samedi 4 janvier 2020

L’argent. Charles Péguy.

J’aurai aimé aimer ce livre et oublier mon anti cléricalisme adolescent qui l’avait enfoui dans le même sac que Claudel avec lequel il se partageait notre programme de terminale, alors que Sartre montait sur son tonneau à Billancourt loin du lycée de Voiron.
J’ai une nouvelle fois été vite lassé des répétitions de Péguy élevant la pauvreté au rang d’une mystique, même si le format court, 110 pages, m’a permis de retrouver dans le texte original des citations que font de lui quelques auteurs que j’apprécie.
« J’ai vu toute mon enfance rempailler des chaises exactement du même esprit et du même cœur, et de la même main, que ce même peuple avait taillé ses cathédrales. »
Je ne peux que me délecter à ses éloges des instituteurs « hussards noirs » de la République qui après un abus de rappels éditoriaux dans les années 80 ont disparu totalement des références journalistiques. Ses regrets de voir se perdre l’amour du travail bien fait et la conscience professionnelle au début du siècle précédent, relativisent tellement mes déplorations, cent ans après.
« Tout était une élévation, intérieure et une prière, toute la journée, le sommeil et la veille, le travail et le peu de repos, le lit et la table, la soupe et le bœuf, la maison et le jardin, la porte et la rue, la cour et le pas de porte, et les assiettes sur la table.
Ils disaient en riant, et pour embêter les curés, que travailler c’est prier, et ils ne croyaient pas si bien dire. »
Il y a du vrai, mais lorsque je lis son mépris de Jaurès, je le lâche.
Il aurait pu éviter, comme lorsqu’il s’interdit d’aborder certains sujets :
«… mais ceci m’entrainerait dans des complexités.»
« Mais voilà ce qui m’entrainerait dans des tendresses. »
Tout entier consacré à la défense de l’esprit, d’économie, il n’en est guère question.
« Et pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est maître sans limitation ni mesure. Pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est seul en face de l’esprit. »
ça se disait au début du siècle, le XX°.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire