vendredi 10 janvier 2014

Pour des humanités contemporaines. Jean Caune.

Dans la présentation par le philosophe Thierry Menissier du livre de Jean Caune à la bibliothèque du centre ville de Grenoble, j’ai bien aimé la formule  
« la culture générale permet de connaître le monde, de l’évaluer, pour y évoluer ».
Les qualités d’ingénieur, de philosophe, de cultureux, de politique engagé de Jean Caune ressortent ainsi que ses talents de comédien où dans un dialogue avec un comparse, il essayera de sortir du genre conférence depuis une table.
Très vite nous allons au-delà du réasticage du mot « humanités » au pluriel, rimant avec « humanité » au singulier.
Une citation de Giorgio Agamben définit le contemporain comme  
« celui qui fixe le regard sur son temps pour en percevoir non les lumières, mais l'obscurité. » Allons-y !
Dans notre ville dont les anneaux olympiques se sont défraichis, les « nano technologies »  dans le « Y » à la technophilie enjouée, ne sont elles qu’une appellation publicitaire destinée à pomper des subventions ?
Nous pourrions être sortis de la croyance dans le progrès depuis l’ypérite (gaz moutarde) centenaire, pourtant nous reculons d’effroi à l’idée de perdre l’idée de progrès.
Le savoir non spécialisé devrait permettre le partage, mais à l’université dans la guerre des disciplines : difficile de trouver un langage commun.  Il y a bien eu des polémiques quand un usage métaphorique du vocabulaire scientifique s’est révélé être une imposture, mais bien des mots restent piégés et les formules rhétoriques abondent, ainsi le terme « éducation populaire » a perdu de sa réalité. Les  mots de « diffusion » et de « transmission » se confondent et même « éducation artistique » n’est pas vraiment dans la formation des maîtres (oh pardon ce dernier mot est un intrus).
Ce n’est pas avec une telle assistance pas très potache que va avancer le dialogue entre les sciences empiriques et celles soumises aux interprétations pour éviter les éternelles oppositions entre disciplines dures et molles.
J’ai retenu que les cultures du sud tournées vers le passé permettaient d’envisager plusieurs choses à la fois : comme les femmes (c’est moi qui l’ajoute) ; les cultures anglo-saxonnes, elles, segmentent le temps.
Au cours de cette soirée où Malraux a été évoqué, je n’ai pas perdu mon temps en  allant à la source de son discours intégral prononcé lors de l’inauguration de la maison de la culture d’Amiens. Ça a de la gueule !
« Le temps vide, c'est le monde moderne. Mais ce qu'on a appelé le loisir, c'est à dire un temps qui doit être rempli par ce qui amuse, est exactement ce qu'il faut pour ne rien comprendre aux problèmes qui se posent à nous. »
« Si le mot culture a un sens, il est ce qui répond au visage qu'a dans la glace un être humain quand il y regarde ce qui sera son visage de mort. La culture, c'est ce qui répond à l'homme quand il se demande ce qu'il fait sur la terre. Et pour le reste, mieux vaut n'en parler qu'à d'autres moments : il y a aussi les entractes. »
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Dans "Le Point ":

1 commentaire:

  1. Je ne comprend pas : qu'est-ce qui serait un usage métaphorique du langage scientifique, et... mieux encore, qu'est-ce qui serait un "usage" NON METAPHORIQUE du langage scientifique ?
    Cette interrogation ne se repose-t-elle pas sur l'hypothèse linguistique qu'il y aurait un langage quelconque qui pourrait échapper à la polysémie qui est constitutive du langage lui-même ? N'avons-nous pas le... fantasme ? qu'il nous serait possible de fabriquer un langage où un "chat" serait un chat, et rien d'autre, une fois pour toutes, jusqu'à la fin des temps, amen ? N'est-ce pas ce... préjugé ? hypothèse ? qui répond à la définition... religieuse du mot "vérité" ? (se souvenir que Jésus parle pas mal de vérité dans l'Evangile....)
    Comment un vocabulaire scientifique pourrait-il échapper à la vulgarisation, qui fait entrer les termes scientifiques dans le langage quotidien, par un processus qu'on POURRAIT appeler démocratisation du savoir ? (Mais ne crois pas que je suis une fanatique religieuse de la démocratie.)
    De même, comment avons-nous pu croire qu'il pourrait y avoir une science qui échapperait à l'interprétation ?
    Il est temps pour une de mes anecdotes préférées : j'ai amené ma fille voir un allergologue il y a un certain temps. Ce médecin compétent, entouré de ses machines très techniques, rutilantes, fabriquées pour prendre des... mesures, m'a annoncé doctement après avoir passé fifille à la casserole technique qu'elle était asthmatique. Et quand je lui ai demandé de me dire à partir de quels critères diagnostics il se prononçait de la sorte, il m'a répondu que ce n'était pas lui qui avait posé le diagnostic, c'était la machine...
    Comme quoi le désir de ne pas être celui qui endosse la responsabilité de l'acte d'interpréter fait faire de drôles de choses à nous autres animaux humains...
    Mais si on regarde bien avec un oeil attentif (mais avons-nous toujours les yeux pour voir ? ce n'est pas certain du tout), nous sommes constamment mis dans la situation d'interpréter, et de devoir interpréter.
    Croire qu'on va faire l'impasse dessus est une... croyance qui fait faire beaucoup de bêtises, à mon avis.

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