Les deux dames de la maison vivent à l’heure d’hiver, hiver
comme été ; elles nous invitent à venir déjeuner à 8h, c'est-à-dire 9h
pour nous, pourtant nous les avons entendues s’activer dès 6h (pour elles), laver la véranda, farfouiller dans la
cuisine comme des petites souris.
En attendant de manger nous explorons les
lieux. Outre les deux bâtiments repérés, il
en existe un troisième en torchis beaucoup plus ancien, consacré encore
à la cuisine : il s’agit du four à pain, circulaire, creusé dans le sol où
résident encore quelques cendres. Une immense jarre occupe un coin et des
niches dans les murs accueillent des ustensiles. Dehors des cerises
noires, et des abricots sèchent au soleil.
Nous pouvons d’ailleurs les apprécier en confitures pendant
le petit déjeuner, dans la salle impeccable où beaucoup d’objets sont protégés
de la poussière par un petit bout de tissu assorti à la robe de la maîtresse de
maison, comme par exemple le téléphone. Nous quittons ces deux gentilles mamies
qui après nous avoir embrassés nous suivent jusqu’au minibus pour nous bénir
une dernière fois avec de l’eau.
A peine partis, nous embarquons toute une famille, la mère
ses trois filles charmantes et le père qui décortique ses graines pour lui tout
seul. Le véhicule avance à une vitesse limitée à travers les montagnes à
franchir puis à descendre, dans un paysage à la végétation chiche quand on
dépasse les fonds de vallée verdoyants. Puis nous retrouvons un paysage plus
connu et plus plat qui nous permet de gagner un peu de vitesse vers Gozvin.
Nous faisons la halte méridienne à Manjil, avec des olives nappées de grenade
en apéritif. Nous avions d’ailleurs longé à proximité des plantations d’oliviers et de thé. C’est la ville du barrage le plus important
de l’Iran. Dehors un fort vent chaud nous surprend et justifie les nombreuses
éoliennes que l’on aperçoit. Lorsqu’on sort de la ville, le paysage change une
nouvelle fois. Nous remontons doucement en altitude, longeant les cours d’eau
qui alimentent le barrage, avec une verdure et des forêts inhabituelles. Dans
la montée vers Massouleh, moins
pentue que celles que nous avons pratiquées, nous voyons des sortes de camping
avec de toutes petites maisons de vacances, des bars à divans, qui pousseraient
au repos et au bien être. Pourtant, ici comme dans toute la campagne iranienne,
les espaces communs sont pollués de déchets balancés sans souci et non
ramassés, loin de la propreté des villes : cela coupe toute envie de nous
y prélasser.
L’arrivée au village est digne de l’arrivée à Saint Paul de
Vence ; après s’être acquitté d’un droit d’entrée, M. Ali notre chauffeur
doit renoncer à se garer au plus près et nous dépose avant de régler le
problème. Le village accroché à la pente,
caractérisé par ses balcons et déco en bois, est inscrit au patrimoine
de l’UNESCO.
De nombreux touristes iraniens en vacances y flânent,
profitant de la température agréable à cette altitude. Ils s’attardent aux
étals de boutiques des sucreries, d’abricots à l’esprit de sel ou les pates aux
couleurs et aux consistances originales ou encore l’halva au sésame offert
généreusement par un marchand pour goûter.
L’artisanat, poupées en laine, et
chaussons tricotés, ne déclenche pas des envies irrépressibles d'achat.
En grimpant on
s’éloigne de la foule pour arpenter des ruelles restaurées, marchant sur le
toit de maisons qui servent de terrasses
à celles du dessus. Malheureusement certaines bâtisses s’écroulent, sans doute
définitivement.
Nous couchons dans l’hôtel à l’entrée de Masouleh, le pire
de notre séjour, délabré et peu soigné. Ali dormira dans le minibus en partie
pour nous éviter de trimballer nos
bagages et les garder, car l’accès à l’hôtel, pose des problèmes à la voiture. Nous mangeons quand même tous ensemble en
essayant les spécialités locales, une viande aux herbes et des aulx au
vinaigre, plus un kébab pas terrible. Nous finissons le repas avec un nouvel
achat d’halva à notre commerçant. Certains sont un peu déçus par le village qui
a nécessité une journée de route.
D'après les notes de voyage de Michèle Chassigneux.
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