La nuit fraîche n’a pas refroidi une chatte dont on ne
pouvait ignorer qu’elle était en chaleur.
A six heures le soleil plombé assombrit le matin et une
bonne polaire n’est pas de refus.
Dans l’enclos mitoyen de l’hôtel, des bouchers nous
proposent un morceau de viande crue du mouton qui vient d’être dépecé. Nous
déclinons le cadeau et nous nous rabattons sur les tartines au beurre de
cacahuètes, nappées de miel.
Aujourd’hui nous avons 6h
de route à faire jusqu’à Awasa dont certaines portions sont en reconstruction.
Peu après notre départ nous voyons des cases couvertes de
plastique noir qui servent d’abris aux réfugiés somaliens.
Les paysages changent rapidement, nous passons des chameaux
parmi les acacias aux cyprès en forêt puis aux encètes et à la végétation
tropicale. La route se poursuit à travers un brouillard de plus en plus dense
et un léger crachin. Peu à peu le ciel se dégage pour laisser apercevoir une
campagne très verte. Les villages se succèdent coquets et fleuris, bien
nettoyés et stockent sur les bas côtés leurs spécialités à vendre : ail,
bois, qat, mangues, ananas, œufs, vanneries et régulièrement du bois destiné à
la cuisine en petites plaquettes ou des longs troncs d’arbre qui pourraient
servir à l’armature des cases.
Les camions chargés de livrer le qat roulent à tombeau
ouvert et sont surnommés « Al-Qaïda ».
Les toits des cases fument : l’évaporation s’ajoutant au feu des foyers.
Nous quittons le territoire des Boranas pour celui des
Sidamos.
Arrêt repas à Dilla, dans un grand restaurant, l’équipe se
régale de jus de fruits frais, mangue ou papaye, avocat qui remplacent le café.
Nous traversons la campagne verdoyante où les cases sont beaucoup
plus grandes et supportent un toit de chaume écrasant qui descend très bas.
Nous en visitons une en bord de route, où Girmay compte donner des photos
prises lors d’un précédent voyage.
Nous sommes accueillis par un digne vieillard qui nous fait
l’honneur de sa maison dont une grande partie est réservée aux animaux. Un
jeune veau retenu par une corde piétine en compagnie d’une poule en liberté, en
face d’une banquette pour les invités et d’un lit. La cuisine donne sur un
jardin avec une ruche où prospèrent des encètes, des avocatiers, du café, des
manguiers. Des barres parallèles sont installées pour les enfants. Girmay cause
avec le patriarche père de 14 enfants eux-mêmes mariés et parents de petits
enfants.
A Hawasa ou Awassa,
l’orthographe est variable, nous déchargeons nos bagages au Gebrekiristos Hôtel
(esclave de Dieu en grec) qui offre ô miracle des douches chaudes dans toutes
les chambres.
Après 20mn, nous sommes près du lac où nous entrevoyons un mariage sélect avec
robe blanche et costards. Le marié est tiré en arrière par les hommes pour ne
pas embrasser sa nouvelle femme tandis que la mariée est poussée par ses amies
pour y parvenir.
Nous longeons la promenade du « sentier d’amour »
qui borde le lac. Les gens nombreux et endimanchés baguenaudent tranquillement.
Beaucoup de jeunes habillés à l’européenne témoignent de la présence
d’universités dans cette ville importante. Des couples flirtent et se font
photographier au bord de l’eau, des estancos proposent du café, des vendeurs
ambulants vendent du pop corn et des pois chiches grillés. De nombreux oiseaux se
plaisent dans les marécages et les vaches au bout du sentier se font un passage
sans dévier de leur trajectoire.
Nous rentrons à pied à l’hôtel au milieu de la foule
détendue d’un dimanche après midi.
Au Lewi hôtel où une table est retenue, des employés stylés nous servent une nourriture de qualité et bien
présentée. La télé diffuse des nouvelles via la chaine Aljezeera.
A notre sortie, les
rues sont calmes, ne restent que les sans abris et quelques passants attardés.