devine mieux sous des traits plus simples.
La composition de la médiévale « Pietà de Villeneuve lès Avignon »  fait émerger une dévotion moderne où le chanoine est au niveau du Christ et la vierge au centre.
Alors que Mondrian dans sa « Composition A » multiplie carrés et rectangles dans les règles de l’art, notre conférencier y voit le chaos.
Par contre, il devine une clé de lecture sur le socle dans un «(ro)tondo » où Sainte Catherine et Sainte Rose entourent « La vierge à l’enfant » du Perugin. 
Signac, le pointilliste, dans le sillage de Seurat, nostalgique d’un âge d’or, a cherché aussi entre impressionnisme et fauvisme du côté des symbolistes : les proportions de l’ «Entrée du port de Marseille » se jouent en 2 – 2 – 1 – 2 – 2 –1/2.
Une cheminée d’usine est au centre de « L'Estaque »  de Paul Cézanne,
 ce tableau  fut légué par Caillebotte dont on peut diviser « Rue de Paris, Jour de Pluie » en quatre pour en apprécier l’équilibre.
 « Avant de disparaître totalement du monde, la beauté existera encore quelques instants, mais par erreur. La beauté par erreur, c'est le dernier stade de l'histoire de la beauté ». Kundera

1 commentaire:

  1. Gageons que la beauté disparaîtra totalement du monde... avec l'Homme.
    Ou... en tout cas, avec l'Homme selon ma définition, la définition de mes pères, et des pères de mes pères.
    J'espère que je serai belle et bien morte avant.
    Et n'y vois pas un délire mélancolique, stp, car ce n'en est pas un.
    Je ne souhaite pas m'adapter, point basta.
    Tous les gentils bien pensants qui rêvent de me dire que... encore un effort, et je saurai m'y adapter, je les envoie au diable.
    Je relève... un moine franciscain, inventeur de la comptabilité... pourquoi est-ce que ça ne me surprend pas ??...
    Le tableau de Piero della Francesca est magnifique.... un très grand maître.
    Merci pour les belles images.

    RépondreSupprimer