Le musée Marmottan et celui du Luxembourg ont relancé l’intérêt pour « Le premier des impressionnistes » comme l’honore une des expositions, alors que l’autre lui est consacrée sous le titre: « La nature retrouvée » après 40 ans d’absence de Paris.
Né en 1830 à Saint Thomas, aux Antilles alors danoises, d’un
père marrane et d’une mère créole, il va étudier en France à Passy où son don
pour le dessin est encouragé. Autoportrait.
Revenu dans le magasin de quincaillerie familial pour cinq
ans, il part au Venezuela, avec le peintre Fritz Melbye,
un ami déterminant dans sa carrière comme son frère Anton. Paysage tropical.
Il arrive à Paris juste avant la fermeture de l’exposition
universelle de 1855 qui l’impressionne pour longtemps avec ses Courbet,
Corot,
Théodore
Rousseau et surtout Millet, source de bien des sensibilités en
peinture.
Avec les trois derniers de cette prestigieuse liste auquel s’ajoute Daubigny
et son Bateau atelier, « l’école de Barbizon » qui peint
face au sujet est au complet.
Il fréquente l’académie du « Père suisse » où il
rencontre Monet,
Cézanne et
devient ami avec Sisley et Renoir. La biographie du « patriarche
des impressionnistes » est une histoire collective où il avait une place
reconnue.
Il se met en ménage avec la servante de ses grands parents
avec laquelle il aura 8 enfants. Il vit à Pontoise. Le choix des modèles étant dicté
souvent par l’économie, Jeanne dite Minette fut mise à contribution.
Route enneigée à
Louveciennes. Il refait le monde dans les cafés avec Monet mais dreyfusard, il se
fâchera avec Degas.
Maupassant, le canoteur, a loué une maison pas loin de La
Grenouillère établissement de bains sur la Seine qu’ont peint Renoir et Monet,« Madagascar de la Seine »,
« Cap des torses » il avait écrit :
« Ce lieu sue la bêtise, pue la canaillerie et la
galanterie de bazar. Mâles et femelles s'y valent. Il y flotte une odeur
d'amour, et l'on s'y bat pour un oui ou pour un non, afin de soutenir des
réputations vermoulues que les coups d'épée et les balles de pistolet ne font
que crever davantage. » Les bains sont mixtes.
Dans les années 70, devant l’avancée des Prussiens, beaucoup
d’artistes se réfugient à Londres où se trouve aussi le marchand Paul Durand-Ruel qui diffusera largement les
œuvres impressionnistes outre atlantique. Lorsque Pissarro revient, son atelier
a été pillé, il ne reste qu’une quarantaine de toiles sur les 1500 qu’il avait
entreposées.
Effet de pluie au Valhermeil, Auvers-sur-Oise doit à Turner,
quand les couleurs se délitent dans la lumière.
La route de Versailles, au petit matin est subtile, la peinture
climatique n’est pas gelée, si on laisse les couleurs venir.
La Barrière s’inscrit
dans une narration, révèle les formes où l’arbre troue comme une portée
musicale ; le vivant est respecté dans la balance entre les formes
organiques et la géométrie.
La
silhouette de la vache d' Un
vacher à Valhermeil, provient d’une copie de Jordaens par Gachet, le célèbre
docteur homéopathe d’Auvers-sur-Oise. Outre la révélation de la qualité de
peintre du collectionneur, ce jeu sur l’histoire de la peinture depuis le
baroque anversois jusqu’aux défricheurs du XIX° m’a semblé intéressant. .
Le
semeur
La récolte des pommes de terre.
Il se lie avec Cézanne, Côte Saint-Denis à Pontoise.
L'Hermitage à Pontoise : dans un écrin de verdure,
Pissarro « piquait », Cézanne plus géométrique
« plaquait ». Ils avaient eu tous deux des problèmes avec des pères
autoritaires, et avant de repartir loin de Paris,
l’Aixois manifesta quelque
jalousie quand celui qu’il qualifiait d’ « humble et colossal »
se rapprocha de Gauguin
dont les Pommiers à L'Hermitage semblent avoir été dictés par celui qui
sera par ailleurs influencé par Seurat et Signac.
La Récolte des Foins.
Grâce à Monet, il avait acquis une maison à Éragny-sur-Epte avec un beau jardin.
Dans sa série dessinée des Turpitudes sociales, Jean Misère
témoigne de l’engagement explicite du libre penseur du côté des
anarchistes.
Dans ses dernières années, sa vue est gênée par
trop de luminosité. Depuis des chambres d’hôtel derrière les persiennes, il
peint en contre plongée :
Avenue de l'Opera, Place du Theatre Français
Boulevard Montmartre, Effet de Nuit
Lui qui conseillait à Matisse qui aimait ses couleurs : «Travaillez et n'écoutez personne» a
pris et donné, dans le respect des autres, parlant de Cézanne :
« Nous étions constamment ensemble mais, malgré tout, chacun de nous conservait ce qui seul comptait: sa propre sensation. »
Il a déclenché de grandes gloires de la peinture française. Auto
portrait.
Il est mort en 1903.
Et oui, la peinture, et les peintres ont toujours été un grand laboratoire de la pensée en Occident...
RépondreSupprimerMerci pour les belles images.
Je retiens que les écoles impressionnistes étaient le lieu d'une belle camaraderie essentiellement masculine, si je comprends bien.
Qu'on peut être ensemble et garder sa sensibilité propre...
En tout cas, fut un temps, on pouvait.
Les tableaux pillés, ont-ils été mis en circulation, en quelque sorte ? Ont-ils revu le jour quelque part ?