vendredi 12 septembre 2014

Thévenoud n’est pas parti, il est partout.

Je ne me sens pas habilité pour savoir si « la politique de l’offre » est la bonne, mais ce que je sais, c’est que la cascade de « cagades » déversée sur nous par le personnel politique, nous submerge, nous étouffe.
Qui peut se dispenser d’échapper au tragique vaudeville ?
J’en veux à François H. d’avoir vécu avec Valérie T. si longtemps sans se douter de ses capacités de nuisance : l’impudeur venimeuse de la journaliste de Paris Match est bien plus ravageuse que toutes les diatribes d’un quelconque abruti d’extrême-droite.
Mais le mal ne se situe pas que dans la tête en décomposition. L’émergence d’un ministre du commerce extérieur ne payant pas ses impôts, croyant s’exempter de tout reproche en plaidant la négligence aggrave son cas et après Cahuzac et autre Morelle, en rajoute une couche aux caractéristiques de politiques désinvoltes, arrivistes, cyniques, menteurs, cumulards issus de mécanismes pervertis, a-démocratiques, sans foi ni loi.
Et l’école ? Quand un prof écrit « Cherches à être plus rigoureux » c’est comme le fameux  pourfendeur de la fraude qui fraude.
Tous les branleurs, les râleurs, n’ont pas attendu ces exemples venus du haut pour n’avoir comme ambition que d’arnaquer, se défiler, écraser les plus faibles, mais ces comportements sidérants et qui persistent dans le déshonneur viennent de loin et dissolvent nos résolutions, piègent les mots. Ici, à Saint-Egrève, la gauche après avoir touché le fond de la piscine (à Fiancey), persiste et creuse.
Présentement, j’accentue mes plis d’amertume comme Mélenchon, et  je me sens dans l’état où je fus premier communiant ne croyant plus aux paroles d’amour de l’église quand les pires commères en fleurissaient l’autel.
« Le Monde diplo » a beau dire que la gauche n’est pas morte car la gauche c’est une idée, comment penser, rêver, projeter, quand les pratiques sont scandaleuses ! Il n’y a plus un jour sans mensonge, plus un lieu, des Bouches du Rhône à la fédération du Pas de calais où le mot socialiste n’est pas sali.
Quelles peuvent être les motivations d’un jeune s’engageant en politique aujourd’hui ?
Le personnel qui arrive aux commandes est notoirement sans scrupules, qu’en sera-t-il à l’avenir ?
Dans mes engagements, l’admiration était un moteur, des militants qui donnaient leur chemise- mouillée nous tenaient debout pendant nos années ferventes.
Plus personne ne lit Dumas :
« On se sent heureux parce qu’on se sent bon »
A cette rentrée quand des profs demandent à un élève : 
« Pourquoi tu aimes le foot ? »
Celui-ci répond : « Parce que j’aime me moquer des joueurs ».
J’admirais les dribles de Kopa, si beaux dans mon imagination depuis quelques mauvaises photos sépia.
Là, les bras m’en tombent, après les dents.
…………….
Le « Canard » de cette semaine avait donné son meilleur dans le titre « une ex-première dame que mon dentier nous envie », c’est dans Politis que j’ai choisi les dessins à partager cette semaine :

jeudi 11 septembre 2014

Antonello da Messina.

