mercredi 8 janvier 2020

Lacs italiens 2019. # 5 B. Peschiera.

C’est l’heure de manger et nous retournons dans les rues ensoleillées à la recherche d’un resto.http://blog-de-guy.blogspot.com/2019/12/lacs-italiens-2019-5-le-lac-iseo-et.html
Un villageois bienveillant entend le mot trattoria dans notre conversation et spontanément  nous dirige vers ce que nous cherchons.
Nous ne sommes pas les seuls touristes ni les seuls Français à vouloir déjeuner. La serveuse nous aménage un coin agréable en terrasse  en tirant et nouant des toiles claires en guise de parasols.
Nous mangeons al 'Italia: antipasti  en hors d’œuvre à partager (charcuteries, champignons et oignons à l’huile et vinaigre), casoncelli (pâtes du pays de Bergame), légumes frits (aubergines, courgettes) ou encore salade méditerranéenne.
Nous reprenons notre promenade, agréable sur la route sans voiture et sans montée vers Menzino puis Sensole. Nous passons par des villages constitués de logements plus modestes et moins anciens, à côté d’un village de vacances avec piscine désert. marche ombragée très plaisante en bordure d’eau. De Sensole, nous poursuivons vers Peschiera.
L’accès au lac est rendu possible par des marches aménagées, les bancs pour les fatigués ou les contemplatifs sont nombreux.   
Près de Peschiera, des arbres, les pieds dans l’eau nous intriguent.
Nous arrivons à un joli petit port avec des barques amarrées à des palli bleus et blancs,  comme à Venise.
Quelques panneaux de signalisation nous amusent : "limitation à 10 à l’heure" (il y a peu de vespa dans cet endroit) : "attention aux chats" qui traversent, sans doute motivés par un asile SPA spécialisé dans ces félins abandonnés ou malades.
D. nous offre une glace ou une granizada  avant que nous ne reprenions le bateau (4€50 par personne aller/retour quel que soit l’arrêt).  
L’heure et la lumière sont belles vues du toit du bateau où ne nous sommes pas nombreux. Une sorte de brume enveloppe les montagnes, plus suggérées et à peine découpées sur le ciel ; l’eau scintille, le soleil chauffe et l’air est bon.
Nous  regagnons  la voiture à Iséo sans nous tromper et renonçons à nous engager dans le tour du lac, nous traversons Sarnico pour jeter un œil sans mettre un pied dehors et sans pouvoir approcher des maisons de style liberty. Il est déjà tard mais nous dédaignons l’autoroute au profit de déviations qui n’évitent pas les mini-bouchons. Nous apprécions le garage  qui nous soulage du souci de trouver un stationnement adéquat.
 
La soirée commence par un bitter avec  graines pimentées indiennes et biscuits à l’encre de sèche qui  nous déçoivent .  Nous mangeons de la salade, des haricots verts à l’italienne avec tomates et ail, et du fromage,  avant de passer une soirée paisible avec activités variées : douche, lessive, lecture, écriture, téléphone, tablette…
En 2016, Christo avait installé des jetées flottantes provisoires depuis le village.

lundi 6 janvier 2020

Les incognitos. Nick Bruno Troy Quane.

Les films d’animation peuvent se permettre tous les effets, alors pour des gadgets dotés de tous les pouvoirs, allons-y pour une initiation au genre « espionnage » par la face parodie.
Les enfants aiment retenir le nom des personnages : ici le célèbre super espion Lance Sterling  fait équipe avec le scientifique Walter Beckett maladroit mais tellement inventif.
L’un ne compte que sur la force dont il use avec élégance alors que l’autre est un doux pacifiste : un couple gagnant bien sûr.
Changements de paysages garantis avec transmutation du Bond très Will Smith, filiforme du bas mais très charpenté du haut, en pigeon; quand l’esprit d’enfance rencontrera le mal, il en triomphera aisément.
Spectacle familial rythmé, drôle, sympathique.

dimanche 5 janvier 2020

Linda vista. Letts. Pitoiset.

Linda vista est un quartier de San Diégo où un quinqua vient de divorcer. Des amis essayent de l’aider. Une spécialiste en développement personnel arrivera-t-elle à l’aider à passer cette étape?
Dialogues mordants, acteurs excellents, sujet éternel, objet intéressant à discuter entre ceux qui voient à travers ces portraits une dénonciation de l’Amérique de Trump et Weinstein et ceux qui méprisent les affres d’hétéros blancs.
Le président et le producteur reflets de la brutalité du temps sont des cibles tellement faciles qu’elles n’ont pas besoin d’être explicitement nommées. La barbarie que nous redoutions, comme le réchauffement climatique sont dans nos murs. Sous l’omniprésence du mot bienveillance, la férocité se déploie, impitoyable.
J’ai apprécié ce vaudeville cruel sobrement mis en scène. En abordant septante ans, je me sens pourtant concerné par les décalages avec leur temps de jeunes quinquagénaires.
Des critiques interdiraient volontiers de tels sujets pour ne voir présenter que les transes d’anciens colonisés, ne concédant à ma communauté que la seule relecture du vieil homme et l’amer, rejetant toute pièce qui pourrait se dérouler au XIX° en Russie ou à Vérone entre jouvenceaux.
Enraciner une pièce dans un milieu et une époque vivement décrite rend les enjeux crédibles : la lucidité fait de bonnes répliques mais conduit à la solitude. L’urbanité, la politesse certes émollientes, ne sont-elles devenues que des constructions chimériques dépassées ?
Pitoiset, une bonne adresse :   
http://blog-de-guy.blogspot.com/2013/04/cyrano-de-bergerac-edmond-rostand.html

samedi 4 janvier 2020

L’argent. Charles Péguy.

J’aurai aimé aimer ce livre et oublier mon anti cléricalisme adolescent qui l’avait enfoui dans le même sac que Claudel avec lequel il se partageait notre programme de terminale, alors que Sartre montait sur son tonneau à Billancourt loin du lycée de Voiron.
J’ai une nouvelle fois été vite lassé des répétitions de Péguy élevant la pauvreté au rang d’une mystique, même si le format court, 110 pages, m’a permis de retrouver dans le texte original des citations que font de lui quelques auteurs que j’apprécie.
« J’ai vu toute mon enfance rempailler des chaises exactement du même esprit et du même cœur, et de la même main, que ce même peuple avait taillé ses cathédrales. »
Je ne peux que me délecter à ses éloges des instituteurs « hussards noirs » de la République qui après un abus de rappels éditoriaux dans les années 80 ont disparu totalement des références journalistiques. Ses regrets de voir se perdre l’amour du travail bien fait et la conscience professionnelle au début du siècle précédent, relativisent tellement mes déplorations, cent ans après.
« Tout était une élévation, intérieure et une prière, toute la journée, le sommeil et la veille, le travail et le peu de repos, le lit et la table, la soupe et le bœuf, la maison et le jardin, la porte et la rue, la cour et le pas de porte, et les assiettes sur la table.
Ils disaient en riant, et pour embêter les curés, que travailler c’est prier, et ils ne croyaient pas si bien dire. »
Il y a du vrai, mais lorsque je lis son mépris de Jaurès, je le lâche.
Il aurait pu éviter, comme lorsqu’il s’interdit d’aborder certains sujets :
«… mais ceci m’entrainerait dans des complexités.»
« Mais voilà ce qui m’entrainerait dans des tendresses. »
Tout entier consacré à la défense de l’esprit, d’économie, il n’en est guère question.
« Et pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est maître sans limitation ni mesure. Pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est seul en face de l’esprit. »
ça se disait au début du siècle, le XX°.

vendredi 3 janvier 2020

La démocratie tout court.

En amont des élections municipales dont les enjeux de proximité ne sont pas aussi décisifs qu’il est dit depuis que les intercommunalités ont pris la main, ce sera pourtant à qui sera le plus flatteur à l’égard de l’électeur pour qui tous les vœux seront exaucés, promettent-ils.  
Personne ne souhaite une cité dont les habitants n’auraient pas voix au chapitre mais une politique qui ne s’orienterait qu’en fonction des intérêts particuliers risque la paralysie.
- Dis papou raconte :
- L’autogestion fruit des aspirations émancipatrices représentait le modèle où de l’atelier au quartier… jusqu’aux étoiles, les citoyens responsables auraient œuvré pour une société plus juste.
Les contraintes économiques, les limites de notre condition humaine, nos contradictions, ont réduit l’utopie grandiose en « démocratie participative ». Comme pour le mot laïcité, l’adjonction d’un adjectif marque la fatigue du terme « démocratie ».
La voilà ouverte à tous les vents des égoïsmes,    tout changement, toute évolution deviennent prohibés : voulez-vous une déchetterie à côté de chez vous, un lieu d’hébergement pour réfugiés, un voisin de plus ?
Il m’a fallu du temps, pour juger insupportable Ségolène Royal dont j'avais été un supporter ardent et qui porta jadis le terme «  démocratie participative », ce n’était donc que démagogie !
Celle ci saute aux yeux récemment : avec elle pas de problème de gilets jaunes ni de retraites ! Fastoche !... Et aux pôles ?
Plutôt que de passer d’une vision fabriquée, utopique, très années 70 à une appréciation 2020 uniquement pessimiste, péjorative de nos semblables, une voie réaliste pour faire évoluer la cité d’une façon dynamique devrait être possible.
Que ceux qui aspirent aux responsabilités expriment leurs ambitions clairement et négocient avec les personnes concernées semble le B à Ba de la politique.
« Négocier » : le chemin sera long quand de chaque côté chacun estime avoir raison.  « Estimer » ne convient même pas tant les évolutions éducatives ont entrainé vers des assertions indiscutables de la part d’individus dont on a pourtant dit que l’école avait mis en péril la confiance en soi.
L’expression « une fois aux manettes » ne parait pas non plus adéquate tant les mandants sont plus portés vers le grippage que vers le mouvement.  
Il faut espérer que de promesses non tenues en ajustements non compris, celui à qui on accorde notre confiance puisse bénéficier d’un peu de la bienveillance que chaque gaulois accorde tellement volontiers à son égo roi.
En cette matière les généralités se frottent aux particuliers, aux constances anthropologiques et psychologiques, aux temporalités accélérées sur petits écrans.
Et puis retour à la case éducation dont je ne sais sortir : les enfants monarques aux cheveux teints sont désormais aux manettes : nous avons mérité ces clowns capricieux et pas seulement au Brésil et aux USA à des postes décisifs. Ils se retrouvent  aussi parmi les vindicatifs des ronds points qui ont porté leur voix au-delà de ceux qui étaient inaudibles.
Pour illustrer les difficultés de s’écouter, deux mots de plus dans la prolongation d’un maigre débat entamé sur Facebook depuis un média local concernant la semaine d’école de 4 jours ½. Les arguments des spécialistes des rythmes scolaires ne sont pas entendus par des parents ni même par certains enseignants qui convertissent leur situation personnelle en expression des enfants. Ce sujet est plombant pour l’école vue comme vecteur essentiel de fatigue.
Rappeler que ce peut  être un  lieu d’apprentissage, d’épanouissement, renvoie pépé aux années passées, perdues, perdantes, perclues, pépères, heureuses pourtant. 
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Le dessin est recopié depuis "Le Point".

jeudi 2 janvier 2020

Tout pour la musique. Salles de concert et opéras de notre temps. Benoît Dusart.

En ouverture, le conférencier devant les amis du musée de Grenoble a choisi l’image de la salle de concert Walt Disney à Los Angeles conçue par Franck Ghery pour amorcer un tour du monde de constructions audacieuses, telles de nouvelles cathédrales.
De fondations privées en collectivités ambitieuses, les « starchitectes » s’expriment.
Disposée en oblique, le bâtiment inventif se remarque dans la structure orthogonale de la ville et comme salle de concert se distingue des lieux devant recevoir des opéras qui nécessitent des cages scéniques importantes pour les décors,
ainsi l’Opéra de Dallas de Norman Foster.
A l’origine les loges cloisonnées dites «à l’italienne » étaient superposées exactement l’une au dessus de l’autre.
Depuis 1870, au Musikverein, à Vienne, l’acoustique est à la hauteur de la qualité des concerts.
 
A Lucerne, la salle de Jean Nouvel, sur un plan « en boîte à chaussures » où la largeur est égale à la hauteur et la longueur mesure le double de la largeur, peut recevoir 1900 personnes.
Une jauge pour 1500 spectateurs est plus avantageuse pour ceux du fond dans l’auditorium de Christian de Porzamparc à Luxembourg, accessible derrière ses harmonieux barreaux.
Le plan en « vignoble » d’Hans Scharoun pour la Philharmonie de Berlin surnommée le « Zirkus Karajan » rompt avec la solennité habituelle de ces lieux par des accès plus directs affirmant une volonté de démocratisation.
Le cabinet d’architecte Arquitectonica  de Miami a réalisé l’auditorium de Dijon qui peut accueillir aussi bien des concerts symphoniques que des opéras offrant un des sons parmi les plus réputés de France.
Pour le Parco della Musica, Renzo Piano n’a pas eu de problèmes de cohérence architecturale pour ses trois salles dans le quartier Parioli à Rome.
Ce qui n’est pas le cas de la Cité de la musique à Paris où les formes anguleuses de Nouvel voisinent avec les courbes de Porzamparc.
Au bord de la rivière des perles, Zaha Hadid a réalisé pour Canton (Guangzhou), troisième ville de Chine, dans un ensemble de 70 000 m2, une salle asymétrique aux lumières étonnantes.
A Harbin, ville des sculpteurs sur glace, le cabinet MAD  a accordé sa création aux courbes du paysage.
Et  « l’œuf » d’ Andreu sous sa coupole de titane est entré harmonieusement dans le paysage de Pékin. Ses trois salles peuvent accueillir simultanément 5500 spectateurs.
A Valencia, l’ambitieux Palau de reina Sofia  par Calatrava aux parois de céramique qui se sont vite délitées, connait des temps de réverbération fâcheux.
Pour la casa da musica à Porto, Koolhaas est contrarié par les musiciens qui font le plus souvent tirer un rideau occultant pour s’isoler de l’environnement.
L’acousticien Toyota a été appelé dans de nombreux lieux dédiés à la musique ainsi à  Katowice en Pologne où les mélomanes sont nombreux. Tateo Nakajima chef d’orchestre a été aussi convié pour veiller à la qualité du son souhaité enveloppant ou homogène.
A  Hambourg,  bien qu’ayant multiplié par dix le budget prévu initialement pour  l’Elbphilharmonie, créée par Herzog et De Meuron, l’édifice est devenu emblématique de la ville. 
Comme l’Opéra de Sydney de Jørn Utzon  qui fut pourtant renvoyé du chantier.
A Bruges, la modernité dialogue avec la ville ancienne patrimoniale,
ainsi qu’à Copenhague où l’opéra se situe dans l’axe du palais royal.
Tout n’a pas tourné au gâchis comme la cité des arts de Rio à la Barra de Tijuca.
Au  Teatro Regio à Turin, on peut regarder vers le plafond où 3000 tubes de Plexiglas réfléchissent la lumière de 1700 ampoules.
Le siège de la philharmonie de Szczecin a reçu le prix de l’Union européenne Ludwig Mies van der Rohe qui récompense des architectures contemporaines.