Nous prenons
le petit déjeuner avec notre hôte qui
nous parle de sa vie de globetrotter et des pays et villes où il a
travaillé : l’Allemagne (dont vient le fameux lit de 2 m), Nantes, la Belgique mais
aussi le Congo et la côte d’Ivoire.
Il nous demande nos projets du jour et les
complète par des conseils avisés.Nous
prévoyons de passer la matinée au fort de SCHOENBOURG,
pour visiter une partie de la ligne Maginot conservée en parfait état.
L’une des entrées s’effectue par un blockhaus en béton dissimulé dans la forêt.
A 9h 30, le personnel ouvre la porte et vérifie nos QRcode. Il nous conseille de
nous couvrir pour affronter les 12 ° et l’humidité ressentis sous terre avant
de descendre en ascenseur à 30
mètres de profondeur.Nous nous enfonçons
dans les boyaux de la forteresse souterraine. Construite dès 1933, lourdement
bombardée en 40, elle résiste. Son équipage (même terme que pour les bateaux)
invaincu renâcle à déposer les armes ; ce n’est que 6 jours après
l’armistice et à contre cœur qu’il cède à l’ordre formel du haut commandement
de cesser le combat.Quatre blocs
répondent aux différentes fonctions de la base.Les 2
premiers sont consacrés à l’intendance soit l’organisation de la vie, et
hébergement de 630 hommes reclus dans un
espace réduit : cuisines et
celliers, barriques casernements, locaux sanitaires et WC
chimique avec consignes strictes, infirmerie, s’intègrent dans de petites
pièces toujours remplies de leurs équipements et ustensiles d’origine. Dans les
couloirs, des tables rabattables économisent la place pour palier des salles à
manger insuffisantes. Une usine de production électrique, des ateliers, une
salle des machines, un système d’aération visant à l’alimentation en air pur et
à l’expulsion de l’air vicié, des dispositifs anti incendie assurent l’autonomie en cas d’agression, sous la
surveillance vigilante d’un personnel
qualifié. Toujours en alerte, ce personnel prévoit de dormir près de ses
installations dans des hamacs fixés à des crochets. Pour l’eau, rationnée,
chaque homme reçoit en tout et pour tout
30 litres
par jour, pour tous ses usages. Et parce
que parfois le temps parait long, des artistes soldats amateurs ont recouvert
les murs d’une « cellule » de peintures inspirées par les plaisirs de
la vie en surface, en plein air.
Une longue
galerie conduit aux blocs 3 et 4, en première ligne, réservés au poste de
commandement et au poste de combat. Des petits trolleys électriques sur rails
facilitent les transports de matériel.Le poste de
commandement regroupe les chambres des gradés, des salles de transmission avec
téléphones et des pièces équipées de machines à écrire. Le poste de
combat comprend des réserves d’obus avec un système d’élévation pour les
déplacer et plusieurs canons dont une
impressionnante tourelle.De grosses
portes blindées coupe-feu délimitent les espaces, elles assurent des sas en cas
de lâchage de gaz. Lors de nos
déambulations, nous rencontrons dans la
salle des machines un guide passionné et à la disposition du public qui nous
révèle des détails sur les conditions de
vie des hommes sous terre et sur la construction engagée en temps de
paix, conditions jugées modernes et
avant-gardistes à l’époque. Nous apprenons aussi la présence et l’extraction
ancienne de pétrole dans la région, antérieure à l’Arabie Saoudite et au Texas. Il fait bon
dehors lorsque nous remontons vers la voiture même si le soleil ne nous accorde
pas sa présence.