Né à Messine vers 1425, formé à Palerme dans la zone de rayonnement de Naples, où se conjuguaient les influences flamandes, espagnoles et provençales, Antonello Da Messina est un représentant assez caractéristique de la Renaissance que Catherine De Buzon nous a fait connaître lors de sa conférence aux amis du musée de Grenoble.
C’était au temps du « bon roi René » qui hérita du royaume de Sicile, et combattit Alphonse d’Aragon. Tous deux étaient cependant des amis des lettres et des arts.
Les techniques évoluaient : Van Eyck au Nord, utilisait si bien la peinture à l’huile qu’il est longtemps passé pour l’inventeur de la technique. Les façons de traiter les sujets les plus sacrés évoluaient : Marie et Jésus se retrouvaient dans une demeure du XV°, et un pare-étincelle dessinait une auréole parfaite chez le maître de Flémalle. « La pêche miraculeuse » de Konrad Witz  se déroulait au bord du lac Léman sur fond de Mont Blanc, le premier paysage réaliste.
Colantonio, le maître d’Antonello, dans son tableau « Saint François donnant la règle de l'ordre »,  réunit sur fond d’or gothique, des anges aux allures flamandes, alors que le carrelage est Aragonais ainsi que les auréoles sculptées. Dans un autre de ses  tableaux, on peut remarquer le regard  craquant du lion de Saint Jérôme quand celui-ci lui retire une épine de la patte, dans le docte désordre de son cabinet de travail.
Les sujets religieux encore hégémoniques ne sont pas qu’un récit du passé. Parmi les vierges peintes par Antonello da Messina, celle qui lit a des de longs doigts et un bijou sur l’épaule. Quand  au dessous de deux anges tenant une couronne, elle est avec son enfant déjà roi du ciel dans ses velours, les influences provençales et bourguignonnes sont fortes ainsi que sont espagnoles les couleurs brûlées.
Mais le portrait de Marie, le plus saisissant est celui de l’Annonciation où ne figure pas l’ange : sur fond noir, la pudeur, la simplicité, l’élégance, la légèreté qui fait refermer délicatement les pans de son voile à la future mère, la pureté géométrique de ses traits, retiennent le souffle du spectateur.
Dans ses crucifixions, son souci de dire la souffrance est manifeste, et les larrons sur leurs branches sont bouleversants. Après des scènes dans des paysages complexes au début, le portrait du Christ, pourtant  abimé par des dévotions trop zélées, entouré de la douce attention de trois anges, respire la bonté.
Parmi les nombreuses représentations du martyre de Saint Sébastien, celle du messinien est originale: la perspective est radicale, autour de lui les individus vaquent à leurs occupations,  indifférents, la statue de chair semble apaisée malgré les flèches qui le traversent.
La série des Ecce homo, (voici l’homme) portraits du Christ aux couleurs  de miel, annonce des portraits expressifs de contemporains : celui d’un jeune homme fat et d’autres délicats, d’un condottière ambitieux, d’un marin au sourire roublard, d’un commerçant calculateur...
Les regards sont vivants, les ombres fortes, les volumes denses. Comme dans ses paysages minutieux, sa parfaite maitrise de l’huile rend toute la finesse de ses sujets, la transparence des étoffes, la lumière des intérieurs.  
Pour « Saint Jérôme dans son cabinet de travail », c’est la perspective florentine qu’il  a assimilée : une estrade est située dans une église dont l’architecture est éclairée de toutes parts, à l’avant figurent dans l’encadrement une perdrix symbole de luxure et un paon pour l’éternité, le traducteur est éclairé lui par le divin au dessus de lui. Malgré la modestie des dimensions, un paysage s’anime par les fenêtres.
Il ne passa qu’un an à Venise, mais il fut un bon passeur de la manière flamande et des techniques en particulier auprès de Bellini ; son retable de San Cassiano peint là bas dont il ne reste qu’une vierge en majesté et Saint Nicolas auprès de Marie Madeleine en cheveux, fut probant.
Après sa mort, à 50 ans, Jacobello, son fils a terminé quelques unes de ses œuvres

mercredi 10 septembre 2014

Qu’est ce que vous allez faire en Iran ?

