Daech chauffe la planète, la COP 21 fond. Les enjeux colossaux de ce siècle
nous emmènent bien loin d’années plus légères. Des fanatiques de la mort veulent
hâter l’arrivée de l’apocalypse et nous nous étouffons de CO2.
Après la vague d’émotions parisiennes, nous passons à autre
chose, hormis pour ceux qui sont directement touchés.
Sur ces coups là, un brevet d’innocence a été accordé aux
attablés du Carillon mais les mégotteurs sur les morts de Charlie ne manquent
pas, les mêmes ne veulent surtout pas bouger face aux crimes contre l’humanité.
Wolinski était coupable de quoi ? De liberté ! Et
les lycéennes enlevées par Boko Haram ?
Ah oui ! Comme si c’était l’urgence, certains estiment
sur les réseaux sociaux, qu’il faut changer les paroles de la Marseillaise,
pourtant « ils viennent jusque dans
nos bras égorger nos fils nos compagnes ». Quelques amoureux de la
diversité ne supportent pas de se commettre avec le tout venant, ne serait ce
que le temps d’un hymne à Wembley ou au Métropolitan.
Je me réjouissais d’un humour caractérisé « bien
français » qui au cœur de la mitraille jouait avec Jawad le logeur. L’amusement
s’éteint vite quand on entre dans la
complexité ; que reste-t-il pour polir le désespoir ?
J’approuve les perquisitions en dehors des heures de bureau
mais me désole d’un monde aux regards méfiants. L’homme nouveau qui met son
panache dans un verre de bière sera sous pseudo et recouvert d’armures.
Je suis inquiet pour ceux qui sont à l’âge des « Bisounours »,
devenu un terme péjoratif au rayon adulte. Mais nous les vieux , notre confiance
en l’homme en a pris un coup de plus, quant à l’avenir de la planète... La
sidération a été prouvée par le vide éditorial post attentat, pas mieux chez
l’instit en retrait. J'ai perdu la main, où est ma gauche? Je copie et je colle quelques petits papiers parfois
contradictoires :
dans « Libé », Avital Ronell:
« On pourrait dire que
c’est philosophiquement après la mort de Dieu qu’ont surgi les mascarades d’un
Dieu plus méchant et plus impitoyable. Ces événements seraient même un effet de
la mort de Dieu, les derniers tremblements d’un Dieu disparu. »
Mais on en tremble pour un moment encore.
Raphaël Liogier invite à ne pas
confondre jihadisme et néofondamentalisme :
« Le terrorisme
de Daech n’est pas celui d’Al-Qaeda. Al-Qaeda recrutait par un processus lent,
en partant de la théologie et d’une lecture littérale du Coran. Les jeunes
recrutés aujourd’hui par Daech ne le lisent pas. La radicalisation et le
néofondamentalisme supposent d’avoir au moins accès au texte. La difficulté,
c’est qu’aujourd’hui, ces jeunes basculent directement dans le jihad, comme
s’ils devenaient musulmans a posteriori. »
Pourquoi basculent-ils ? Pourquoi cette haine à l’égard
d’une société bien plus bienveillante, en tous cas, que celle qui les envoie se
faire tuer ! Ils ne lisent pas, mais ceux qui les manipulent ne sont pas
des buses. « A la fois bourreau et
martyr, victime absolue et terreur de ceux qui l’ont méprisé » comme
le dit si bien De Villepin dans un article intéressant où il exerce son
art de la formule : « répondre
par les armes équivaut à éteindre un incendie au lance-flamme ».
La détermination de notre président concernant le domaine
militaire se retrouvera-t-elle dans la conférence
sur le climat qui ne nécessite pas moins de réactions urgentes que les menaces guerrières ?
Dès que les discours dépassent la mesure d’un tweet, les écrans
regardent ailleurs.
Les dépités des manifs interdites auraient-ils été plus convaincants
avec trompettes et crécelles sur le bitume ? Leurs
cris excessifs évoquant la dictature ne prouve pas un grand sens du discernement.
Ils font perdre de la crédibilité à des compagnons moins complaisants dans
l’usage du mot fascisme.
Les loups sont entrés dans Paris. Et les banlieusards butent
aux seuils de pollution.
Peut-on croire encore aux mots en revenant vers 2002 : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »
de Chirac et aller vers des réflexions sur le long terme et des actions ?
Le passé n’est pas passé.
Pourtant le Club De Rome des années 70 s’y était pris à l’avance dans
l’alerte et en 2008, cité dans « Le Monde » : « un représentant de l’Union Européenne estimait que le
réchauffement agit comme un « multiplicateur de menaces » dans des
zones déjà traversées par des tensions sociales, politiques, religieuses ou
ethniques. « Les changements climatiques risquent d’avoir, à l’avenir, des
incidences sur la stabilité sociale et politique au Proche Orient et en Afrique
du Nord », détaillait le rapport, qui pointait « les tensions liées à
la gestion des ressources hydriques de la vallée du Jourdain et du bassin du
Tigre et de l’Euphrate, qui se raréfient » et l’aggravation de ces
tensions par l’augmentation des températures. »
Dans une semaine ça
ira mieux.
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Sous le titre un dessin de De Angelis paru dans La Repubblica (Rome) et ci-dessous un dessin de Dilem paru dans La Liberté (Alger) et dans Courrier International.