samedi 31 janvier 2015

Que reste-t-il de l’occident ? Régis Debray Renaud Girard

Le titre à plus d’un titre était peu engageant : défaitiste, avec de surcroit ce mot « occident » dont le sigle : un cercle barré d’une croix hanta les murs de la fin du siècle précédent.
L’échange épistolaire est riche et nerveux (140 pages).
Le souffle de l’écrivain qui m’enivre si facilement
« Les dominés ont plus de mémoire que les dominants et on se rappelle mieux les gifles reçues que celles distribuées. »
est tempéré par la précision du reporter :
« L’occident a inventé successivement l’Etat de droit (Rome), la liberté ( Révolution Française ), l’Internet ( Universités américaines) »
Aux atouts du monde occidental listés par le philosophe : sa cohésion, son aptitude à l’universalité, ses écoles, ses films, ses innovations scientifiques et techniques, le journaliste ajoute la liberté, la notion d’état de droit et l’économie participative, le goût du débat.
Sont comptés les handicaps : goût de la puissance, et complexe de supériorité, « déni du sacrifice, éparpillement des sources du désordre ». « Responsabilité de défendre » à géographie variable, désastreuses interventions militaires, manichéisme et angélisme.
En face, la troisième voie dans les pays arabes est difficile, et la définition de l’ennemi vient à temps : «  l’islamisme international ».
Obama n’est pas Bush : « Avec l’argent que nous dépensions pour un seul mois de notre guerre en Irak, nous pourrions former une police et une armée en Libye, maintenir les accords de paix entre Israël et ses voisins, nourrir les affamés du Yémen, construire des écoles  au Pakistan, créer des réservoirs de bonne volonté qui marginalisent les extrémistes »
Malgré les maladresses diplomatiques et l’immobilisme de l’Union européenne, la politique peut être sauvée par la culture. 
« La seule question qui se pose, dans cette union européenne sans européens, est de savoir si l’idée d’une confédération suzeraine, dans l’interdépendance générale des nations, pourra demain survivre au déglinguage d’une machine à désarmer, déresponsabiliser, désindustrialiser, démembrer et décérébrer. »

1 commentaire:

  1. Et bé.... là je dois dire que Régis me déçoit un peu là. Tu as l'habitude de nous donner des extraits bien plus savoureux, bien moins... mièvres que ce que je lis ici aujourd'hui.
    La liberté une invention de la Révolution Française ??
    Là, il faut souffrir d'un égocentrisme plus que cartésien pour autant tirer la couverture à soi.
    Après lecture méditative de Konrad Lorenz, je suis tentée de dire que le désir de liberté est... instinctif... Qu'on peut trouver l'évidence de l'instinct de la liberté probablement même chez les invertébrés. (Qui dit l'instinct de la liberté ne nie pas non plus l'instinct... de la sécurité. Mais le vivant est très ambivalent, de manière générale.)
    Je suis moins dure que Régis sur le goût de la puissance.
    Je reste persuadée que l'homme est un animal qui partage plus, et qui continuera à partager plus avec... les rats qu'avec les sardines, comme j'aime le dire.
    Je te rappelle aussi le livre de Konrad sur l'agression où ce dernier fait remarquer l'intrication entre agressivité et capacité à investir, à aimer un sujet singulier, donc unique. Pas d'agressivité, pas de capacité à investir un sujet singulier.
    C'est ça, le monde, Guy. Si tu veux... le bon, il faut accepter le mauvais qui va avec.
    Et si tu crois qu'un monde sans sujets singuliers nous protégera de l'agressivité, de la destruction, et bien... je crois que tu te trompes, si je puis dire.
    Ce que nous mettons en oeuvre de manière.. instinctuelle ? pour essayer d'échapper à la violence de notre nature se retourne contre nous, à la longue.
    Voilà une des leçons à tirer de la deuxième guerre mondiale, dont on ne parle pas, par exemple.

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