L’ouverture récente du pays nous a paru une opportunité permettant d’approcher ce Moyen Orient qu’on se plait à imaginer comme mystérieux aussi bien dans son passé que dans l’actualité la plus immédiate.
Nous étions curieux  de mieux connaitre un pays, carrefour de civilisations, dissimulé à nos yeux sous ses voiles noirs. Par ailleurs l’envie de tout voyageur de ne pas croiser trop de ses semblables a sûrement joué.
Bien que cette destination ait été décrite comme « très tendance » nous n’avons pas croisé beaucoup de sujets de François H. : la chaleur en cette saison vide les parkings de Persépolis. Un baroudeur suisse travaillant au Soudan, un couple d’Espagnols, quelques Chinois et Coréennes se remarquaient parmi les Iraniens aux visages divers, mais ne constituaient nullement des foules.
A partir des notes de ma femme qui a du porter le foulard, illustrées de quelques photographies choisies parmi les 3500 mises en mémoire numérique, le récit de ces trois semaines de tourisme s’étalera en une vingtaine d’épisodes chaque mercredi sur ce blog.
Je ne prétends nullement caractériser l’Iran, ayant bien du mal à décrire mon propre pays que je fréquente depuis 64 ans : celui est-il encore l’héritier des lumières ou une contrée râleuse à bout de souffle ?
 Ce territoire dont les persans de Montesquieu disaient  en 1712:  
« Tu ne le croirais pas peut-être, depuis un mois que je suis ici, je n'y ai encore vu marcher personne. Il n'y a pas de gens au monde qui tirent mieux partie de leur machine que les Français; ils courent, ils volent: les voitures lentes d'Asie, le pas réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope. »
Nous avons rencontré des personnes accueillantes, disponibles et fières de leur patrie, les commerçants et les enfants ne quémandant jamais. Notre guide et  notre chauffeur que nous avons connus de plus près se sont révélés courageux, attentionnés, fins et drôles. Quant aux ayatollahs, imams, mollahs, cheikhs, muftis, oulémas, califes, gardiens de la révolution, fédayins… nous en avons vu des images, surtout celles des martyrs le long des routes et celles de Khomeiny en 4X3.
Admiratifs de la beauté des mosquées, émus de la ferveur d’une foule impressionnante au moment de la fin du ramadan, je reste l’héritier d’une lignée de laïcards qui pensaient que la religion a pu apaiser la peur des hommes mais a créé tellement de malheur : l’alliance du sabre et du roupillon en quelque sorte pour jouer avec les termes du XIX° siècle pour un XXI° régressif.
Nous avions des échos de Gaza à travers des images d’horreur en boucle à la télévision, et les manifestations contre Israël ont du être immenses : la propagande étant bien plus décelable que chez nous, mais nous étions à la campagne à ce moment là. Le plus souvent, nous n’avons pas voulu mettre dans l’embarras nos hôtes en les embarquant dans des discussions politiques sans fin, ayant bien compris comme en Chine où « le soleil est très haut dans le ciel » que la liberté ne s’éteint pas forcément sous un bout de tissu et malgré la férule des codes les plus rigides, des accommodements sont possibles à condition d’y mettre le prix : la vénalité des hommes fournissant parfois une respiration en milieu étouffant.

mardi 9 septembre 2014

Cette beauté qui s’en va. Mathieu Berthod.

Une belle, subtile et forte BD, assume la nostalgie du titre au démonstratif engageant.
Le passé n’est pas idéalisé et les relations que le narrateur entretient avec sa montagne suisse est ambivalent comme son retour vers un ancien amour atteinte d’un mal qui progresse.
Entre deux trains, les paysages aux couleurs élégantes sont grandioses, et les textes  ne fanfaronnent pas :
 « J’avais, une fois de plus, le sentiment que tout foutait le camp. Bien qu’ici, rien d’extraordinaire n’aurait pu être sauvé. Cela faisait trop longtemps que la sauvagerie du site avait été détruite, pour le bonheur du plus grand nombre. Tout pouvait bien disparaître, emporté par un éboulement, sous des laves torrentielles, ça m’aurait presque réjoui. »
Il y a aussi du Rilke, dont la tombe se trouve dans le Valais :
« Pays, trop fier pour désirer ce qui transforme,
qui, obéissant à l'été,
semble, autant que le noyer et que l'orme,
heureux de se répéter »
«  Les noix plus personne ne les ramasse…les ormes ? Je sais même plus à quoi ça ressemble, ils ont tous crevé dans les années 70, empoisonnés par le fluor de l’usine. »
Au pays où subsistent quelques neiges éternelles, l’évocation des boules qui neigent convient bien dans sa simplicité, son artificialité, sa poésie pour décrire le glissement d’une nature habituée de loin en loin au tourisme.
Alors que l’exposition de l’intimité peut agresser, ce récit personnel nous concerne.

lundi 8 septembre 2014

Les combattants. Thomas Caillet.

" Bon si les meufs sont comme ça cette année, ça va pas être triste ! "
Et le film pêchu n’est pas triste,  car sans être d’un comique fabriqué, on rit beaucoup. Une fille portée vers les stages de préparation militaire est suivie par un jeune garçon aux manières plus douces. Il est attiré par la personnalité de l’énergique qui boit le maquereau cru à peine sorti du mixer. Sa vision de l’avenir se maquille de noir. Des acteurs rayonnants pour une histoire classique complètement renouvelée par de bons dialogues qui ne perd rien de sa vraisemblance avec un fond politique conséquent où il est question du chômage et de la destruction de la planète.

dimanche 7 septembre 2014

Au bonheur des mômes. Le Grand Bornand.

