dimanche 9 avril 2017

La résistible ascension d’Arturo Ui. B. Brecht D. Pitoiset.

Brecht : oui, il n’y a pas si longtemps :
Pitoiset aussi à la MC 2 
La pièce de 1941 alerte sur la montée du fascisme.
La satire assimile le tyran dans sa soif de pouvoir à un voyou qui n’a pas que sa foi pour avancer, mais aussi un révolver, elle voudrait éclairer notre présent présidentiel.
Mais on a eu beau répéter la phrase du dramaturge allemand qui ne figure d’ailleurs pas dans la pièce : «  le ventre est encore fécond d’où est sorti la bête immonde », nous sommes toujours aussi impuissants face à la haine et aux mensonges. Ah que le doute, la fragilité sont enviables quand tant d’aplomb et de cynisme balaient tout sur leur passage, irrésistiblement.
La  présente réalité politique, saugrenue et violente, dépasse tellement le théâtre qu’une représentation, même brillamment mise en scène avec d’excellent comédiens, ne peut nous aider. Les allusions à la France sont bien plus présentes dans cette version que le contexte mafieux américain d’origine mais les gangsters ont beau avoir adopté le costume-cravate, ils sont toujours des gangsters, leurs règlements de compte nous importent peu.
« Oh ma patrie si belle et perdue ! »
« Le cœur des esclaves» de Verdi  ouvre les deux heures et quart d’un spectacle clôt par « O Fortuna » de Carl Orff qui accompagne un discours sans parole de Torreton : ce sont pour moi deux moments d’émotion. Je n’en ignore pas les ambiguïtés : la retransmission introductive provient d’un moment où les spectateurs en Italie se levaient et chantaient pour accompagner l’orchestre jouant devant Berlusconi et marquer leur désapprobation d’une diminution des budgets de la culture, mais cette musique accompagnait aussi Le Pen père dans ses meetings ; en outre l’attitude de Orff pendant le nazisme fut très discutée. Des images de l’incendie du Reichstag arrivent sur les écrans après celles d’une voiture de police qui flambe et des violences qui eurent lieu lors des manifestations contre la loi travail.
Le théâtre est en principe le lieu des dialogues et je suis frappé après coup par leur carence.
Ui monologue, les autres si peu des interlocuteurs ne lui servent qu’à ponctuer ses discours, jusqu’au moment fort de la gesticulation finale muette et glaçante, à rejouer en coupant le son des téléviseurs lors des retransmissions de meeting.

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