Même si elle n’a rien de rectiligne, cette évolution peut
caractériser celui qui fut peintre, graveur, critique d’art, écrivain, poète.
L’exposition qui lui est consacrée, envisagée d’abord au
Grand palais puis à Orsay, reformatée aux dimensions du musée de
l’Orangerie, était visible jusqu’au 5 janvier 2015.
« Tout le monde
n’est pas Cézanne » chantait Léo Ferré.
Le jeune Lillois né en 1868, étourdi par une vie parisienne
qu’il découvre, se montre tellement turbulent
à l’académie Courmon, qu’il se retrouve dehors, en bord de Seine avec
Van Gogh où ils vont travailler à la manière des impressionnistes qui les
avaient précédés du côté d’Asnières.
L’intitulé d’une de ses œuvres : « L’heure de la viande » pour nommer un moment de la vie
d’un bordel qu’il venait de découvrir est bien loin des « sans
titre » accolés à tant de
présentations contemporaines.
Avec ses amis, ils exposent dans les cabarets et les cafés
sous le nom «Les artistes du petit Boulevard » ; Degas et Monnet eux
se montrent sur les Grands boulevards.
Van Gogh qui n’a pas les moyens de payer des fleurs en
bouquet, en peint pour la patronne du « café du Tambourin ». Le
célèbre père Tanguy, marchand de couleurs, leur sert aussi de modèle.
A pied, Emile Bernard arrive en Bretagne et retrouve à Pont Aven des
peintres de toutes nationalités installés là pour les paysages et une vie moins
chère. Il y rencontre Gauguin.
" Le cloisonnisme" a beau avoir comme synonyme
« le synthétisme », pas question de compromis, Bernard se fâchera
avec celui qui partira bientôt en Polynésie, lui reprochant de s’attribuer la
paternité de découvertes où Anquetin eut sa part et qui inspirèrent les Nabis : couleurs
franches cernées, les détails disparaissent quand on ne garde que ce que la
mémoire retient.
Ils avaient pourtant exposé ensemble sous le nom du Groupe Impressionniste et Synthétiste au
café Volpini où il avait présenté des œuvres sous son nom et sous le
pseudo Nemo en 1889 au temps de
l’exposition universelle.
Puis il part en
Egypte où il fonde une famille, approfondit ses recherches spirituelles tout en
revenant vers des représentations avec modelés et perspectives plus classiques.
Le conférencier
Gilles Genty n’a pas beaucoup développé cette seconde partie d’une vie que
lui-même jugeait amèrement :
"A l'heure qu'il
est, 1918, j'ai cinquante ans, j'ai produit environ deux mille tableaux, vingt
livres, romans, critique, philosophie dont quelques-unes seulement sont
éditées, près de mille gravures sur bois et aux-fortes, plus de cent mille
vers, plus de trois mille dessins : j'ai en outre innové dans le meuble et la
tapisserie. J'ai fait connaître Cézanne et Vincent van Gogh. J'ai dirigé
plusieurs revues d'art. J'ai parcouru dix nations, visité plus de cent musées,
lu un grand nombre d'ouvrages et presque tous les chefs-d’œuvre. Je n'ai rien épargné
pour connaître et faire aimer et défendre le Beau. Pourtant je suis quasiment
inconnu."
Il est considéré
comme l’un des pères de l’art moderne.
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