Ne pas se fier à la quatrième de couverture : « Assignée femme » mais plutôt
à la première phrase du livre de 190 pages écrit par un écrivain, se mettant
dans la peau d’une femme, alors que les écrivaines ne manquent pas:
« Ce qui a de
bien avec vous, Madame, c’est que vous donnez envie d’être vieille ».
Elle vient de prendre sa retraite de prof d’art plastique à
50 ans et si son écriture est pleine de verve, de lucidité désabusée, elle se
refuse à intervenir tant auprès de ses élèves, de son fils, de ses ex, de sa
mère, de son frère, de son nouvel amant qui la conduira au bord du lac Kivu au
Congo.
Sa grande tolérance alimente tant de renoncements, se
laissant si facilement prendre par « des ivresses sans fondement. »
L’indifférence maquillée en bienveillance me semble dans cet air du temps maternant
dont je connais la délicatesse bien que son hypocrite aveuglement agace.
« Une raison de
vivre, cela peut se délaisser pour mieux que ça : se laisser vivre. »
Le vieillissement devient pathétique lorsqu’il s’accroche
aux modes tout en sachant leur vanité.
« Il y a pire que
notre splendeur d’antan qui pique l’égo : les éloges qui blessent. »
J’ai aimé quelques nuances grammaticales signifiantes :
« Qu’est ce qui
t’a prise ? ça ne te va pas du tout. »
« Mais que te
prend-il ? »
La mise à distance épargne les grandes douleurs pendant que la
lucidité, l’ironie font des bonheurs de lecture, nous donnant l’impression de
ne pas être dupe, d’être un malin nous aussi :
« Tu penses à cette phrase de Robert-Louis
Stevenson, tellement citée et tellement reprise pour justifier tout et
n’importe quoi qu’elle a fini par s’apparenter à un bibelot de boutique pour
touristes : « L’important, ce n’est pas la destination, c’est le
voyage. »
Avec tes mots à toi, cela reviendrait à prétendre qu’à défaut
d’un avenir, tu es en train de te fabriquer de beaux souvenirs. »