Nous étions curieux
de mieux connaitre un pays, carrefour de civilisations, dissimulé à nos
yeux sous ses voiles noirs. Par ailleurs l’envie de tout voyageur de ne pas
croiser trop de ses semblables a sûrement joué.
Bien que cette destination ait été décrite comme « très
tendance » nous n’avons pas croisé beaucoup de sujets de François H. :
la chaleur en cette saison vide les parkings de Persépolis. Un baroudeur suisse
travaillant au Soudan, un couple d’Espagnols, quelques Chinois et Coréennes se
remarquaient parmi les Iraniens aux visages divers, mais ne constituaient
nullement des foules.
A partir des notes de ma femme qui a du porter le foulard,
illustrées de quelques photographies choisies parmi les 3500 mises en mémoire numérique,
le récit de ces trois semaines de tourisme s’étalera en une vingtaine
d’épisodes chaque mercredi sur ce blog.
Je ne prétends nullement caractériser l’Iran, ayant bien du
mal à décrire mon propre pays que je fréquente depuis 64 ans : celui est-il
encore l’héritier des lumières ou une contrée râleuse à bout de souffle ?
Ce territoire dont
les persans de Montesquieu disaient en 1712:
« Tu ne le
croirais pas peut-être, depuis un mois que je suis ici, je n'y ai encore vu
marcher personne. Il n'y a pas de gens au monde qui tirent mieux partie de leur
machine que les Français; ils courent, ils volent: les voitures lentes d'Asie,
le pas réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope. »
Nous avons rencontré des personnes accueillantes, disponibles
et fières de leur patrie, les commerçants et les enfants ne quémandant jamais.
Notre guide et notre chauffeur que nous
avons connus de plus près se sont révélés courageux, attentionnés, fins et
drôles. Quant aux ayatollahs, imams, mollahs, cheikhs, muftis, oulémas, califes,
gardiens de la révolution, fédayins… nous en avons vu des images, surtout
celles des martyrs le long des routes et celles de Khomeiny en 4X3.
Admiratifs de la beauté des mosquées, émus de la ferveur
d’une foule impressionnante au moment de la fin du ramadan, je reste l’héritier
d’une lignée de laïcards qui pensaient que la religion a pu apaiser la peur des
hommes mais a créé tellement de malheur : l’alliance du sabre et du
roupillon en quelque sorte pour jouer avec les termes du XIX° siècle pour un
XXI° régressif.
Nous avions des échos de Gaza à travers des images d’horreur
en boucle à la télévision, et les manifestations contre Israël ont du être
immenses : la propagande étant bien plus décelable que chez nous, mais nous
étions à la campagne à ce moment là. Le plus souvent, nous n’avons pas voulu
mettre dans l’embarras nos hôtes en les embarquant dans des discussions politiques
sans fin, ayant bien compris comme en Chine où « le soleil est très haut
dans le ciel » que la liberté ne s’éteint pas forcément sous un bout de
tissu et malgré la férule des codes les plus rigides, des accommodements sont
possibles à condition d’y mettre le prix : la vénalité des hommes
fournissant parfois une respiration en milieu étouffant.
Mais Guy... comment crois-tu que toi, ou moi, ou d'autres vivant DANS ce pays pourraient voir clairement, et dans la Lumière, SA propagande ?
RépondreSupprimerTu crois qu'on peut voir de l'endroit où le nerf optique s'implante ?
Moi, non.
Nous sommes bien placés pour voir la propagande des autres... parce que nous sommes à/de l'extérieur. C'est une question structurelle à mon avis.
Ravie de vous suivre dans votre périple pendant les semaines qui suivront.
Recommandation de lecture : "En Afghanistan" de Rory Stewart.
Puis, on en reparlera, si tu veux, mais pas ici...
Amitiés.