vendredi 16 janvier 2015

Je suis + Je suis = Nous sommes.

Les poussières de nos principes écroulés ne sont pas retombées, et nos yeux sont brouillés, la seule certitude éclatante est que le siècle commencé en 1914, finit en  janvier 2015.
Nous essayons de nous blinder avec des mots, nous répercutons ceux des autres, et même le journal The Sun fera l’affaire : « Je suis 4 millions ».
Celui qui, dimanche, au bord de la manif historique, avec sa pancarte, se disait « Charlie mais ne marchait pas avec les hypocrites ni le pouvoir » figurait en tant que fossile de ce monde d’avant où parmi ceux qui prônaient la tolérance, n’étaient que mépris, ne pouvant être une heure rien qu’une heure seulement au côté de leur voisin de hasard. Il y avait, dans les rues, un sacré paquet d’hypocrites, moins un, mais comme un début de pouvoir, citoyen : une nation.
L’émotion mondiale qui a débordé la personnalité parfois bien contestable de représentants d’états  venus défiler à Paris, nous a redonné de la fierté à nous, français. J’ai retenu les paroles d’une libanaise qui disait avoir l’habitude des attentats chez elle, mais que ça se passe à Paris, lui semblait inconcevable. 
Le glas de Notre Dame n’était pas à mes yeux en contradiction avec les convictions anti-cléricales des dessinateurs, il allait bien au-delà d’attachantes individualités qui ont bien sûr façonné nos vies et dont la mort nous plombe. Ils ont pour toujours incrusté comme une évidence que l’humour est le meilleur contre-poison à la soumission. Et les rebeux, pas très nombreux, le savent bien, eux que j’ai connus, pas très moutons plein de verve et d’esprit. 

Dimanche la triade républicaine est descendue des frontons de pierre pour se réécrire en banderole et en actes : liberté de parole, liberté, sans hiérarchie de conditions sociales et de générations, sans un mot qui aille contre la fraternité.
Par ailleurs, le maître d’école, « ce pelé, ce galeux » devant réparer les péchés du monde ne se trouva pas forcément dépourvu quand la tempête fut venue, ainsi Constance maîtresse de CP à Montreuil:
«Ce lundi quand je suis partie à l’école, je me suis sentie plus que jamais investie d’une mission [….] Il y a juste eu un petit moment de flottement quand une petite est intervenue pour dire que, quand même, les gens de Charlie avaient «moqué».
Alors on a parlé de ce verbe. Je leur ai demandé ce qui se passerait s’ils se moquaient de leur maîtresse en la dessinant avec des grosses fesses et un gros nez.
Avais-je le droit de donner une punition ?
Réponse unanime : «Oui.»
De frapper ?
En chœur : «Non».»

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