C’était la 23° édition du plus grand festival d’Europe, pour les spectacles jeune public, dans cette commune de Haute Savoie à l’ouest du massif des Aravis, comptant 2200 habitants et pouvant en recevoir dix fois plus.
Fin août, la bourgade était vouée aux enfants venus en grand nombre. Ils ont pu assister à une multitude spectacles présentés par plus de 80 compagnies, s’amuser à une  tripotée de jeux, participer à énormément d’animations dans les rues et places avec parkings pour poussettes, munis de bracelets pour éviter les pertes d’enfants.
Ici, les mômes ne sont pas pris pour « des porte - monnaie sur pattes » comme le titrait le Dauphiné Libéré.  Et ce que j’ai entendu du Québec, associé cette année au festival, m’a confirmé dans l’idée que je me faisais des chanteurs  de « La belle province » convenant parfaitement pour entrainer en deux coups de cuillère, les gônes dans la gigue.
Parents, grands parents et leurs petits croisent acrobates, musiciens, marionnettes et dragons catalans, près des manèges, des ateliers de maquillage, de poésie, mais aussi de traite des chèvres. Des tentes pleines de livres, ou le jardin musical, des initiations au trampoline, au bricolage scientifique, du jonglage… varient les plaisirs.
Les spectacles sont souvent gratuits ou alors à 3 €, atteignant 12 € exceptionnellement.
Avec ma Mia de trois ans d’âge, j’ai assisté à « Plouf et replouf » une jolie présentation de jeux musicaux avec l’eau. 
Dans « Les îles sonores » les enfants sont actifs ayant à leur disposition des instruments de musique à gogo : cloches, ballons, appeaux, percussions, tuyaux… bien embarqués par Etienne Favre.
« Brum »  qui signifie « j’ai soif », par la compagnie italienne « Drammatico vegetale » était le plus poétique, le plus inventif, avec ses dessins à partir de petites flaques d’eau, ses naissances de papier, sa marionnette élémentaire très proche de l’imaginaire des tout petits. 
Manquant de rythme, «  Graines de malice » m’a moins convaincu,  mais « Monsieur jardinote » était on ne peut mieux dans son élément à proximité d’un jardin potager beau comme dans les livres et pas loin de l’écurie où sont soignés les chevaux qui tirent la calèche.
Il parait que 100 000 personnes passent dans la semaine.
Nous reviendrons certainement dans ce magnifique village aux toits recouverts de tavaillons ( planchettes), car tout est fait pour que le slogan de l’évènement « lâche tes écrans, viens voir du vivant » soit suivi d’effets, d’autant plus que nous avons trouvé l’hôtel l’Alpage au hameau du Chinaillon à 5km du bourg particulièrement dans le ton, attentif à ses clients, grands et petits.

samedi 6 septembre 2014

XXI. Eté 2014.

J’ai à chaque parution envie de prêter ce trimestriel de 200 pages : à l’un partant pour le Cambodge qui à travers la passion d’une vie d’un journaliste irlandais verra ce pays d’un œil averti ou à l’autre enfant en Algérie pouvant revenir vers son passé tranquillement avec une BD pleine d’une humanité exempte de mièvrerie.
La thématique  principale porte cette fois sur les Etats-Unis, « L’empire du couchant » avec trois reportages: l’un concernant un professeur qui se bat contre la corruption constitutive d’un système où les congressistes sont soumis aux demandes des donateurs, puisque certains passent jusqu’à 70% de leur temps à lever des fonds pour leur parti. Un autre qui offre sa ville aux industriels chinois et celui qui tente de sauver des loyalistes irakiens menacés de mort parce qu’ils ont travaillé pour les américains 
« Etre un ennemi de l’Amérique peut se révéler dangereux, mais être son ami est fatal »
Des citations de Michelle Bachelet,  présidente du Chili, la rencontre avec une religieuse de l’église catholique souterraine de Chine, d’un vétérinaire en Colombie avec son camion plein de reptiles, un portrait de l’écartelé Pascal Lamy, un entretien avec l’auteur de « L’aventure ambigüe » récit d’un désarroi identitaire étudié dans tous les collèges d’Afrique :
« Nos Etats africains sont aujourd’hui des semblants d’Etat, avec des semblants de Parlement, des semblants d’Armée… ce n’est plus la faute de la colonisation, c’est la nôtre »
Une histoire d’amour et de curiosité place Maïdan, un reportage photo à Baïkonour où l’on voit des gens et pas que des fusées, le travail d’une association « Les petits bonheurs » qui offre à des malades du SIDA ces petites choses qui font l’essentiel pour se tenir debout : un collier, un rouge à lèvre, une réparation, une visite à la maison de Claude François …