Je ne connaissais pas
le rappeur qui en écrivant cette pièce de théâtre, est allé au devant d’autres
publics. Je pensais m’être fourvoyé dans une foule inhabituellement jeune parmi
les habitués de la MC2, craignant comme d’habitude les déclamations univoques.
« A voix haute » ou « Le brio » ont mis en scène au cinéma des concours
d’éloquence tel celui qui est présenté sur la scène du grand théâtre avec comme
sujet à traiter:
« L’état est-il le
seul responsable de la situation actuelle des banlieues ? » Bigre !
La complexité des problèmes est abordée avec
vigueur, finesse, poésie, humour, en faisant jouer le rôle du pourfendeur de la
victimisation au banlieusard, alors que son adversaire parisien tient
le rôle de l’accusateur.
L’idée d’inverser les rôles qui auraient pu être associés à
chaque plaideur est féconde, elle nous sort du tout noir/ tout blanc avec
l’invention du VDBF, « l' impôt de victimisation et dépendance totale des
banlieues françaises ».
Pour moi la réponse à l’ultime question est évidemment
positive :
« les français ont-ils les dirigeants qu’ils
méritent ? »
Et toutes les interrogations qui parsèment les deux discours
sont intéressantes, éloignant les clichés, permettant de vrais échanges.
Si les plaidoiries portent sur les trente dernières années, elles
datent d’avant les dernières élections, mais restent d’actualité rien moins que
les sujets de l’économie parallèle, de l’école, de l’histoire, des histoires,
de la responsabilité, inertie collective et trajectoires individuelles, les
rôles sociaux…
Un théâtre où peuvent se croiser les générations et les
provenances est bien le lieu pour traiter au moins de ce dernier point, et
c’est bien fait.
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