dimanche 13 mai 2018

La maladie de la mort. Katie Mitchell.

Retrouver les mots de Duras dans une histoire élémentaire forcément  essentielle:
un homme qui n’a jamais connu l’amour paye une femme pour venir dans sa chambre d’hôtel.
« Vous devriez ne pas la connaître, l'avoir trouvée partout à la fois, dans un hôtel, dans une rue, dans un train, dans un bar, dans un livre, dans un film, en vous-même, en vous, en toi, au hasard de ton sexe dressé dans la nuit qui appelle où se mettre, où se débarrasser des pleurs qui le remplissent. Vous pourriez l'avoir payée. Vous auriez dit : Il faudrait venir chaque nuit pendant plusieurs jours.
Elle vous aurait regardé longtemps, et puis elle vous aurait dit que dans ce cas c'était cher. »
Je ne suis pas sûr d’avoir entendu cette introduction dans son intégralité, de la part de la narratrice placée sur la scène de la MC 2 dans une cabine au coin d’une chambre d’hôtel au dessous d’un grand écran.
Mais ce jeu avec les mots, subtil, élémentaire, où leur incandescence côtoie la dérision est parfaitement restitué et réactivé par un dispositif scénique qui mêle porteurs de micro et de caméras aux beaux acteurs.
Mon plaisir brut de mâle voyant une belle femme sur des talons et nue la plupart du temps a été perturbé par cette escouade de silhouettes en collants qui amène les images des corps fragmentés sur l’écran noir et blanc. J’avais donc pu sans vergogne me laisser conduire par ma femme à un spectacle de femme à poil. Il était d’un autre ordre que les strip-tease sous chapiteau de la foire de Beaucroissant dont on n’évaluait pas le côté sordide mais qui nous faisaient fantasmer à l’adolescence.
Le titre avait déjà de quoi nous refroidir bien que le sujet devienne familier et pas seulement au théâtre http://blog-de-guy.blogspot.fr/2018/03/la-danse-de-mort-august-strindberg.html.
Le spectacle est gonflé, en particulier dans la période, où les pourvoyeurs en charcuterie sont dans le coli mateur,  dur, dérangeant et en même temps presque naïf, soulevant des questions essentielles sans avoir l’air d’y toucher.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire