dimanche 3 mai 2015

Un été à Osage county. Tracy Letts. Dominique Pitoiset.

Beverly,  le père, dit Bev, a disparu.
Ses trois filles viennent épauler, dans la maison familiale en Oklahoma, leur mère Violet, atteinte d’un cancer de la bouche, qui déversera avec verve son fiel, tout au long des deux heures et demie de représentation où l’on ne compte pas le temps qui passe.
La matriarche déballe les vérités les plus cruelles et affole les sincérités.
Les dégâts occasionnés lors de cette ultime mise à feu ne sont que la mise au jour de vies où se sont multipliées depuis longtemps les violences, les impasses. 
Chez  ces « Trois sœurs » de Tchékhov en Amérique, le whisky a remplacé la vodka et la barque des saccages est  chargée.
Barbara, dire Barba, l’ainée va divorcer, Karen l’évaporée se cache tant de choses, et celle qui est restée coincée à proximité de chez ses parents ne pourra s’échapper.
Dans cette tragi comédie qui réunit trois générations, où les hommes font de la figuration, la petite dernière entre à son tour dans le tourniquet des illusions. Elle fume de l’herbe dans un calumet provenant des indiens des grandes plaines, alors qu’une de leur descendante assure depuis peu l’intendance dans la maison. Elle a gardé, elle, dans un sachet sur sa poitrine son cordon ombilical pour ne pas se perdre.
Cette pétaradante rencontre, sorte de « Festen » US, dépasse la critique familiale, et rencontre ce que nous voyons de l’effondrement des valeurs, du brouillage des sens et du sens de nos vies. 
« C’est ainsi que finit le monde, c’est ainsi que finit le monde, c’est ainsi que finit le monde, pas sur un bang mais sur un murmure. » T.S. Eliot   
La dernière scène est bouleversante, après des intermèdes sur des chansons de Johnny Cash, la rugueuse mère danse. La massive Annie Mercier devient légère, magnifique actrice, dans une troupe où ils sont tous excellents.
Elle avait joué dans « Par les villages » de Peter Handke, par Stanislas Nordey,  
Dès que je verrai une mise en scène de Pitoiset, je courrai, d’autant plus que je me souvenais avec délices de son Cyrano d’il y a deux ans 

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