mardi 20 janvier 2015

Pourvu que les bouddhistes se trompent. Manu Larcenet.

Quelle variété dans les talents du chroniqueur amusant d’un « Retour à la terre » ou
émouvant  dans « Le Combat ordinaire » !
Ici,  il prend les habits d'un auteur dantesque qui a fourni quatre tomes d’une série qui s’annonçait terrible dès le départ  http://blog-de-guy.blogspot.fr/2010/10/blast-larcenet.html.
Cette fois c’est la fin.
La diversité des dessins est contenue dans ce volume de 200 pages, avec des encres noires pour une campagne désolée et des vies de solitude absolue, des éclats de couleurs aux traits enfantins, des collages malades, des strips à l’ancienne avec un ours bipolaire.
Polza, le personnage principal obèse est interrogé par la police mais c’est lui qui mène le récit qui ne conduit pas forcément à des aveux, le passé est lourd et le présent cruel, étouffant; même pas apaisé par ces moments de « blast » :
« alliage écrasant de lard et d'espoirs ­défaits, je pèse lourd et pourtant, ­parfois, je vole ».
Il est monstrueux et fait pitié : naïf et manipulateur, sincère et tordu, peureux et indestructible.
Quand le silence règne, quelques sentences prennent du relief :
« Ce sont souvent les hommes les plus répugnants qui vous feront grief de vulgarité. Votre cigarette déclenchera une colère démesurée chez l'ancien fumeur. Les plus infects menteurs font les donneurs de leçon les plus vindicatifs. De la même manière, ce sont ceux qui sont le moins aptes à l'amour qui aiment le plus intensément. »

1 commentaire:

  1. Je regardais la bulle, sur le maquillage, et je me demandais ce qui clochait là...
    Eureka, j'ai trouvé...
    Je te/lui réponds avec une citation de Konrad Lorenz dans "Sauvez l'espoir" :
    ... Observons au microscope une coupe transversale de tumeur cancéreuse dans laquelle sont incluses des parcelles de tissu sain : elle présente le même aspect que la vue aérienne d'une ville dans laquelle des secteurs neufs, construits anarchiquement, ou AU CONTRAIRE TROP REGULIEREMENT, enserrent les quartiers anciens. Le parallèle entre l'évolution des tumeurs malignes et celle des grandes villes touchées par le déclin de la civilisation pourrait être poussé très loin..." pp 63-64 dans le chapitre "le système du vivant".
    J'adore Konrad. Un génie à mes yeux. J'attire l'attention sur la partie de la phrase que j'ai mis en majuscules, qui ressemble pas mal à la structure de la phrase sur le maquillage.
    Voilà, nous avons sous les yeux le problème d'une binarité exacerbée comme le symptôme de ce qui porte atteinte à notre capacité de penser ? sentir ? à l'heure actuelle.
    Oui.. aux oppositions distinctives, mais l'opposition réduite à l'antagonisme de contraires nous mènera à l'extinction...
    Où.. et quand... avons-nous perdu notre capacité à relativiser nos observations, nos pensées, à les rapporter à un contexte précis, et déterminé ?...
    A explorer...

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