dimanche 6 mai 2018

A vif. Kery James.


Je  ne connaissais pas le rappeur qui en écrivant cette pièce de théâtre, est allé au devant d’autres publics. Je pensais m’être fourvoyé dans une foule inhabituellement jeune parmi les habitués de la MC2, craignant comme d’habitude les déclamations univoques.
« A voix haute » ou « Le brio »  ont mis en scène au cinéma des concours d’éloquence tel celui qui est présenté sur la scène du grand théâtre avec comme sujet à traiter:
« L’état est-il le seul responsable de la situation actuelle des banlieues ? » Bigre !
La complexité des problèmes est abordée avec vigueur, finesse, poésie, humour, en faisant jouer le rôle du pourfendeur de la victimisation au banlieusard, alors que son adversaire parisien tient le rôle de l’accusateur.
L’idée d’inverser les rôles qui auraient pu être associés à chaque plaideur est féconde, elle nous sort du tout noir/ tout blanc avec l’invention du VDBF, « l' impôt de victimisation et dépendance totale des banlieues françaises ».
Pour moi la réponse à l’ultime question est évidemment positive :
« les français ont-ils les dirigeants qu’ils méritent ? »
Et toutes les interrogations qui parsèment les deux discours sont intéressantes, éloignant les clichés, permettant de vrais échanges.
Si les plaidoiries portent sur les trente dernières années, elles datent d’avant les dernières élections, mais restent d’actualité rien moins que les sujets de l’économie parallèle, de l’école, de l’histoire, des histoires, de la responsabilité, inertie collective et trajectoires individuelles, les rôles sociaux…
Un théâtre où peuvent se croiser les générations et les provenances est bien le lieu pour traiter au moins de ce dernier point, et c’est bien fait.

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