samedi 15 juin 2019

Eux sur la photo. Hélène Gestern.

Roman épistolaire entre une femme et un homme à la recherche de leur passé.
Des descriptions de photographies d’une délicatesse et d’une précision exquises sont insérées entre deux lettres échangées dont la courtoisie m’a d’abord séduit et l’évolution dans la forme et le fond, passionné.
«  La photographie a emprisonné dans sa chimie la trace de l’éclat trop vif de la lumière d’été qui tombe à la verticale et semble inonder toutes les surfaces claires qu’elle touche, robe, table, casquette du petit garçon. »  
Plus que le dévoilement de secrets de famille, les variations des correspondants passant du découragement à la passion, de l’indulgence à la colère sont si bien menées que trop de divulgations éventeraient la subtilité de ces 300 pages.
« Vous me demandez qui va se souvenir de nous. Je vous dirais volontiers que c’est d’abord à nous de nous en soucier. De recréer un présent qui nous appartiendra, et que ne nous disputeront pas les morts. »  
Les fantômes se révèlent bien vivants, mais les regards croisés permis par l’écriture, amènent à l’apaisement, à mieux vivre.
« Je me dis que ce matin ensoleillé, à Saint-Malo, la tendresse de notre premier café partagé, dans la lumière rase de février qui faisait onduler la mer comme cristal et feuille d'or, c'est à eux que nous le devons. Oui, c'étaient eux sur la photo, qui nous parlaient, nous appelaient...Je les contemple jusqu'au vertige et je crois les entendre nous dire qu'il faut vivre maintenant, saisir la chance qu'ils ont laissé échapper. »

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